Interview : “ Les compétences sont le fil de nos armées ! ”
Numéro 2 des ressources humaines de l’armée de Terre, le général de Division Dominique Lefeuvre décrypte le rôle économique des armées sur la place de Tours.
Nos armées font vivre près de 4.000 hommes et femmes à qui le Ministère de la Défense verse annuellement 100 millions d’euros de salaires. C’est plus qu’au temps de l’école d’application du Train. Entretien avec le général Lefeuvre, architecte de cette transformation.
Comment régulez-vous les entrées et les sorties de vos effectifs ?
« Je tiens d’abord à dire que le fil conducteur de nos armées, ce sont les compétences. Il y a 70 % de contrat à durée déterminée. Nous enregistrons, par an, 15.000 recrutements et 20.000 départs. L’armée a une forte propension à l’escalier social. Comme l’a indiqué récemment le Président de la république, 7.000 départs ne seront pas à faire dont 1.500 en 2015. Nous allons dynamiser notre recrutement de plusieurs centaines de militaires du rang… ».
Quel est le poids des armées en Indre-et-Loire ?
« On peut considérer que 4.000 personnes travaillent ici pour le ministère de la Défense. Avec les familles, cela représente quelque 10.000 personnes, entre 2.000 et 3.000 enfants. Cela innerve le tissu social, économique, culturel, scolaire. L’armée apporte 100 M de salaires, fait travailler les entreprises. Tours est une belle garnison. Celle-ci se caractérise par une présence significative de cadres et d’officiers en seconde partie de carrière. Et puis Tours abrite les directions des ressources humaines de l’armée de Terre, de l’armée de l’Air et à partir de cet été, celle de la Marine. »
Quelles sont les missions de ces DRH ?
« Nous exerçons les compétences classiques des ressources humaines couvrant tous les actes de gestion : recrutement, formations militaires et professionnelles, affectation, mobilité, évaluation, avancement, orientation professionnelle jusqu’à la reconversion. La direction des ressources humaines de l’armée de Terre gère ainsi 140.000 personnes sur le territoire. Pour deux finalités : mettre à disposition les effectifs et les compétences et favoriser l’épanouissement. »
Comment rapprocher l’armée de l’entreprise ?
« Regardons les axes où les intérêts se croisent. J’en vois quatre. D’abord social : nous avons ici un turnover de 500 personnes chaque année. Il faut gérer derrière le logement, l’école, le travail du conjoint. Les entreprises peuvent être des appuis. Axe économique pour tout ce que l’armée injecte dans les marchés publics ; ressources humaines avec d’un côté des partenariats avec les lycées professionnels et de l’autre, les reconversions. Et enfin, enseigner la citoyenneté et l’esprit de la Défense auprès des jeunes générations. La valorisation du statut de réserviste est encore une bataille à livrer… ».