L’interview de Valentin Schmitt (TLD)

Valentin Schmitt : « Aucune compagnie aérienne ne peut dire, aujourd’hui, qu’elle n’est pas intéressée par le concept Taxibot ».
(Photo NR)

Déménagement à Sorigny, lancement prochain du Taxibot… Pour Valentin Schmitt, directeur de TLD Europe, la rentrée s’annonce chargée en projets.

Dans le contexte économique actuel, comment expliquez-vous le succès de TLD ?

« Globalement, l’aéronautique est un marché qui a été plutôt préservé et sur lequel la France a traditionnellement des positions fortes. Le deuxième élément, c’est que TLD a su, assez tôt, chercher des marchés à l’export. Aujourd’hui, nous avons 33 bureaux dans le monde ; nous en ouvrons deux ou trois par an. Quand on travaille au Moyen-Orient, les clients veulent que le week-end tombe le vendredi-samedi. Le fait d’avoir des bureaux installés au plus près, fait que nous sommes perçus comme étant relativement locaux. Et puis, nous avons une politique industrielle de PME. Nous faisons très attention à ce que nous dépensons ; nous voyageons en classe économique, pour rester compétitifs. Pour finir, nous avons développé une stratégie mondiale (avec des usines en Europe, mais aussi en Amérique et en Asie) qui nous permet de produire directement pour des marchés locaux. »

Le Taxibot, votre nouveau tracteur d’avion, par contre, ne sera produit qu’en Touraine, avec une centaine d’emplois à la clé… Où en est le recrutement ?

« Nous avons déjà recruté 34 personnes, 6 sont arrivées cet été. TLD a un volume assez important d’intérimaires, certains vont passer en CDI. Il n’est pas question d’intégrer 100 personnes d’un coup, nous ne serions pas capables de les former de toute façon. »

Avant même de l’avoir investie, vous avez décidé de doubler la superficie de votre nouvelle usine de Sorigny. N’y a-t-il pas une part de risque ?

« L’investissement, il faut le faire en avance de phase. Quand vous avez les comptes, c’est trop tard. Est-ce que l’usine sera pleine charge tout de suite ? Peut-être pas, mais si elle ne l’est pas, il faut continuer à travailler et la charge reviendra. Dans une usine, on ne travaille pas en regardant les trois prochains mois. »

Avez-vous déjà reçu des commandes fermes de Taxibot ?

« Il ne peut pas encore être commercialisé, mais aucune compagnie aérienne ne peut dire, aujourd’hui, qu’elle n’est pas intéressée par le concept. À ce stade, tout le monde attend de voir Lufthansa mettre ses machines en opérations réelles à Francfort. Quand les compagnies verront de leurs yeux l’économie de fioul, ça débloquera les projets de façon différente. Je pense que la première année, nous n’allons pas chercher à en faire tellement plus que 10-15, de toute manière. »

L’arrivée prochaine du green taxiing, qui permettra de ne plus avoir besoin de tracter les avions, ne risque-t-elle pas de vous concurrencer directement ?

« Le green taxiing est un concept différent. Vous emmenez le moteur électrique avec l’avion lorsqu’il décolle. Ce que vous économisez en énergie au sol, vous le consommez dans les airs à cause du poids. Au-delà d’un certain temps de vol ça n’a plus d’intérêt. Nous allons nous adresser à des segments de marché différents et de toute manière, le marché est tellement gros que deux acteurs, ce n’est presque pas suffisant. »

EN SAVOIR PLUS

Les investissements étrangers s’essoufflent.–  En Indre-et-Loire, 93 établissements industriels (9.000 emplois) ont au moins une partie de leur capital qui provient d’une entreprise étrangère. Dans le peloton de tête, le Franco-italien STMicroelectronics, le Suédois SKF, Ti Group Automotive Systemes, à capitaux britanniques et l’Américain Tupperware.
Sixième région industrielle de France, le Centre attire toujours autant les investisseurs étrangers assure Centréco, l’agence de promotion et de développement économique qui a dressé un état des lieux de la situation régionale en 2013. L’illustration la plus flamboyante étant l’implantation d’Amazon dans le Loiret il y a quelques années (900 emplois créés). « Dernier élève de la classe » régionale, l’Indre-et-Loire n’a par contre enregistré que 5 projets d’investissements synonymes de maintien ou de création d’emplois entre 2009 et 2013 (72 en région Centre) et aucun en 2013.