Michaël Finet, dix années d’intérim choisi
Cet électricien qualifié enchaîne les missions comme s’il était en contrat à durée indéterminée. Avec un sentiment de grande liberté. Interview.
À bientôt 45 ans, Michaël Finet fait figure d’ancien à Manpower de Tours. Ou de fidèle… Dix ans cumulés en intérim. Un choix de vie assumé et même revendiqué ! Il fit partie des 28 intérimaires récompensés en décembre dernier de l’agence pour bons et loyaux services depuis dix et vingt ans.
Pourquoi avoir choisi de travailler ainsi alors que vos compétences seraient reconnues dans un emploi dit stable ?
« J’ai vécu ma première expérience d’intérimaire en 1989. Entre-temps, j’ai été embauché en contrat à durée déterminé soit 5 années de contrat de chantier mais ça m’a lassé. Je me suis même payé le luxe de refuser des embauches ensuite. L’intérim, c’est un choix voulu et non subi… ».
Quel est précisément votre parcours ?
« Je suis titulaire d’un baccalauréat philosophie et langues. J’ai fait une fac de droit, suis devenu chargé d’affaires. J’ai fini par accepter des postes non qualifiés, ne trouvant pas d’emploi : maçon puis carreleur… J’ai ensuite passé un diplôme d’électricien de niveau IV… »
Prenons l’année 2014. Comment vous êtes-vous organisé ?
« J’ai connu des employeurs locaux mais j’ai été amené à travailler dans de grands déplacements, Paris et région parisienne (Oise) notamment, du lundi au vendredi. Il faut pouvoir être mobile. C’est l’une des clés de la longévité dans ce statut particulier. J’ai travaillé quelque 1.650 heures payées sur dix mois, avec seulement deux entreprises. Je me suis accordé quatre semaines de vacances en été
Je ne suis pas perdant… »
Quels sont donc les avantages à être intérimaire ?
« Financièrement, un intérimaire touche en plus de son salaire 10 % d’indemnités de fin de mission et 10 % de parts de congés payés. Sur la base d’un salaire minimum, je gagne 12 euros de l’heure (en net) plus la cotisation treizième mois de l’employeur. L’agence Manpower m’a enfin octroyé une prime d’ancienneté… À partir de 450 heures de missions, je bénéficie de sa part des avantages d’un salarié comme l’accès aux comités d’entreprise. J’y perdrai si je faisais des infidélités à l’agence… ».
En tant qu’intérimaire, rencontrez-vous des difficultés devant les prêteurs ou les agences immobilières ?
« Pas franchement. D’abord, parce que j’ai acheté ma maison avec ce statut et qu’ensuite, je n’ai pas beaucoup de contact avec ma banque… Ce qui est plutôt rassurant, non ? »
Comment vous voyez-vous dans dix ans ?
« Je me vois toujours comme cela. Je n’ambitionne pas de me faire embaucher… ».