Le bois énergie sur des charbons ardents
Créée en 1995 par Jean-Frédéric Choux, l’entreprise Sovi Forêt Énergie illustre à son échelle l’évolution de la filière dans la région.
À l’origine, la société concentrait principalement ses activités dans l’exploitation et le négoce de bois pour les scieries et l’industrie. « La tempête de décembre 1999 a bouleversé la donne. C’est à partir de ce moment-là que nous nous sommes diversifiés vers le bois de chauffage », raconte Jean-Frédéric Choux, ancien élève du lycée national du bois de Mouchard dans le Jura. Dans les années 2000, la hausse des cours pétroliers a amplifié cette nouvelle orientation.
En 2010, Sovi Forêt Énergie a quitté Artannes-sur-Indre pour s’installer dans une ancienne ferme au rond-point du panier à Druye. Un emplacement idéal pour stocker le bois à proximité immédiate de l’agglomération de Tours et de l’autoroute A 85. Aujourd’hui, l’entreprise exploite 200 ha de forêt et débite 5.000 stères de chêne et de charme chaque année. Elle emploie six salariés (ETP). Son chiffre d’affaires s’élève à 660.000 euros mais les deux tiers sont réalisés sur le marché des équipements pour le chauffage : poêle à bois et à granulés, chaudières, inserts… « A l’avenir, nous avons l’objectif de développer une nouvelle compétence dans le domaine de la construction et de l’isolation par le bois », indique Jean-Frédéric Choux Sovi Forêt Énergie vient de fêter son 20e anniversaire en organisant trois journées portes ouvertes. Pour l’entreprise, ce rendez-vous était aussi l’occasion de rappeler la place du bois et de la forêt dans l’économie tourangelle. Une place qui pourrait encore être mieux valorisée.
« Dans notre région, la forêt est atomisée entre de multiples propriétaires contrairement aux grandes forêts allemandes ou scandinaves. En séquence, le bois est une matière première difficile à mobiliser. Il faut moderniser les règles d’exploitation », estime Olivier Silberberg, chargé de mission au comité interprofessionnel ArboCentre. Pour Jean-Claude Chenieux, propriétaire forestier, « notre forêt meurt de son morcellement, Il faudrait un remembrement appuyé par des incitations fiscales, comme l’agriculture en a connu dans les années cinquante ».
Un marché parallèle important
Autre souci pour la filière : le marché parallèle du bois de feu qui échappe largement aux contrôles et à la fiscalité. « Depuis trois ans, cette concurrence déloyale a été fortement encouragée par la hausse de la TVA de 5,5 % à 10 % », précise Jean-Frédéric Choux. Aujourd’hui, on estime que 1,5 million de m3 de bois est destiné chaque année au chauffage (soit 50 % de la production régionale) alors que les chiffres officiels font seulement état de 300.000 m3 (soit 10 % de la production). « Ce commerce illégal fait baisser les cours et tire la filière vers le bas »