Dynastie…Le dictionnaire français, dans toute sa rigueur académique, offre deux définitions à ce mot. Qu’elle soit une « suite » familiale ou une « lignée » de souverains, la dynastie reste frappée d’une touche d’une autre époque, plutôt négative. Pourtant, difficile d’y échapper, notamment dans la galaxie économique.
Pour son numéro de rentrée, Cap Eco a choisi, justement, de s’intéresser à ces histoires industrielles et tourangelles, avec un grand H, façonnées par des familles, parfois au fil des siècles, en tous les cas au fil des générations. Génération, c’est peut-être lui le bon mot, celui du bon sens. On y voit entre les lettres, en trichant un peu, une touche de générosité. D’engagement aussi. Mam et toutes les autres, les grands noms d’Indre-et-Loire, les fonderies, des frères et des soeurs qui reprennent les rênes de l’entreprise créée par un aïeul…
Une telle succession, ce n’est pas aussi simple qu’un héritage enregistré chez le notaire, ce n’est pas un tapis rouge déployé au petit dernier qui n’a pas réussi à briller du côté d’HEC. C’est au contraire un sacré pari sur l’avenir. Les exemples que vous découvrirez dans ce numéro content tous des histoires différentes. Ainsi va la vie de l’économie. Les esprits les plus chagrins y trouveront toujours à redire : » fils de, petit-fils de, arrière-petite fille de…, bien moins à la hauteur que… »
Ces patrons nés au coeur d’une dynastie n’en restent pas moins collés à la réalité des marchés. Ils ont repris la barre avec les mêmes objectifs qu’un dirigeant » moins bien né « , qu’un collectif de salariés à la tête d’une coopérative ou qu’une vigneronne qui reprend en main les destinées des vignes familiales : franchir les écueils, conquérir de nouveaux marchés, y associer les salariés sans qui, comme tout autre patron, ils ne seraient rien…En Indre-et-Loire, il y a justement un paquet de bien belles histoires économiques de dynasties, pleines de générosité, de développements intelligents, de changements de cap sacrément bien négociés.
Et en plus de tout cela, il y a aussi une fierté. Celle d’avoir réussi à honorer la mémoire et l’engagement d’un » fondateur » et d’être, encore et toujours, un nom qui compte dans le paysage économique et social du département. Et n’oublions pas qu’au-delà des empires, il existe aussi des artisans, des agriculteurs, des commerçants qui, parfois, ferment boutique, contraints certes par une noire conjoncture économique ou alors plus tristement par l’histoire d’une lignée familiale qui s’éteint.
Jean-Yves Le Nezet
Qui ose, vaincra ! Le titre de l’ouvrage de Paul Bonnecarrère, contant l’engagement des parachutistes de la France Libre en 1944, sonne comme un glorieux cri de guerre. Cette expression est reprise dans l’un des articles de ce nouveau numéro de Cap Éco. Pourquoi tant de bellicisme dans un supplément qui traite de l’économie tourangelle ? Parce que cette phrase sied parfaitement à ceux qui se lancent dans la reprise ou la création d’entreprise, voire même dans l’innovation. Trois mots qui en fait vont très bien ensemble. Dans un contexte économique plutôt morose, ces « guerriers » économiques des temps ultramodernes sont un peu comme le capitaine Conan. Ils ont besoin de cette adrénaline du combat pour vivre et avancer.
En lisant ce numéro, vous verrez qu’il en faut une sacrée dose de culot, de courage, d’ingéniosité, de perspicacité, pour se lancer dans le grand bain. Ils ont 25 ans, des idées et des envies plein la tête, 45 ou 50 et l’envie de rebondir, de gagner, ils créent ou reprennent, innovent dans des domaines qu’ils jugent porteurs. Et tous savent que l’exercice est périlleux. Ces funambules tourangeaux sont des centaines, chaque année, à se lancer dans une bataille où le risque zéro n’existe pas. Accompagnés par la CCI ou la Chambre de métiers, ils avancent dotés d’un paquetage complet. La différence se joue sur l’intelligence, le travail forcené et un peu de chance. Ils sont toutefois nombreux à sortir vivant de cette aventure après avoir bien osé. Ces Tourangelles et Tourangeaux là sèment aussi de l’emploi et mettent ici et là une bonne claque à la morosité.
Innovation ? Non, il y a un mot bien plus fort pour incarner ces valeureux entrepreneurs que cette « innovation » cuisinée à toutes les sauces. Ils incarnent tout simplement les valeurs d’un nom tout simple mais pourtant si beau : le progrès made in Touraine.
Jean-Yves Le Nezet