Jean-Pierre Talbot, premier comédien à avoir incarné Tintin sur grand écran a rencontré samedi soir le public du Tap-Ciné de Poitiers.
Le Tintin des années soixante, le seul Tintin de chair et d’os, c’est bien lui. Jusqu’au bout de la houpe qu’il a depuis longtemps perdu au profit, si l’on peut dire, d’un crâne dégarni. Jean-Pierre Talbot, Belge de la bonne ville de Spa et instituteur de son état, 68 printemps aujourd’hui, a construit sa gloire il y a une bonne cinquantaine d’années en incarnant Tintin par deux fois au cinéma.
» J’avais 16 ans je n’étais pas comédien… »
Avec la sortie récente du Tintin en 3D de Spielberg, le voilà de nouveau très sollicité. Il était tout heureux d’être hier soir, dans un Tap Ciné bien rempli, l’invité d’une soirée initiée par la librairie Bulles d’encre et l’association 9 e Art en Vienne pour une rencontre avec le public à l’issue de la projection de « Tintin et le mystère de la toison d’or » (1961). Le film, présenté samedi dans une bonne vieille copie 33 mm striée par le temps, déroule toujours ce charme naïf du début des années 60, avec un énorme Georges Wilson (le père de Lambert) dans le rôle du capitaine Haddock. « Il était un peu cabotin, se souvient Jean-Pierre Talbot, Mais je lui ai rappelé que la vedette, c’était tout de même Tintin. Et il en a convenu. »
Il faut dire que pour parler de son aventure au cinéma, ce Tintin-là est lui-même, sinon « cabotintin », du moins intarissable. « J’avais 16 ans, je n’étais pas comédien, juste moniteur de sport et on m’a un jour demandé si je connaissais Tintin… »
Quelques bouts d’essai plus tard, le voilà propulsé dans la peau du héros de papier, non sans avoir été comme « adoubé » par Hergé : « Il a incliné la tête, a posé la main sur moi et a juste dit » Oui, c’est bien lui »… » Mais Hergé n’a jamais assisté aux tournages : « Il avait coutume de dire qu’il n’aimait pas qu’on le regarde dessiner derrière son épaule… » Après ses deux films, Jean-Pierre Talbot en avait pourtant définitivement fini avec le cinéma. « Mais j’étais devenu Tintin, et je le reste aujourd’hui, 52 ans après le premier tournage, malgré mes lunettes et ma calvitie. Peut-être pas pour les plus jeunes mais au moins pour les vieux Tintinophiles ! » Encore que ses propres petits-enfants lui ont trouvé un joli surnom : Papy Tintin. Presque de quoi rendre jaloux celui de la BD qui, lui, ne vieillira jamais…
Frédéric Delâge
> Aller plus loin avec cette interview de Jean-Pierre Talbot réalisée il y a quelques semaines.