Bio3 : quand l’université s’ouvre à l’entreprise
Le projet est public, mais le privé veille. Le centre de formation Bio3 Institute, formera à Tours les salariés de l’industrie pharmaceutique de demain.
Le « cube », qui ne sera pas forcément carré, est tracé à la craie. La première pierre est espérée pour janvier. La pré- rentrée du Bio3 Institute, ce sont les universitaires qui la font, avec leurs partenaires, devant la maquette exposée sous cloche dans la cour des anciennes casernes du Plat d’Étain. Pour cette cérémonie de lancement très protocolaire, les industriels de la pharmacie sont aussi discrets que la ligne blanche qui esquisse le bâtiment de demain. Et pourtant, ils seront la charpente de ce centre de formation aux métiers du biomédicament et du biocosmétic.
« L’idée même du Bio3 est née d’une demande des grands laboratoires de reconvertir leurs salariés de la chimie du médicament aux biotechnologies », explique en préambule le vice président du groupe IMT (Institut des métiers et des technologies des industries pharmaceutiques et cosmétiques). L’appétit des groupes pharmaceutiques aiguisé par les perspectives de développement des biomédicaments, restait à leur proposer les premiers un catalogue de formation « de pointe ». Voilà l’université François-Rabelais embarquée dans l’aventure, main dans la main avec les industriels.
Un choc culturel… des intérêts communs
Le choc culturel est vite amorti par l’intérêt de chacun : une filière d’excellence européenne pour l’université et des salariés formés presque à la carte pour les entreprises. « La seule véritable concession que nous avons dû faire était d’imaginer une pédagogie un peu différente », pointe Loïc Vaillant, le président de l’université François-Rabelais. Troquer les amphis pour des laboratoires et partager les emplois du temps avec les lieux de stages. « Les entreprises elles-mêmes n’anticipent pas précisément leurs besoins en formation, donc elles nous ont demandé d’établir la pédagogie », continue Loïc Vaillant. A l’université les programmes de licence professionnelle et de master, à l’IMT les CAP et brevets de techniciens.
Visionnaire, le dossier de présentation du projet annonce déjà 1.200 étudiants sortis des formations initiales, 4.200 de l’apprentissage et un millier de salariés formés d’ici 10 ans. Plus modestement, la rentrée 2015 espère une centaine d’étudiants. Là encore, les entreprises ont leur mot à dire : « Comme formation universitaire, il n’y aura pas de sélection à l’entrée… ce sont les entreprises qui réguleront les entrées des élèves selon leurs besoins en apprentis », explique Loïc Vaillant. Elles encore qui pourront alimenter le laboratoire en projets de recherche… et en financement. « La plateforme technique permettra de produire de petites quantités, idéales pour l’innovation », vante Loïc Vaillant.
Au bout de la filière, l’emploi
Ce « mariage de la recherche et de l’industrie, du public et du privé » plaît au maire de Tours, Serge Babary, et au président de Région François Bonneau, soucieux du rayonnement local. A l’État aussi, qui a trouvé là un projet qui coche plusieurs cases de son Programme d’investissement d’avenir, entre « excellence universitaire » et « filière industrielles innovantes » et « santé et biotechnologies ». L’alternance en sus, cet hybride éducatif, qui assure pourtant un taux d’emploi de 80 %. Avec comme débouchés les sites régionaux de la Pharmavalley et de la Cosmétic Valley, et les multinationales de la pharmacopée, le Bio3 pourrait même viser les 100 %. Un cube parfait.