“ Il y a pénurie d’apprentis bûcherons… ”
Exploitant forestier à Cléré-les-Pins, Didier Cognard regrette une main-d’œuvre de moins en moins qualifiée. Focus sur une profession difficile.
Impossible de la manquer. À la sortie de Cléré-les-Pins en direction de Château-la-Vallière, l’exploitation de Didier Cognard se fond dans le paysage forestier. C’est là que le solide bûcheron a créé son entreprise. Il a bien tenté de reprendre la ferme familiale mais « comme elle était petite, je me suis vite aperçu que je ne m’en sortirai pas. Je suis parti de zéro… ».
Aujourd’hui, Didier et son épouse Nicole font travailler trois salariés dont leur propre fils, un apprenti et un intérimaire. Son statut d’exploitant forestier lui permet d’acheter des coupes sur pied à l’Office national des forêts (ONF) ou à des propriétaires privés. Il en assure ensuite la transformation : 5.000 stères de bois de chauffage, entre 35.000 et 40.000 piquets de clôture. Avec le retour en grâce des chaudières à bois, domestiques ou municipales, il a diversifié sa production et propose aujourd’hui des copeaux – qui alimentent notamment la grande chaudière de Saint-Pierre-des-Corps, des paillasses et des plaquettes en bois ainsi que des granulés (négoce). Il a également investi dans une très grosse machine – une abatteuse mécanisée – capable de produire 20.000 stères cette année.
Prix, morcellement et formation
Mais le travail reste pénible et pas que physiquement. Pour Didier Cognard, « les prix pratiqués ne se hissent pas à leur juste valeur car il y a trop de travail au noir. Ils sont tirés vers le bas. Mon bois est séché deux ans et je vais le chercher en forêt de Chinon, car les parcelles y sont importantes… ». Car la difficulté majeure, par ailleurs soulignée par Éric de la Rochère (lire notre interview), reste bien le morcellement des bois non entretenus par les propriétaires. « Il y avait 80 % de feuillus dans le secteur de Cléré, Ambillou et Souvigné avant la sécheresse et les incendies de 1976. On a replanté des résineux. ». Vient enfin une pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Didier a lui-même formé ses salariés et va jusqu’à former des personnels à la sécurité à la MSF et la Sncf.