L’industrie du futur, c’est maintenant
A l’amorce de la quatrième révolution industrielle, l’homme et la machine sont appelés à produire plus efficacement de façon connectée. Nouveaux modèles.
Et de quatre ! Une nouvelle révolution est en marche. Il y a eu la mécanisation de la production au XIXe siècle, puis la production de masse avec l’avènement des machines électriques, la robotisation avec l’électronique et l’informatique. Voici l’industrie intelligente à travers trois bases technologiques : l’internet des objets, les systèmes cyberphysiques (connections à distance) et le big data (décision décentralisée). On la célèbre à Tours le temps d’un salon pour montrer qu’elle existe.
Grand témoin de cette enquête et invité du réseau Carnet Pro du groupe La Nouvelle République, Alain Mercier connaît le sujet mieux que personne. Le président de la commission Économie-Emploi au conseil économique et social environnement régional (Ceser) a l’an dernier remis le très intéressant rapport « Comprendre l’industrie du futur en région Centre-Val de Loire ». Qu’y apprend-on ? D’abord que La France est un des derniers pays industriels à intervenir sur le sujet et qu’il y a urgence à se positionner. Le plan « Usine du futur » d’Emmanuel Macron, qui retoque celui de la « Nouvelle France industrielle » présenté quelques mois plus tôt par Arnaud Montebourg, s’appuie sur cinq piliers : le développement d’une offre technologique, un accompagnement des entreprises pour accompagner leur transformation (régions, Bpifrance), la formation des salariés, la promotion de l’industrie du futur et le renforcement de la coopération international, notamment auprès de l’Allemagne.
Un plan d’actions
local en Centre-Val de Loire
La Région Centre-Val de Loire a adopté le 15 avril 2015 les modalités d’un appel à projets Usine du futur. Elle a procédé à deux vagues : la première, le 30 juin 2015, a retenu 13 projets sur 15 et une deuxième, le 13 octobre 2015, 23 sur 26. « D’abord concentrée sur les enjeux d’automatisation et de robotisation, la définition de l’industrie du futur devient plus large, note Alain Mercier. Elle est connectée, en interne, mais avec le reste du monde : clients, fournisseurs et territoires et filière. Elle place l’homme au cœur du dispositif : valorisation des compétences, des conditions de travail, de la formation aussi. Elle est propre, sobre et sûre pour s’intégrer dans son territoire… ».
Concrètement, cette industrie du futur en région Centre-Val de Loire se traduit aujourd’hui par un plan d’actions local, construit avec les partenaires sociaux et déclinés sur cinq axes : l’usine innovante avec un forum des achats publics innovants, des actions collectives en faveur du design, le développement de la fabrication additive qui permet déjà la production en petites séries de pièces complexes, de pièces de rechange et même d’outils personnalisés. Second axe : l’usine efficiente et respectueuse de l’environnement, avec la stimulation du rôle de Bpifrance pour le financement de l’économie, des appels à projets sur l’économie circulaire, un accompagnement sur les normes (ISO 26.000 par exemple). Troisième axe : l’usine centrée sur l’homme, avec le développement de nouvelles formes de management, la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences sur le secteur de l’aéronautique, la promotion des métiers, avec la semaine de l’industrie notamment. Quatrième axe : l’usine en réseau avec les soutiens à la politique des pôles de compétitivité (contrats de performance), des actions de mise en grappe, comme le GEAR (Groupement des entreprises de l’arrondissement de Romorantin-Lanthenay), des rendez-vous d’affaires de la sous-traitance. Dernier axe : l’usine stratège avec des actions d’accompagnement à la stratégie avec le programme national d’aide à la stratégie pour les PME de la mécanique mené en coopération par la Fédération des industries mécaniques et le CETIM (centre technique des industries mécaniques), consolidation de filières (contrat industrie agroalimentaire, lancement de branche cybersécurité), partage de veille stratégique avec les entreprises.
Reste enfin à s’interroger des conséquences sur l’emploi et le travail. L’homme sera-t-il au service de la machine ou la machine au service de l’homme ? Des économistes se sont penchés sur la question. Ils reprennent le concept de « destruction créatrice » énoncée par Schumpeter en 1911, à l’époque de l’émergence des machines électriques : les emplois créés seront plus nombreux que les emplois supprimés. Le Ceser estime que l’enjeu, pour nos territoires du Val de Loire, sera d’investir dans une usine citoyenne où les femmes et les hommes auront une place centrale, qui prendra en charge sa responsabilité sociétale et environnementale. Il n’y a pas que les robots dans la vie…