Ceci n’est pas un gros mot
D’abord, tordre le cou aux vieux poncifs. Faire taire les ricaneurs. Et pour cela, peut-être, convoquer Magritte : non… ceci n’est pas un gros mot ! Le dossier de ce Cap’éco d’avril porte sur le bien-être au travail ; l’invité du Carnet pro de ce même mois est le docteur Philippe Rodet, co-auteur d’un tout récent ouvrage sur le « management bienveillant ».
Il ne s’agit ni d’une grossièreté ni d’une plaisanterie ; non plus que de l’expression d’un angélisme à tous crins. Simplement, à des kilomètres du sirupeux pays des Bisounours, l’entreprise et ses acteurs ont-ils tout intérêt à prendre en compte les évolutions de notre société et de ses organisations.
La première révolution industrielle est loin derrière. L’ère du numérique pourrait, dit-on, nous avoir fait entrer dans la troisième, si ce n’est la quatrième. Et l’organisation pyramidale longtemps appliquée dans les entreprises vacille un peu plus avec elle. Sont ainsi apparus des termes et expressions qui font peur : « stress », « burn out » ; mais d’autres aussi qui font espérer : « autonomie », « quête du sens »… Dans l’entreprise, la génération Y (et peut-être les autres avec elle) cherche un sens à son travail.
C’est là qu’intervient la bienveillance : « ce n’est pas être gentil, car il n’y a pas de notion d’affect, explique Philippe Rodet. C’est montrer à quoi chacun peut servir. Plus une personne trouve du sens à son travail, plus elle dispose d’autonomie, plus elle est reconnue ». Ce qui devient facteur de motivation pour le salarié ; d’efficacité pour son entreprise. Le bien-être de l’un pourrait-il devenir indispensable à la prospérité de l’autre ? Et pourquoi pas ? N’en déplaisent aux vieux schémas.
Emmanuelle Pavillon