Patrick Findeling, l’âge des honneurs
Le P-DG du groupe Plastivaloire vient d’être fait chevalier de la Légion d’honneur. Avec ses enfants, il prépare sa relève.
Il est aujourd’hui le pape de la plasturgie. Il règne sur un empire de 5.000 collaborateurs, 500 millions de chiffre d’affaires, coté en bourse, classé dans les 242 plus grandes entreprises françaises, reçu récemment à l’Élysée pour le prix de l’Audace 2015. Que de chemin parcouru depuis le début des années 70. Le jeune Patrick Findeling, natif de Monts, achève alors péniblement ses études : bac technique, DUT de gestion, maths physique. Il vient de servir sous les drapeaux comme chauffeur de colonel, à Tours. Il rentre dans la “ boîte ” familiale, l’Atelier tourangelle de plastique, créée par son père. Dans son ombre, il prend vite du galon. Il épouse France, sa fiancée.
En 1975, à 27 ans, il est directeur général de l’entreprise, 80 salariés, 1 M de CA. Il rachète un concurrent à Chinon, devient P-DG du groupe Plastivaloire, rachète l’unité d’injection Philips de Flers dans l’Orne, construit une usine à Dreux. Il est sur sa rampe de lancement.
En 1996, il investit à l’étranger, Pologne, Espagne, Tunisie, Allemagne, vingt-six sites au total. Il sous-traite en Chine. Le tournant, l’acquisition en 2011 du groupe Bourbon, équipementier auto, 2.000 salariés, autant qu’à « PVL » dont le siège est à Langeais après un gros coup de fatigue subi en Chinonais. Il y a du Plastivaloire partout, dans nos cuisines, nos voitures et hôpitaux, télés et téléphones… Patrick Findeling chasse en meute sur le marché du plastique. Et seul avec son chien en Castelrenaudais et ailleurs où « il se vide la tête ». Roger Mahoudeau, un de ses proches le décrit : « C’est un fêtard, un rigolard et un excellent danseur. Pas mondain, il préfère les copains, et les belles voitures pour visiter toutes ses usines en France. »
Un capitaine d’industrie inflexible mais qui, lors de sa remise de la Légion d’honneur vendredi, a fendu l’armure. Patrick Findeling ne porte pas dans son cœur les « béni-oui-oui ». Il encense le ministre Emmanuel Macron : « Celui qui est le plus à sa place (au gouvernement) et en lequel j’ai le plus de respect. » Il rend hommage à son père, décédé : « Il m’a appris le courage, l’humilité, la ténacité (mon caractère de cochon !) et la simplicité ». Hommage aussi au patron de l’ex-usine de métallurgie Doubinski à Tours : « Il me disait : les fournisseurs, il faut leur tenir la tête sous l’eau mais pas trop sinon, ils meurent ».
Hommage enfin à Michel Marchais, ex-patron de la TAT. « A l’époque, je travaillais comme un sanglier des Ardennes, avec une stratégie de solitaire. Et je me disais que tous ceux qui tournent autour de la politique étaient des incapables ! Avec lui, j’ai appris qu’il est toujours temps d’arrêter de faire une connerie. »
Aux yeux de Patrick Findeling « l’âge important de la vie, c’est 40 ans. Avant, on la cherche. Après, on doit être bien dans ses chaussures ».
Il voit l’avenir en noir : « La France finit par être un petit pays. On est un peu court dans notre costume actuellement. » Mais, il encourage les jeunes : « N’hésitez pas à partir à l’étranger, quitte à revenir un jour. Mettez un coup de pied dans la fourmilière ! » Et comme les Findeling sortent tous du même moule, ses trois enfants sont déjà dans le bain et prêts à prendre la relève.
Olivier Pouvreau