Kek n’est pas vraiment un blogueur BD. A la base, c’est plutôt un informaticien touche-à-tout plein d’imagination qui avait envie de tester des trucs plus ou moins viables.
En 2003, le jeune Kevin Nave lance donc sa micro-entreprise, Zanorg, dont le nom devient drôle quand on le lit à l’envers. Et il teste des trucs. Pour le grand public, le gros de son travail, c’est la conception de petits objets multimédias ludiques, communément appelés « Jeux chiants ». Pas des jeux ennuyeux, non. Mais des casse-têtes qui obligent le joueur à gérer des paramètres totalement différents en même temps, ou dont les règles changent subitement en cours de partie.
Comme en plus, le niveau de difficulté est tellement dur que la plupart des joueurs ne dépassent pas les 7 secondes de jeu lors de leurs premières parties, et que Chuck Norris apparaît régulièrement pour se foutre de la tronche des perdants, ces jeux méritent bien le qualificatif de « chiants ». Le pire? On ne peut pas s’empêcher d’y rejouer, juste pour se convaincre qu’on peut survivre au moins 8 secondes.
Le plus célèbre de ces jeux est sans doute celui où il faut faire tenir en équilibre une boule sur une planche et rattraper une seconde boule en même temps. Mais il y en a pleins d’autres sur cette page.
On s’en tape des jeux, on veut de la BD
Bref, Kek gagne sa vie grâce à ses créations multimédias, et pas du tout grâce à la BD. Pourtant, sans lui, le petit monde des blogueurs BD ne serait pas le même. Déjà, parce qu’en temps que concepteur multimédia et webmestre, c’est lui qui a réalisé certains blogs tenus par de grands noms de la BD. Ensuite, parce qu’à force de cotoyer des gens qui passent leur temps à dessiner, lui aussi s’y est mis. Et qu’il s’est révélé plutôt doué dans cet exercice.
Depuis 2006, son blog alterne donc créations multimédias et petites BD sans prétentions.
Et à force de gribouiller, il se lance dans un projet de vraie BD, histoire de s’améliorer, d’apprendre à faire une chute à la fin de chaque page, à gérer le suspense… Virginie, une histoire qui sent la colle Cléopâtre, prend vie jours après jours sous les yeux des lecteurs. L’histoire est inspirée d’une expérience réelle de Kek: adulte, il décide de retrouver la fille pour laquelle il avait le béguin, étant adolescent. C’est plein d’humour, de nostalgie et de romantisme, et c’est tellement bon que finalement l’histoire sera publiée en album.
Parmi les créations notables de Kek au fil du temps, citons aussi la série les années collèges (25 planches actuellement, éparpillées dans le blog), dans lequel il raconte sans fard ses souvenirs de ces années de cruauté ordinaire. Selon les moments, c’est très drôle très stupide, voir un peu des deux à la fois. Deux aux hasard, qui m’ont bien fait rire: La prof qui se fait opérer des oreilles et les balles de ping pong terroristes.
Sinon, plus récemment, Kek a donné des arguments pour préférer un téléphone Android à un Iphone, a rappelé à tout le monde que les guitaristes trichent quand ils draguent, et a expliqué pourquoi le charisme c’est important dans la vie. Et c’était à chaque fois bien drôle.
Kek est aussi la mémoire d’internet: depuis quelques semaines, il fête les 10 ans de l’existence des blogs, avec une bd qui revient sur leur histoire (épisode 1, épisode 2, épisode 3, épisode 4, épisode 5).
Faut vraiment que j’apprenne à faire des chutes à mes papiers.