C’est vécu
Dans les locaux de sa société BuzzleMe, Julien Dargaisse pratique le co-working. Celles et ceux qui viennent travailler sont, pour certains, de passage. À l’image de la Génération Y, « on voit beaucoup de gens se regrouper autour de passions communes » résume-t-il. Diplômé de France Business School en 2009, il crée l’année suivante cette plate-forme sociale qui édite la première solution de recrutement par entretien vidéo différé. « J’ai voulu révolutionner le processus de recrutement en faisant gagner du temps et de l’argent aux recruteurs et aux candidats… ». Le jeune homme compte parmi ses clients L’Oréal, la Caisse d’Épargne, Infotrafic.com. Pas de plan de carrière. Seulement des idées. « Rien arrive par miracle. Ca prend parfois plus de temps que prévu » a-t-il coutume de dire en pensant à ses parents, grands-parents et arrière-grands-parents, également entrepreneurs. Entre expérimentation partagée et jeune expérience.
- Manyssin Thin, 28 ans.
Manyssin Thin, 28 ans, a toujours été créateur dans l’âme. Quand il était élève à l’école Brassard (communication visuelle), il ressentait – inconsciemment ou pas – comme une mise à l’écart de la vie de groupe. « J’avais un statut différent vis-à-vis de mes camarades. J’alternais les cours et les devoirs avec de l’alternance en entreprise où je pouvais laisser libre cours à mes projets graphiques… ». Sa licence professionnelle en poche, il recrute une douzaine de copains triés sur le volet en fonction de leurs compétences et monte la start-up ADZ (Amazing Dynamic Zoo). L’aventure dure un an. Il entre comme salarié chez IVDEO, filiale d’Hervé-Thermique. Puis s’en va au bout d’un an. « Je me suis lassé d’être salarié. J’avais l’impression que je n’avais pas mon mot à dire. C’est très frustrant d’être un simple exécutant… ». Alors Manyssin se lance. Avec deux associés, il monte l’agence Descheval. Le slogan « I Loches You », c’est lui. Et multiplie d’autres créations. La dernière en date : une application smartphone – Nowly – qui pousse les gens à se déconnecter des réseaux sociaux pour se rencontrer. Disponible au printemps.
A la tête des Charpentes traditionnelles de Touraine d’Azay-sur-Loire, Nicolas Gauthier, 33 ans, manage huit salariés âgés de 25 à 50 ans qui l’attendaient au virage lorsqu’il a repris l’entreprise l’an dernier. « Je me suis d’abord intégré en tant qu’ouvrier pendant six mois. Il a fallu que je leur montre de quoi j’étais capable… ». Ancien aspirant chez les Compagnons du devoir, il a lui même reçu sa formation de couvreur « à l’ancienne ». Son jeune âge le pousse à introduire l’informatique et les nouvelles technologies. « J’y mets beaucoup de pédagogie car dans ce métier manuel, les habitudes sont solides. ». La gestion des conflits ? « En fait, les tensions peuvent se créer entre jeunes. Je pousse beaucoup à la discussion pour apaiser les esprits. Et ça marche… ».
Il avait démarré avec le fondateur des Charpentes de tradition de Touraine il y a 30 ans quand son patron, Nicolas Gauthier, avait… 3 ans. Aujourd’hui quinquagénaire, Jean-Claude Cibilleau est le plus expérimenté de l’entreprise. « La première fois que j’ai vu arriver Nicolas, j’ai dit : tiens, voilà un nouveau… Je ne me doutais pas encore qu’il deviendrait mon patron ! » Avec ses jeunes collègues qui pourraient avoir l’âge de ses fils, les relations sont plutôt directes : « J’essaie de les booster, de leur parler du respect, de la rigueur, du rangement… J’ai un rôle d’apprenant, de conseiller ».
Jean-Claude en arrive à être nostalgique de ses 20 ans : « On allait moins vite dans le temps… » Toute une époque !
Dany Delaidde a quitté l’école à 14 ans et est entré dans la profession de couvreur à 16. Autant dire que ses repères professionnels, il les a reçus très jeunes, auprès de collègues plus âgés, plus expérimentés. « C’est mieux d’avoir un patron jeune. On se comprend davantage. Je n’ai pas encore 10 ans d’expérience dans le métier de la charpente mais j’ai l’impression d’en apprendre tous les jours et d’évoluer en permanence avec tous les moyens qui sont les nôtres aujourd’hui. Le patron tient beaucoup à la formation hier « les échafaudages », demain les premiers secours. Moi, j’aime ça… Au début, je vouvoyais. Maintenant, je tutoie tout le monde même le boss… » Après les chantiers, place aux jeux vidéos et à l’ordinateur…