Arbocenre en veille de la profession
L’association des professionnels surveille et accompagne la gestion de nos forêts. Rencontre avec son délégué général, Éric de la Rochère.
Comment se comporte la ressource du bois en Indre-et-Loire et en région Centre ?
« Les forêts du département et de la région Centre Val-de-Loire sont en croissance. Le creux se situe en 1840, quand la France a connu la première transition énergétique avec l’arrivée du charbon. De 1900 à l’an 2000, la surface forestière est passée de 10 à 16 millions d’hectares en France, de 600.000 à 970.000 hectares en région Centre Val-de-Loire et occupe maintenant 150.100 hectares en Indre-et-Loire. Nous sommes dans une dynamique relative… »
Pourquoi ?
« Un fonds forestier national avait été institué dès 1956 pour aider les propriétaires à replanter. Il a été supprimé en 2000. La progression des plantations a donc diminué. Conséquences : il existe aujourd’hui beaucoup de friches. Cela retarde l’accroissement de la forêt. Le stockage de Co2 est peu efficace. Pour avoir une forêt productive, aux propriétaires de replanter mais sans aides. L’Ademe lance un appel à manifestations d’intérêt (appel à projets) pour remettre en culture les jachères forestières… »
Les grandes chaufferies comme celle de Saint-Pierre-des-Corps, particulièrement gourmandes en copeaux de bois, ne vont-elles pas épuiser la ressource ?
« Elles font partie des mesures du Grenelle de l’environnement. Pour l’instant, nous récoltons à peine 60 % de l’accroissement de la forêt. À Saint-Pierre-des-Corps, on consomme 90.000 tonnes de copeaux par an, soit l’équivalent de 3.000 camions. L’idéal serait d’avoir des petites chaufferies rurales, disséminées sur les départements. Et il faudrait plus de sylviculture ! »
Comment se répartit la filière en Indre-et-Loire ?
« Il faut distinguer le bois d’œuvre de chênes et de résineux pour les meubles et les charpentes du bois industrie (panneaux agglomérés, futures pâtes à papier) et du bois énergie (chauffage). Le premier représente 35 %, le second 55 % et le troisième, 15 %. En région Centre Val-de-Loire, la filière fait vivre 20.000 salariés dans 2.700 entreprises (6.500 salariés et 700 entreprises en Indre-et-Loire). »
L’arrivée des nouvelles chaudières domestiques et les incitations à les installer ne vont-elles pas conduire à une inflation du prix du bois de chauffage ?
« Il ne faut pas prendre en référence l’année 2009 où les prix du bois se sont effondrés après les violentes tempêtes. La filière est en dents de scie. Les granulés sont passés en surproduction dont les prix ont baissé. Le bois bûche constitue le plus gros de la consommation, avec un prix aux alentours de 55 euros le stère de bois vert et 75 euros pour le bois sec que nous avons du mal à valoriser à sa juste valeur. Aussi agissons-nous dans une démarche de professionnalisation. »