La rigoureuse sélection des intérimaires
Alors que les demandeurs d’emploi se pressent plus nombreux dans les agences d’intérim, celles-ci peinent à trouver des profils très spécialisés.
Des offres de plus en plus rares, des candidats de plus en plus nombreux. Avec un marché de l’emploi qui se rétracte, l’intérim n’est pas épargné : selon les dernières données de l’Insee, il a enregistré en octobre une nouvelle baisse des embauches de 4 %. Certains secteurs sont particulièrement touchés, dont l’absence était remarquable, mercredi, sur les listes de profils très spécialisés recherchés lors de l’opération « Job Dating » organisée à l’agence Pôle emploi de Saint-Cyr-sur-Loire.
Six agences d’intérim (Artus, Randstad, Adecco, Contact, Samsic et Partnaire) y tenaient un bureau pour recevoir plus de 200 candidats triés sur le volet dans les fichiers de Pôle emploi : essentiellement pour des missions d’ouvriers qualifiés et de techniciens dans l’industrie, de rares offres dans la logistique, le transport et le bâtiment, et un secteur marchand absent.
Des profils très ciblés
Faute d’offres, Bertrand, en recherche d’emploi depuis 10 mois dans la maîtrise d’œuvre, n’a décroché qu’un seul entretien ce matin-là. Les boîtes d’intérim, il n’a pas attendu l’opération « Job dating » pour les rencontrer. Mais avec un secteur BTP en berne, « elles ont déjà tellement de CV que c’est difficile de se faire remarquer », pointe-t-il.
A l’inverse, l’industrie est friande de profils qualifiés et très ciblés. « Sur certains postes, nos fichiers sont vides », remarque une représentante de l’agence Artus, qui espère repartir de la rencontre organisée par Pôle emploi avec un vivier de « 100 à 200 contacts » de candidats dotés d’une formation technique : électriciens industriels, peintres industriels, dessinateurs projeteurs, fraiseurs, mécaniciens…
« Les annonces sont devenues très précises, et les employeurs sont devenus difficiles », remarque Philippe Poirier, de l’agence Artus. Face à un afflux de candidats tous azimuts, la sélection est implacable. « Même pour un agent de production [travail à la chaîne], la sélection est devenue trop rigoureuse », regrette-t-il. D’autant que les lignes de sélection bougent peu entre des secteurs spécialisés en tension et des candidats en recherche dans des domaines en berne. « En France, nous n’avons pas encore le réflexe de prendre les compétences pour les orienter vers un autre secteur », estime-t-il.
Résultat, beaucoup d’attente, autant du côté des agences de travail intérimaire, sommée par les employeurs de trouver la perle rare dans une masse de demandeurs d’emplois toujours plus nombreux… Eux aussi dans l’attente.
Mariella Esvant