Témoignages : pourquoi ont-ils choisi l’économie participative
« Ulule, et plus largement le financement participatif, me semble être à la fois un bienfait et une nécessité : Le retour du local, du conscient, et de volontés communes dans un monde en quête de sens, c’est la formule parfaite pour faire valider auprès d’amis, de connaissances, d’inconnus un concept, une idée ou une croyance qui nous anime ! ». Voilà ce que déclare Marc Sitarz sur son site internet. Le fondateur de Natureally a quitté son poste d’ingénieur dans l’industrie pour une seconde vie professionnelle. Il a créé une ligne de vêtements (chemises, tee-shirt, écharpes, robes) sur des gammes graphiques originales avec des tissus naturels en soie et coton car il voulait reprendre contact avec la nature. Cet engagement l’oblige à faire appel au financement participatif réalisé à 90 % par son entourage familial. Natureally est hébergé à la pépinière de Joué-lès-Tours.
Joris Discepoli s’est associé avec Manyssin Thin et Mathieu Bollard pour créer Sensei, un jeu vidéo basé sur le sensoriel, accessible sur téléphone portable. Le but : permettre à ce personnage de poursuivre son voyage en résolvant des énigmes. Joris en est le graphiste principal. Avec ses amis, il a fait appel au financement participatif sur la plate-forme Make In Loire Valley pour obtenir 20.000 euros jusqu’au 24 juin prochain. La somme est loin d’être atteinte. À partir de 10 euros, les contributeurs recevront en avant-première les énigmes au fur et à mesure du développement du jeu. « Ce moyen d’obtenir du financement permet aussi de créer une communauté, d’en parler. Le crowdfunding est une preuve d’engagement » estime Joris qui révèle qu’une partie du financement est apportée par le fonds d’aide aux jeux vidéos.
Des copains étudiants ont lancé « Weecop », un bracelet qui permet de payer ses achats dans une trentaine de commerces tourangeaux. L’idée est ingénieuse et a plu à Christophe Warrick , chef d’entreprise, qui a décidé de mettre la main à la poche pour contribuer au financement du projet. « Ce bracelet nous a été présenté aux Dirigeants commerciaux de France (DCF) et j’ai été séduit. Car cela permet aux jeunes notamment de gérer leur portefeuille. C’est valorisant de financer une idée comme celle-ci… » explique le contributeur qui a vers 50 euros. Le bracelet Weecop veut désormais s’implanter dans quatre nouvelles villes (La Rochelle, Nantes, Angers et Poitiers) et s’est inscrit dans la campagne de financement participatif Make In Loire Valley. Un tiers des fonds demandés (15.000 euros) a jusqu’à présent été levé.
Neveu de physicien, Jean-Marc Doniat s’est mis en disponibilité de son employeur – La Poste – pour faire aboutir sa dernière invention : le panneau solaire enterré. Il s’est associé avec deux ingénieurs de Polytech qui participent à la mise au point et ont validé la conceptualisation du projet. « Près de deux mille euros ont été récoltés sur les 10.000 demandés. Il faudrait qu’une collectivité locale s’intéresse à notre invention car nous apportons une solution discrète aux écoquartiers… » estime Jean-Marc Doniat. Notre Géo Trouvetout croit beaucoup à ces panneaux de nouvelle génération, munis d’un système optique qui permet de suivre la course du soleil de manière passive. Il va les proposer aux Monuments historiques. « La discrétion de SolEYE sera un argument fort pour l’acceptation de projets à proximité de sites protégés. Nous travaillons sur l’élaboration d’un premier prototype qui au fur à a mesure de révisions déterminera le produit final, sans doute loin de ce que nous avions imaginé au début. Faire à ce stade des suppositions sur le prix final est trop hasardeux. Nous souhaitons néanmoins que notre produit soit des plus compétitifs ! Pour information, nous sommes parvenus à une hypothèse de 5.000 euros pour 1.500 wattcrête pour le moment. »
Banque Populaire est l’un des partenaires de la campagne Make In Loire Valley. Mais comment une banque peut-elle s’intéresser au financement participatif alors qu’elle est censée prêter de l’argent à ces mêmes entrepreneurs ? Stéphane Grandin, directeur de groupe, répond : « A la base, notre banque a été créée par des artisans, pour des artisans. Nous approchons celles et ceux qui, précisément, ne viennent pas pousser la porte de nos agences souvent parce qu’ils se disent que leurs projets ne nous intéresseront pas. Nous sommes complémentaires dans la démarche. Grâce au financement participatif et bancaire, on va bientôt ouvrir un commerce en milieu rural. Un autre entrepreneur nous a montré sa capacité à tester les marchés. Et cela peut permettre de lever des fonds. C’est un vrai avantage et il y a là un côté sécurisant. Autre intérêt pour notre banque, c’est le volet très novateur des territoires. Et puis en interne aussi, la campagne Make In Loire Vallée a séduit le personnel. Certains collaborateurs ont même participé aux trois journées de formation, d’autres sont déjà présents sur Ulule. La vision du financement est en train de changer. Il faut pouvoir être encore une fois complémentaire… ».