EDITO : L’ubérisation, du constat à l’action
Travis Kalanick est passé en un clin d’œil ou presque du statut de geek futé et inventif à celui de patron très sérieux, aussi envié que contesté, de l’une des entreprises qui fait aujourd’hui le plus parler d’elle . En moins d’une décennie, l’ovni Uber a même donné naissance au nom commun qui qualifie désormais les mutations en cours et annoncées de nos organisations marchandes. Mais qu’est-ce au juste que l’ubérisation ? Une bonne idée pour gagner beaucoup d’argent sans prendre beaucoup de risques (Uber touche 20 % de commission à chaque course de ses chauffeurs indépendants) ? Un (énorme) pas supplémentaire vers la précarisation du travail ? Un système génial d’économie collaborative ? Un bon plan pour ses utilisateurs ? Ou bien un peu de tout cela ?
Quoi que l’on en pense, la formule a largement essaimé. L’Indre-et-Loire, terre de tourisme, doit désormais compter avec Airbnb… Sans oublier Bla-bla car. Et il ne s’agit que des plus connus.
La mutation, effet parmi d’autres de la révolution numérique, est globalement profonde. Le constat passé, il va falloir agir. L’entreprise va devoir s’adapter pour ne pas mourir, comme l’expriment notamment Denis Marquet et Édouard Rencker dans leur ouvrage. Le droit du travail va lui aussi devoir évoluer, pour encadrer les activités et protéger leurs acteurs. C’est le propos du juriste Jacques Barthélémy, invité du Carnet Pro organisé par le Groupe Nouvelle République ce mois-ci. C’est aussi, du moins partiellement, le sujet de notre enquête dans cette nouvelle édition de Cap’éco. Un sujet en 2.0, qui n’a certes pas, fini de faire parler de lui.
Emmanuelle Pavillon