Gestion des risques : de la cyber-criminalité aux sites Seveso
Comme partout en France, les entreprises tourangelles s’exposent non sans risques. Comment les prévenir et les protéger ?
Portrait d’un hacker en série (BD), Millénium (le film), Blow Up : la fiction artistique et cinématographique s’empare de la réalité. Ici l’infiltration d’un milieu pour en saboter les bases, là une intelligence humaine prête à tout pour renverser le système et encore cette idée – criminelle – de fracturer l’image, tenter d’y pénétrer à tout prix pour y retrouver des vérités. Les scénarios font peur. Défier les systèmes informatiques est devenu un jeu et ces contre-espions modernes de l’économie agissent forcément en secret. Sans bruit ! Ils pénètrent des systèmes. Ils regardent, ils copient, ils impriment, ils modifient – les « log » en général – mais ils ne détruisent rien. Témoignages.
Le journaliste tourangeau Philippe Richard (lire « C’est vécu »), recueille cette leçon d’un assureur victime d’une infection : « Un code malveillant a pénétré notre système un vendredi, période durant laquelle nous étions de surveillance de nuit. On a détecté une anomalie identifiée par l’un de nos antivirus qui ne l’a pas nettoyé. À l’autre bout de la chaîne, mille commerciaux dotés d’un ordinateur portable. La propagation a de suite été maîtrisée. Le lendemain, nous avons mis une cellule de crise.. Ce n’est que quatre jours après que nous avons rouvert tous les accès aux applications fondamentales qui sont sous Unix puis, dans un second temps, les serveurs Windows… ».
Prises de conscience au plus haut niveau de l’État
Le coup de grâce est passé tout près ! Leçon tirée par la « victime » : un bilan sécurité afin de vérifier si les réactions sont adaptées. Direction la caserne Raby de la gendarmerie d’Indre-et-Loire, avenue de Grammont. Y sont organisées les traques locales. Depuis le début de l’année, deux attaques ont eu lieu. « De la cyber-criminalité » qualifient les militaires. Le gendarme Pascal Jacques, référent « intelligence économique » du groupement, raconte : « Quelqu’un avait usurpé l’adresse mail du chef d’entreprise. Il dit, après s’être renseigné, connaître les noms des deux directeurs financiers. Et demande un versement prétextant que l’un des deux est au courant. Ces deux professionnels ont été prudents. Ils ont tout vérifié, déposé plainte pour tentative d’escroquerie – qui aurait porté sur plusieurs milliers d’euros – ainsi que pour atteinte aux systèmes informatisés, cette nouvelle infraction créée dans le cadre de la cyber-criminalité ». Notre gendarme ne dira pas grand-chose sur les méthodes d’investigations avec ses collègues, sauf à dire que tout un réseau se met en place autour de lui avec les enquêteurs en nouvelles technologies (NTEC créés en 2004), le délégué interministériel régional rattaché à la Direccte (suivi bimensuel), ses leviers Europol, Interpol. Avec cet argument préventif diffusé auprès des chefs d’entreprise sur leur terrain : « Nous ne sommes pas dans l’univers des Bisounours. Protégez-vous ! »
Par quelle solution ? L’intelligence économique, synonyme de sécurité économique contre des agressions protéiformes et solutions plurielles à la protection immatérielle (l’informatique), intellectuelle et physique de l’entreprise. Et là, d’où que viennent ces cyber-attaques, la prise de conscience s’est installée au plus haut niveau de l’État. D’abord avec Alain Juillet, l’ancien patron de la Direction générale de la surveillance extérieure (lire « C’est vécu ») venu mettre ses compétences auprès du ministère de la Défense, puis de Bercy et enfin de Matignon au service des entreprises. Son amie Agnès Bricard ensuite (notre grand témoin) qui évoque de multiples solutions internes, sous contrôles d’experts (comptables, commissaires aux comptes).
La gestion des risques industriels vient s’ajouter à ces menaces. L’État en prend alors toute la mesure depuis un PC Opération (lire page…). Nous ne sommes plus au stade où un virus (Ransonware) par exemple – comme c’est arrivé récemment dans notre département – va demander rançon contre le déblocage de votre système. Ici dans un scénario, où neuf usines (1) classées Séweso 3 en 2015, sont les cibles d’elles-mêmes. Mais là encore, la surveillance et la prévention se sont organisé auprès des populations. Même si les scénarios fictifs sont de plus en plus difficiles à écrire, nous dit-on.
Heureusement, la Touraine n’est pas Hollywood, ni ce monde de « Bisounours ». Sur le papier…
(1) : Stockage de gaz à Céré-la-Ronde ; Dépôt d’explosifs à Cigogné ; dépôt de produits phytosanitaires à Saint-Antoine-du-Rocher et Mettray ; fabrication de produits chimiques à Auzouer-en-Touraine (Chateau-Renault) ; Stockage et conditionnement de gaz et de produits pétroliers à Saint-Pierre-des-Corps ; Dépôt d’engrais chimiques à Reignac ; Fabrication de composants électroniques à Tours.