“ Comprendre d’abord les attentes des consommateurs ! ”
Président de commission à InterLoire, Laurent Menestreau dresse le portrait des vins de Loire et s’inquiète de la baisse des rendements. Entretien.
Viticulteur lui-même en Anjou, Laurent Menestreau est président de la fédération viticole des vins Anjou Saumur et de la commission économique et prospective à InterLoire.
Quels sont le rôle et les missions d’InterLoire ?
« InterLoire est l’organisation interprofessionnelle qui regroupe les producteurs et les négociants représentés à parité – dix-huit au total – pour les départements de Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Indre-et-Loire et Loir-et-Cher. Le volet communication est retombé dans les appellations. Nous gardons celui de l’export des vins de Loire. Nos missions se tournent vers la recherche et les techniques, l’économique et les prospectives. Et pour ces derniers, nous cherchons à comprendre les attentes des consommateurs de demain et comment adapter les couleurs (blanc, rouge, rosé, effervescent) aux tendances de consommation. On s’aperçoit par exemple que les jeunes ont du mal à faire des vins de Loire quelque chose de décontracté et le perçoivent encore comme un produit de gastronomie. »
Y a-t-il de grosses différences de prix d’achat à l’hectare, d’un vignoble à l’autre ?
« Les vignobles de Touraine se situent autour de 26.000 euros l’hectare. Ceux du muscadet tournent autour de 7.000 à 8.000 euros et de 20.000 à 60.000 euros en Anjou. Pour votre information, un hectare d’un grand cru du Bordelais se vend 1,5 million d’euros. »
Comment se comportent les marchés, d’une appellation à l’autre ?
« Il faut que les grandes familles de vin se tiennent bien, en termes de volumes pour que la colonne vertébrale soit bien droite. Dans le muscadet, les sorties de chais sont bonnes, les récoltes faibles et le stock est étal. On va satisfaire le marché mais on n’aura plus de stocks si nous connaissons à nouveau un incident climatique. Le rosé d’Anjou, c’est la colonne vertébrale de la région. Le négoce a besoin de sa production pour équilibrer les finances des entreprises. En rouge, plusieurs AOC ont peu de stocks ; chinon, bourgueil, saint-nicolas, saumur champigny, anjou, montlouis. Si l’on compense par un prix élevé, il y aura un effet dépressif comme on l’a connu avec le muscadet. L’appellation avait sur tarifé son vin il y a quelques années. Il a depuis été divisé par deux ! »
Mais avec le gel, puis le mildiou et aujourd’hui la sécheresse, ne doit-on pas craindre une certaine inflation l’année prochaine ?
« Sur certains produits, oui, je le crains, notamment sur les rouges. La zone Touraine (Loir-et-Cher et Indre-et-Loire) est la plus sensible avec le saumur-champigny. Des stocks faibles additionnés à des rendements faibles peuvent faire craindre une hausse des prix. »