La filière viticole prend de la bouteille
La viticulture occupe une place majeure dans l’économie locale. Vitrine de l’axe ligérien, elle est indissociable du tourisme. Que pèse-t-elle aujourd’hui ?
« Je crois que le bonheur vient aux hommes qui naissent là où l’on trouve le bon vin… » écrit Léonard de Vinci, le plus illustre de nos personnages, avec François Rabelais. La filière viticole colle à nos paysages d’est en ouest suivant ainsi une dizaine d’appellations d’origine contrôlée dont la surface a doublé en vingt ans. Récemment encore, l’INAO décide d’élargir l’aire de Chinon à huit communes supplémentaires : Seuilly, Lerné, Saint-Germain-sur-Vienne, Couziers, Thizay, Cinais, Candes Saint-Martin et Brizay.
La viticulture n’est pas toujours perçue comme une force économique, sans doute parce qu’elle ne couvre que 5 % de la surface agricole. Pourtant, les terroirs tourangeaux produisent plus de 80 millions de bouteilles et génèrent près de 300 millions d’euros de chiffres d’affaires. Ils s’étendent 11.000 hectares dont 7 % sont réservés à la production bio (source Observatoire de l’économie et des territoires de Touraine). La vigne, c’est encore le premier employeur agricole du département : plus de 2.000 salariés à temps plein et 5.000 emplois directs ou indirects dans des activités telles que les cavistes, les restaurants, le négoce, la grande distribution, les fabricants d’articles de caves, les laboratoires, le conditionnement, etc. C’est enfin une contribution importante au tourisme : Cent euros sont en moyenne dépensés en vins par cave.
La vente directe privilégiée
En Indre-et-Loire, la vente directe et les circuits courts sont majoritairement privilégiés à 58 % contre 40 % dans le vignoble de Loire. Les trois couleurs (rouge, blanc et rosé) sont, avec l’effervescent, présentes sur les tables de 75 pays dans le monde. Ce rayonnement national et international participe à la notoriété des vignobles, synonyme d’une qualité reconnue. Cet intérêt a même poussé des étrangers à devenir propriétaires. Le clos de la Meslerie (Vouvray) a été acheté en 2002 par un ancien trader américain. La multinationale indienne Vidya, leader mondial du curcuma bio, est propriétaire du domaine de l’Abbaye (Chinon) depuis l’an dernier. Le directeur technique, Pierre Dhoye, justifie ce positionnement : « Nous possédons neuf bars à vins à Tokyo dont l’un est dénommé Loire. Notre stratégie est de distribuer nos vins non seulement au Japon mais aussi en Inde, aux États-Unis et demain en Chine. L’objectif est de monter en qualité… ».
La qualité : l’obsession de tous les présidents des syndicats des appellations, à la veille des vendanges dont on connaît déjà les faibles rendements après une année climatique 2016 catastrophique, notamment pour Montlouis et ses cinquante vignerons. Guillaume Lapaque (Bourgueil) résume la situation : « C’est comme une entreprise qui brûle. Mais on a du temps pour se relever. On demande à l’État la prise en charge des intérêts bancaires… ». Autre grand perdant du gel en 2017 : la grande distribution. « Mais ce qui va rester sera bon » positivent Jean-Marie Pieaux (Vouvray) et Patrick Olivier (Saint-Nicolas-de-Bourgueil). Rendez-vous dans quelques mois pour consommer. Avec modération.