La ministre au coin de l’établi
Najat Vallaud-Belkacem a passé, hier, tout l’après-midi au lycée Martin-Nadaud à Saint-Pierre-des-Corps pour promouvoir l’apprentissage et l’insertion professionnelle.
Il faut redorer le blason de l’apprentissage, des métiers manuels. Pour cela, le gouvernement a besoin d’images et d’un message clair. Il est temps. Najat Vallaud-Belkacem se charge de tout cela sur le terrain. Hier, au lycée des métiers de la construction et de l’énergie, à Saint-Pierre-des-Corps, elle a annoncé la couleur : objectif 60.000 apprentis formés par l’Éducation nationale en 2017 contre 40.000 aujourd’hui, primes, simplification des démarches auprès des CFA et entreprises, création d’un « statut de l’apprenti, avec accès à l’hébergement, à la culture et aux loisirs, aux transports, aux restaurants universitaires, car il faut traiter l’apprenti comme un étudiant ».
La ministre navigue d’un atelier à un autre et interroge longuement chaque jeune ou enseignant.
Najat Vallaud-Belkacem parle « de monde réel, le monde de l’entreprise ». Sur un échafaudage, des jeunes apprennent la sécurité, équipés d’un casque, d’un harnais. Le formateur lui explique « le travail pénible, en extérieur, parfois par moins zéro degré ».
“ Traiter l’apprenti comme un étudiant ”
Au milieu des échelles, tréteaux et des jeunes en bleu de travail, la ministre pose les mêmes questions : « Vous préférez être ici au lycée, ou en entreprise ? Vous aimez votre métier ? Comment l’avez-vous choisi ? » Aux enseignants : « Les ruptures d’apprentissage sont-elles nombreuses ? » Aux chefs d’entreprise présents, Idex (maintenance énergétique), Lehoux (froid et clim), AMV (transformateur de verre plat) et DV Construction, elle lance des messages positifs, des encouragements à embaucher.
Mais, il y a des freins à tout. Une mère d’élève, Brigitte : « Mon fils Guillaume, à peine 16 ans, veut être maçon mais on n’a pas eu assez de communication sur la formation, au collège. Et on nous explique que les jeunes ne peuvent pas prendre de risques, par exemple sur un échafaudage. » Un prof de maths et sciences : « Quand l’apprenti est dans son entreprise, il se coupe de l’école. Pas facile d’assurer un suivi dans ces conditions. Deux apprentis au milieu de trente scolaires, ils sont noyés. »
L’Indre-et-Loire compte près de 6.000 apprentis et 65 pré-apprentis répartis dans 9 CFA, 22 antennes et 8 CFA régionaux. La région y consacre 22,3 millions (sur un total de 101 millions pour ses six départements), soit 3.600 pour la formation de chaque jeune. Mais, au-delà de ces chiffres, la ministre cherche de la matière, sonde la motivation, le moral des troupes alors que Michel Soulas, le proviseur, « vend » bien son établissement. L’essentiel est là, dans l’immédiat : redonner confiance. Et comme le dit le chef de l’État, c’est dur.