ÉDITO In Vino Veritas
De messe, de sacre ou d’honneur, le vin a toujours accompagné l’existence terrestre des hommes. C’est même avec lui que commença la civilisation, à en croire les papyrus. « In Vino Veritas » rapporte Pline L’Ancien. C’est un élixir qui rend bavard. Mais la locution latine peut tout aussi bien prendre d’autres significations. Au pays de Rabelais, le breuvage aux trois couleurs, tranquille ou effervescent, reste une œuvre d’art, un personnage vivant, « un savoir qui hydrate » comme dirait l’auteur des guerres pichrocolines. C’est aussi une filière économique qui pèse sur l’axe ligérien, de la Touraine aux Pays de Loire.
In Vino Veritas. La vérité vient d’un sol soumis aux aléas climatiques. Et de ce point de vue, nos vignerons auront tout connu cette année : gel en avril, pluies en mai et juin, sécheresse et aridité des sols en août et septembre. À la veille des vendanges, ils savent que toute la production à venir sera réduite de moitié, beaucoup plus sur certaines appellations. Il va falloir gérer la pénurie. Après trois petites récoltes en volumes, les stocks sont en forte baisse. Et durant cette période, les prix de vente des vins de Loire dans la grande distribution ont progressé en moyenne de 4,61 à 5,17 le litre. Comble de malchance, les vignobles seront entachés de 12 à 14 % de leurs rendements habituels à cause des maladies du bois. En conséquence, il faudra contingenter les commandes, tenter de maintenir les exportations, privilégier la vente directe au détriment du négoce et de la grande distribution. Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Mais c’est ainsi.
Si le contexte actuel paraît sombre, la viticulture sait offrir un visage plus souriant à ceux qui s’y intéresseraient. Le dossier de ce numéro souligne son extraordinaire diversité. Dans notre département, on produit plus de 80 millions de bouteilles. Les activités génèrent près de 300 millions d’euros de chiffres d’affaires. C’est encore 5.000 emplois directs ou indirects chez les cavistes, dans les restaurants, les équipementiers, les laboratoires, le conditionnement, etc. C’est enfin une contribution importante à l’oenotourisme. Ici, cent euros sont en moyenne dépensés en vins par cave. Alors, pour paraphraser Lord Byron : Le vin console les tristes, rajeunit les vieux, inspire les jeunes, soulage les déprimés du poids de leurs soucis.
Bruno Pille