Le début des années 1950 va sonner le glas des strips dans la Nouvelle République. L’Américain Dick Browne fera exception, mais ce sera beaucoup plus tard dans le temps et dans l’histoire de la BD dans le quotidien du Centre-Ouest.
Pourtant, alors que démarraient déjà des bandes dessinées plus classsiques (de Robert Bressy ou de Hans Kresse, Oncle Erwann en parlera très bientôt), quelques survivants vont faire des apparitions que l’on pourrait qualifier d’anecdotiques. Ils ne faisaient d’ailleurs pas partie de l’exposition qui sert de référence à ce blog.
Mais quand même, ils sont là, ces passagers de quelques semaines.
En voici trois qui ont laissé des traces ailleurs plus importantes, mais dans d’autres colonnes que celles de la NRCO.
L’histoire
Riri (ne pas confondre avec Riri, son altesse du Belge Willy Vandersteen).
Un charmant garçonnet aux cheveux blonds et à la culotte de golf sur des strips en deux images (parfois même une seule). Trois mois de présence dans les pages de la NR, du 13 octobre au 15 décembre 1952. Publié d’abord chaque jeudi dans la page Jeunes animé par Maurice Parent et son Coin-Coin (oui, oui, Oncle Erwann en reparlera, on a compris !) puis de manière plus quotidienne.
L’auteur
Maurice-Albert Chénechot (dit Mac, dit Chen ), octobre 1912 – juillet 2001.
Avec les blouses blanches du service Dessin et beaucoup, beaucoup plus tard Bernard Capo, Chen sera l’un des rares auteurs régionaux à travailler dans la Nouvelle République.
Carrière étonnante que celle de cet artiste originaire d’Issoudun, dans l’Indre auquel la ville dirigée par André Laignel a rendu hommage à l’été 1988. Déjà très fatigué, Chen n’avait pu se rendre à cette exposition organisée à la maison du Berry. Deux ans auparavant, c’est aussi le Cercle amical du Berry à Paris qui avait organisé dans la mairie du VIe arrondissement une rétrospective intitulée « Humoristes berrichons » où Maurice Chénechot partageait la vedette avec Roland Moisan (né en 1907 à Bourges), célébrissime journaliste-dessinateur du Canard Enchaîné qui croquait la Cour du général de Gaulle (lequel appelait l’hebdomadaire satirique : « Le volatile ! »).
D’abord violoniste de talent, Maurice Chénechot doit changer de métier après un problème physique (l’adinite du cou) et se lance, dans les années 1937 à 1942, dans le dessin d’humour. Et plus spécifiquement dans la caricature ! Caricature de la vie locale d’Issoudun (ce qui lui avait déjà valu, lycéen, d’être contraint changer d’établissement après un portrait peu apprécié du directeur) sous le pseudonyme de Mac (les initiales de Maurice-Albert Chénechot). C’est d’ailleurs sous ce nom davantage que sous celui de Chen (qu’il a adopté après la guerre) que les Issoldunois le connaissent avec deux albums publiés localement*.
Au début des années 1950, il fait donc un passage éclair dans les pages de la Nouvelle République, mais va connaître une vraie carrière dans les grands hebdomadaires parisiens avec des milliers de travaux. Dans France Dimanche, il va succéder à Jacques Faizant, et se lier d’amitié avec un autre grand humoriste de ces années-là, Jean Bellus, l’auteur de Clémentine Chérie. Mais il va aussi signer dans Don Quichotte, Le Hérisson, le Pèlerin qui vont publier ses dessins ainsi que Paris-Jour dans lequel serait né le charmant et espiègle Riri.
La bonne réputation de Maurice Chénechot lui a survécu puisque début octobre 2011, l’un de ses dessins figurait encore dans une grande vente aux enchères d’un commissaire priseur parisien spécialisé (Robert & Baille). Ellese nommait « Le dessin d’humour au XXe siècle » et quatre dessins de Chen y étaient mis en vente.
* Notre confrère « Le Berry Magazine » a publié sa biographie en 1988. Merci aux archives municipales d’Issoudun pour leur aide.
A suivre…