Les pharmaciens visent les 100 % de grévistes
Les 209 officines d’Indre-et-Loire sont appelées à baisser leur rideau mardi 30 septembre. Explications.
Il regrette un peu que le débat se soit focalisé sur la seule dispensation (NDLR : distribution) des médicaments. « Les médicaments délivrés sans ordonnance ne représentent que 6 à 10 % de notre chiffre d’affaires. Ce n’est donc pas en brisant le monopole dont nous bénéficions que la société réalisera des économies substantielles. D’ailleurs, en matière de rigueur budgétaire, nous sommes dans les clous, ce qui est loin d’être le cas des hôpitaux. » Déjà très circonspects quand à l’achat, via Internet, de médicaments distribués par une officine, ils sont farouchement opposés à la mise en place de sites Internet qui « relieraient » plusieurs pharmacies. « Le risque serait énorme. Un produit sur deux vendus en ligne sur des sites lambda est une contrefaçon. » Tous ceux qui appellent à cette journée d’action (syndicats, conseil de l’ordre, étudiants) mettent aussi l’accent sur deux autres dangers liés à la réforme : la remise en cause de la réglementation relative aux implantations et l’ouverture du capital des officines. « On dispose en Indre-et-Loire comme ailleurs en France d’une officine pour 2.500 habitants, si on revient là dessus, ce seront les zones rurales qui trinqueront. »
Le syndicaliste prend par ailleurs l’exemple de départements limitrophes où des « financiers » sont entrés dans le capital de labos pharmaceutiques : « Ils ont perdu leur indépendance, ce sera pareil si, comme il est prévu, on les autorise à posséder 49 % du capital d’une officine. Ils prendront aussi des parts dans les labos, les cabinets médicaux et de radiologie » prédit Nicolas Hay qui affirme ne pas être opposé à tout changement : « La preuve, on a été les premiers à faire le tiers payant et à accepter la carte Vitale. »
Onze pharmacies réquisitionnées
La santé n’étant pas un « produit » comme un autre, il restera bien évidemment possible d’acheter des médicaments le 30 septembre. A l’instar des hospitaliers qui peuvent se mettre en grève mais qui se voient réquisitionner par l’autorité administrative, onze officines resteront ouvertes sur l’ensemble du département. « Deux sur l’agglomération tourangelle et neuf sur le reste de l’Indre-et-Loire », précise Nicolas Hay. En fait, on va se retrouver dans la configuration classique d’un dimanche ou d’un jour férié, à la différence qu’il ne devrait pas être nécessaire d’appeler le commissariat pour connaître la pharmacie de garde. « Les pharmaciens apposeront sur leurs vitrines l’arrêté de réquisition et nous relayerons largement l’information les jours précédents le mouvement », assurent les deux syndicats participants.
Philippe Samzun