Pierre Gattaz, ce héraut patron des patrons
Il est tourangeau à Château-Renault et parisien au Medef, chevauche surtout le débat sur l’emploi dans l’actualité et les médias. Mais qui est-il ?
Est-il fils à papa (Yvon Gattaz), ancien président du Conseil national du patronat français des années 1980 (le CNPF, ancêtre du Medef) ? Est-il aussi le filleul naturel d’Ernest-Antoine Seillière, voire le frère de Laurence Parisot, ses prédécesseurs à la tête du patronat français ?
La réponse est non ! Avec le paternel, Pierre Gattaz coupe d’emblée le cordon ombilico-syndical ! « Nous ne sommes plus en 1981, dans des batailles idéologiques. Le monde de 2014 ne ressemble en rien à cette époque. La mondialisation, le numérique et internet ont révolutionné la vie économique en un temps record. Aujourd’hui, nous sommes dans un monde ouvert avec, face à nous, 150 pays concurrents. Il y en avait cinq après la guerre, une vingtaine dans les années 1980. Pas de nostalgies stériles… » Puis, il ne partage aucun ADN avec le baron ni, à l’évidence, avec Laurence Parisot dont les positions sur la réforme du code du travail, au sujet des intermittents du spectacle, semblent différentes des siennes !
Pierre Gattaz surprend par son style, sa liberté de parole et sa vision. C’est d’abord un vrai joueur d’échecs. Le coup d’avance, il le joue dans son propre camp, une fois élu président du Medef il y a neuf mois. En novembre 2013, il parle déjà à ses troupes de ce fameux pacte de responsabilité : embaucher, d’accord, mais contre une baisse des charges et de la fiscalité pour créer un million d’emplois.
Les derniers vœux à la presse du président de la République s’en feront le relais national. Comme l’écho de son pari social et économique pour l’avenir qu’il suggérait, deux mois plus tôt, devant les départements.
“ Ramener notre taux de chômage
de 11 % à 8,9 % en 2018 ”
Ses convictions l’ont émancipé sur le terrain. Pierre Gattaz est né un 11 septembre, comme un hasard de l’histoire qui remuera sûrement ses réflexions, en 2001, jusqu’à les rendre publiques.
Car, plus de dix ans après Al-Qaida, il interpelle tout le monde en écrivant « Les Sept piliers de la croissance » (Éditions Nouveau Monde). Franco-français ou mondialiste ? Le patron de Radiall, dont une usine est située à Château-Renault, confesse : « J’ai écrit ce livre entre mars 2012 et janvier 2013, dans les TGV, les gares, les avions, les aéroports, par à-coups, pour ne pas perdre une idée ou une fulgurance dont le sommeil vous gratifie. En notant inlassablement mes pensées, superficielles ou profondes, sur mon Smartphone qui ne me quitte jamais, même en joggant le dimanche – au grand dam de mes enfants, de mon épouse et de mes amis qui me prennent parfois pour un fou… »
Ce livre n’est ni un traité d’économie, ni un rapport d’expertise, ni une thèse universitaire sur l’état de la France, mais « un carnet de voyage, un précis de bon sens économique à l’attention de nos élus et de nos gouvernants ». Image surprenante et peut-être révélatrice d’un homme qui fait l’actualité de ce premier trimestre.
Omniprésent dans les médias comme patron des patrons, obsédé par le développement des territoires locaux, il s’affiche ce mois comme un « cavalier au galop » que Joseph Kessel n’aurait pas renié en d’autres temps.
Le personnage chevauche aujourd’hui un autre cheval de bataille : le pacte de responsabilité. « Créer un million d’emplois en cinq ans, c’est possible, c’est ramener notre taux de chômage de 11 % à 8,9 % en 2018. Je suis stupéfait et catastrophé quand on me dit que c’est une ambition déraisonnable. Quel renoncement collectif ! La France a des atouts considérables, des groupes performants numéros un mondiaux, un tissu de PME dynamique, des ingénieurs et des chercheurs reconnus dans le monde entier. Et cela malgré un environnement défavorable. Tout devient possible dès lors que le gouvernement s’engage dans les réformes structurelles majeures que nos voisins européens ont déjà mises ou mettent en place… »
Héraut, Pierre Gattaz ? Il n’a pas fini de donner la trompette ni de faire parler de lui !