Baptiste Notter, sur sa planète solaire
Sa branche : les lunettes en bois. Derrière la marque Ozed, le Tourangeau s’apprête à quitter le seul secteur du solaire pour partir à la conquête de l’optique.
PORTRAIT PAR LAURENCE TEXIER
32 ans et un look de surfeur assumé, Baptiste Notter s’excuse presque de ne pas être « très lunettes ». L’enfant de Saint-Avertin, expatrié au Pays Basque depuis une bonne dizaine d’années, n’a en revanche pas son pareil pour scruter le nez de ses semblables à la recherche des modèles de la marque qu’il a cofondé.
Il faut dire que, conçues en bambou, poirier, métal et autres matériaux recyclables, jusqu’aux chutes de fabrication de skateboards, les lunettes Ozed ne passent pas vraiment inaperçues…
Osé Ozed ? Original, reconnaît Baptiste Notter. « Le bois est un matériau un peu nouveau, qui peut être surprenant pour certains. » Pour avoir de l’inédit, en revanche, il faudra repasser. « On l’utilise depuis la nuit des temps : les premières lunettes étaient en bois », rappelle celui qui s’est associé avec Matthieu Delhaye pour engager l’aventure Ozed Company, non pas en Touraine, mais à Hossegor.
Un rayonnement au-delà du microcosme des surfeurs
C’était en mars 2012, un petit goût amer en bouche à l’idée que « c’étaient les marques américaines qui faisaient rêver les jeunes ». Alors même que « la culture française du surf est tout aussi intéressante ». Il n’en fallait pas plus pour lancer les deux trentenaires, adeptes de surf et skate, à la conquête des spots basques. À cette nuance près qu’Ozed rayonne désormais bien au-delà du seul microcosme des surfeurs.
« Je viens de recevoir un texto qui me dit qu’Oxmo Puccino portait sa paire ce week-end », nous glisse, comme si de rien n’était, Baptiste Notter lorsque nous le rencontrons. Et le rappeur, à qui la marque a décidé de donner carte blanche pour imaginer un modèle en ébène, est loin d’être la seule personnalité en vue à avoir porté, ou tout du moins eu en main, l’un des vingt-cinq modèles solaires de la paire d’entrepreneurs. Parmi eux, Vincent Cassel, Michael Fassbender, Gérard Depardieu ou encore Ryan Gosling… Rien que ça !
Loin de se limiter à une poignée de personnalités du show-biz, la vague Ozed veut inscrire durablement sa marque sur le territoire. Un réseau désormais riche de 120 points de vente, l’entreprise basque, un seul salarié en plus des deux associés, annonce « 100 % d’activité en plus » cette année et un chiffre d’affaires qui devrait doubler en 2014.
En comparaison, la suite pourrait bien ressembler à un tsunami… Une nouvelle gamme de vue, cette fois, dans ses cartons, Ozed se prépare en effet à partir à l’assaut de l’optique. Pas toute seule, mais au côté du géant du secteur, Krys. Montant du contrat de cocréation signé pour une commercialisation prévue en novembre ou décembre : l’équivalent du chiffre d’affaires de la PME basque en 2013.
« Je pense qu’on va être la première marque au monde à proposer et des lunettes de soleil et des lunettes de vue ! » Baptiste Notter ne cache pas son enthousiasme, bien conscient du volume d’activité considérable qui devrait immanquablement accompagner cette incursion sur le marché de l’optique.
Matériau à idées inépuisables, le bois réserve encore certainement son lot d’innovations signées Ozed. Les deux associés travaillent sur une montre en bois (Dwyt) pour Noël.
Dans un coin de la tête également, l’idée de développer des montures solaires dédiées au yachting (avec des bois qui flottent) ou au golf (« avec des verres plats qui ne déforment pas la vision »). « Nous avons plein d’idées, mais nous allons y aller petit à petit », résume Baptiste notter qui veut, en tout cas, garder les pieds sur terre. Et grossir, mais pas à n’importe quel prix : « Je préfère rester une petite marque avec une image qui me ressemble, travailler avec des gens avec qui je m’entends bien plutôt qu’avec une grosse boîte pour laquelle nous ne serions qu’un grain de sable dans l’océan ».
Un océan que les deux entrepreneurs associés scrutent pourtant avec attention, en songeant qu’ils pourraient un jour s’attaquer aux marchés américain et australien, paradis des marques de solaire. Mais ce grand bain-là attendra 2015.
BIO EXPRESS
1981 : naissance à Tours.
1999 : baccalauréat au lycée Grandmont.
Master en ingénierie et développement des sports de glisse à Bayonne.
Poste de responsable marketing pour la marque américaine Obey Clothing.
2012 : création d’Ozed à Hossegor.
EN CHIFFRES
8
le nombre de modèles optiques que va lancer Ozed, en plus des 27 solaires.
130 €
le prix moyen des lunettes commercialisées par l’entreprise d’Hossegor.
5,26
millions de paires de lunettes de soleil vendues en France en 2013.