Le handicap au travail : un sujet tabou
Trop de salariés cachent leurs déficiences ou handicaps à leur employeur, alors que l’Indre-et-Loire est la championne des aides au poste. « Je pense que nous avons une sous-déclaration de travailleurs handicapés ! » évoque d’emblée Martine Bellemère-Baste, directrice départementale du travail et de l’emploi (Direccte). Un sentiment partagé par Anne Thierry (Explor & Sens) qui s’est reconverti dans le coaching après avoir été victime d’un infarctus de l’oreille : « L’accident peut intervenir à n’importe quel âge de la vie. Quand on accepte son nouveau handicap, on en parle plus facilement. Mais il faut trouver un sens à ce qui vous arrive. Le travail se fait à deux. Or, l’accompagnement psychosocial n’est pas quelque chose de courant. Et certains managers valides ont des difficultés relationnelles auprès des personnes en situation de handicap. Cela renvoie à leur propre peur… ».
Jean-Marc Delom acquiesce. Premier opticien en France à se spécialiser la basse vision, il travaille avec tous les acteurs de l’entreprise : « trop de salariés se cachent par peur de perdre leur emploi et par la peur de la différence ».
Les entreprises sous le seuil
de leurs obligations
Au niveau local, depuis plus de 3 ans, « la direction Orange Normandie Centre propose à tous ses managers, sur la base du volontariat, une formation certifiante délivrée par l’organisme de formation Companieros (organisme de formation spécialisé sur tous les sujets ayant trait à la diversité, ainsi qu’au stress et au bien-être au travail.) La communauté rassemble à ce jour plus de 200 managers. Des sessions « handiformateurs » ont été initiées » précise Bénédicte Faucouneau, d’Orange.
Alors quelle est la réalité des chiffres connus ? Fin décembre, l’Indre-et-Loire comptait 3.430 demandeurs d’emploi handicapés, dont 45 % de femmes. Selon la Direccte, toutes les entreprises tourangelles de plus de 20 salariés sont loin de respecter l’obligation des 6 % de travailleurs handicapés : la moyenne départementale atteint 3,9 %. Vingt collectivités locales – sur les 270 – n’avaient pas encore atteint leur quota.
De son côté, l’Agefiph Centre a publié un tableau de bord du premier trimestre, à fin mars 2014. À l’échelle régionale, près de 15.200 demandeurs d’emploi handicapés étaient inscrits, soit une progression de 8 % en un an (évolution variant de +2 % dans le Cher, +4,8 %, en Indre-et-Loire à +14 % dans l’Indre). Les embauches de travailleurs handicapés en contrats de 3 mois et plus ont progressé de 3 % dans la région en un an (+12 % dans l’Indre) avec plus de 2.600 contrats signés. La part des employeurs publics s’élève à 23 % (de 18 % en Indre-et-Loire à 32 % dans l’Indre) contre 26 % pour le national. Enfin si le nombre de maintiens dans l’emploi est stable au niveau national, il a connu une légère progression dans la région avec 980 personnes maintenues.
Beaucoup d’efforts restent à faire dans l’acceptation du handicap, l’accessibilité aux postes ou aux bâtiments, le recensement des besoins et l’accueil de cette population si utile au travail.