“ La location du meublé s’industrialise ! ”
L’hébergement et le transport ont fait bougé les lignes traditionnelles. Mais de nouveaux secteurs sont concernés par les changements de modèle économique. Témoignages vécus
Pour le président de Touraine Hôtels, les professionnels de l’hébergement ne sont pas sur le même pied d’égalité des loueurs présents sur les différentes plateformes : « les règles de fiscalité, les normes de sécurité et les charges ne sont pas appliquées » regrette Gilles Augereau pour qui les habitudes de réservations ont changé : « au départ, l’ubérisation des logements convenait parfaitement aux jeunes 20-35 ans, en période de loisirs. Or aujourd’hui, c’est devenu intergénérationnel sous n’importe quel prétexte. Cela dit, je pense que les hôtels auront toujours leur place car ils apportent des services à la personne. Il y a de la place pour tout le monde malgré l’industrialisation de la location du meublé. Il faudrait néanmoins un peu mieux cadrer les choses en matière de sécurité et d’accessibilité… ».
Elle défiscalise sur des surfaces louées aux étudiants
Catherine Daumont ouvre sa grande maison aux étudiants et voyageurs de passage, en plein cœur de Tours, depuis qu’elle s’y est installée en 1997. Elle propose gîte et couvert par l’intermédiaire des plateformes mais ce n’est pas son activité principale. Elle déclare ses revenus en bénéfices non commerciaux, ce qui la situe en dessous du seuil des loueurs professionnels. Concernant les étudiants, le tarif de la nuitée est fixé par les écoles et autres instituts à 26 euros. En micro-entreprise, elle défiscalise une centaine d’euros par m2 et par an sur les surfaces louées à ces mêmes étudiants. « Je n’ai pas le sentiment de faire de la concurrence déloyale aux professionnels du tourisme, dit-elle. Quand les gens viennent pour deux nuits, ils ont envie d’être au contact des locaux. C’est une autre forme de démarche. »
Louloue, conciergerie de location saisonnière
« Avec Louloue, partez tranquille. On s’occupe de tout. » C’est par se slogan que cette plateforme de conciergerie de location saisonnière accueille ses visiteurs. la start-up de Frédéric Caliari, 33 ans, originaire de Pocé-sur-Cisse, se développe ainsi à Paris depuis deux ans. L’entrepreneur, qui a fait des études de langues et de management à Tours, a désormais en tête d’investir le marché tourangeau. Le principe ? « Des propriétaires m’appellent soit pour la gestion totale de leur bien mis en location sur le Net, soit pour des prestations à la carte (remise des clés, ménage…) Je me charge de leur envoyer quelqu’un sur place. » Frédéric avait d’abord opté pour des salariés : « Pour moi, c’était un gage de qualité. Mais je ne pouvais pas me développer. » Il a donc choisi le modèle des plateformes Uber : « Sur Tours, je suis en train de sélectionner six auto-entrepreneurs ou free-lance ayant déjà travaillé dans l’hôtellerie ou le tourisme. Ce sont eux qui feront les interventions chez les clients. Il y aura un système de notations et de commentaires sur mon site. Le propriétaire pourra choisir la personne qu’il préfère. » La plus petite prestation rapportera 19,90 . La personne dépêchée sur place en empochera 80 %, le reste revenant à Louloue.
“ VTC et taxis, mêmes prérogatives ”
Président de l’Union professionnelle artisanale (UPA), Mauro Cuzzoni n’en reste pas moins chauffeur de taxi. Et c’est avec un regard particulier qu’il a vu arriver la montée en puissance des véhicules de transports en commun qui ont dérégulé sa profession. « On en dénombre entre vingt et vingt-cinq en Indre-et-Loire contre une centaine de taxis sur Tours et l’agglomération. Pourquoi si peu ? Sans doute parce que nous sommes structurés en groupement d’intérêt économique sur une plateforme d’appels qui emploie six salariés, 24 heures sur 24. Avant, les chauffeurs de taxis gagnaient bien leur vie, jusqu’à 2.500 euros par mois. Aujourd’hui à Paris, il faut travailler 15 heures par jour pour sortir un Smic. La concurrence a eu du bon : les taxis sont propres, très équipés, dotés de terminaux de paiement. Le côté négatif, on a tiré la profession vers le bas. Les taxis payent des charges sociales qui ne sont pas au même niveau que les VTC. L’autre grande différence avec les VTC, c’est que le taxi doit obtenir une carte professionnelle après examen. Et les tarifications sont mises à jour, contrairement aux VTC. Autre problème : les VTC ne sont pas visibles. Et combien d’agents de police sont-ils capables de les contrôler correctement ? ».
Empulsion, start-up conseil auprès des TPE
Empulsion est née de la fusion de deux sociétés tourangelles : Isadmin et GFC Conseil. Immatriculée en SAS depuis 2016 et installée pour quatre années chez Mame, avec une forte implication digitale, elle regroupe trois associés : Isabelle Pacqueteau, Guillaume Pineau et Cyrille Reveau. Elle s’adresse aux TPE, commerçants, artisans, en organisation administrative, gestion, juridique, développement commercial, communication et formation sur le département d’Indre-et-Loire et limitrophes. « Nous travaillons en collaboration étroite avec des partenaires financiers, cabinets comptables et juridiques. Les comptables ne font pas de conseils au jour le jour. Il y avait donc une place à prendre. Nous vendons donc des missions conseils sur lesquelles nous nous rémunérons » témoigne Cyrille Reveau.