DOSSIER : De plus en plus de recours à l’intérim
Le nombre d’intérimaires a baissé de 11 % en fin d’année dernière mais est resté quasi stable sur un an (-0,5 %).. C’est plus que la moyenne régionale !
L’emploi intérimaire a baissé au troisième trimestre 2014 (- 22.900 postes, soit de -4,2 %), après une hausse le trimestre précédent (+2,6 %). L’emploi intérimaire est cependant quasi stable sur un an (-0,5 %). Les chiffres sont là, et ils parlent d’eux-mêmes. Prism’emploi vient de publier son « baromètre » du mois de novembre 2014. Il fait état, pour l’Indre-et-Loire, d’une baisse du nombre d’intérimaires de l’ordre de 11 % par rapport au mois de novembre de l’année précédente (2). C’est plus que la moyenne régionale qui s’établit à moins 8,2 %.
Du département ou de l’ensemble de la région, on trouve les mêmes constantes. La dégradation des marchés touche majoritairement le bâtiment (– 14,7 % depuis le début de l’année). Et, selon les statistiques, l’industrie progresserait seule ou bien même stagnerait (+ 1 %). La chute la plus spectaculaire concerne les ouvriers qualifiés (– 22,9 %). L’intérim préfigure ce que sera la situation générale de l’emploi « dans six mois » prévient Sophie Borgeau. La directrice de l’unité opérationnelle d’Adecco Tours rappelle que novembre 2013 avait, en terme d’emplois intérimaires, été une bonne période « sans qu’on n’ait jamais vraiment bien su pourquoi. »
À fin 2014, le bâtiment fait figure de sinistré. « C’est l’ensemble de nos clients tous secteurs d’activité confondus qui sont touchés » poursuit Sophie Borgeaud qui indique que les entreprises n’ont plus de visibilité en terme de carnets de commandes, « hormis quelques grosses structures comme Auchan, SKF, Sanofi, qui arrivent à prévoir sur un plus long terme. » Et puis, il y a les gros chantiers, comme la LGV, qui, en 2013, recrutaient des intérimaires mais qui n’a pas eu besoin de main-d’œuvre fin 2014.
Dans une interview accordée en janvier dernier à NR, Sophie Borgeau faisait ce constat : « On a aussi une pénurie en ce qui concerne les postes techniques, en particulier les techniciens de maintenance tant électriques qu’hydroélectriques ». Chez Temporis, on constate par contre des besoins dans le domaine du second œuvre, en particulier en carrelage et en couverture, « mais, dit-on là-bas, on a parfois du mal à répondre à cette demande. »
À 37 Intérim, agence généraliste qui travaille localement, les offres arrivent « au jour le jour ». Le client préfère proposer des contrats à la journée qui seront renouvelés en cas de besoin. « Pour le bâtiment, on s’attend à un petit frémissement en mars-avril. Mais il s’agit de chantiers assez modestes qui ne dureront guère plus de trois semaines – un mois. »
Dans ce contexte morose, Manpower cultive sa différence. « Nos résultats ont été meilleurs fin 2014 que fin 2013, mais ça ne reflète pas la tendance générale. Il s’agit d’un paradoxe qui s’explique par le fait que nous sommes parvenus à augmenter nos parts de marché », explique Éric Couamais. Directeur régional de Manpower, il pense que la chute particulièrement spectaculaire du recrutement des ouvriers non qualifiés s’explique par le plus grand nombre de fermetures d’entreprises durant les dernières semaines de l’année.