Avec ce prix, l’ACBD, l’Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée, consacre un très grand talent. Celui de Bastien Vivès, 27 ans, déjà remarqué par la qualité de ses précédents ouvrages, mais qui, avec Polina, signe son premier chef-d’oeuvre.
Polina est un merveilleux portrait. Dès la première image, on ressent parfaitement les états d’âme de la petite fille que nous allons accompagner jusqu’à l’âge adulte. Polina est danseuse. Le pari est osé, car il est bien difficile de faire vivre la danse en bande dessinée. C’est aussi une réflexion sur la création. Polina parle en profondeur de la relation unique qui s’établit entre le maître et l’élève. Sans doute parce que Bastien Vivès, jeune encore, se souvient de ses années passées à l’école des Gobelins à Paris, dont il a suivi les cours de dessin et d’animation. Virtuose leçon de dessin, au noir et blanc plein de douceur rehaussé d’aplats gris, Polina sous le label KSTR est l’un des plus remarquables albums de la saison de bande dessinée.
Bastien Vivès est né à Paris le 11 février 1984. Il a suivi des études spécialisées de dessin, d’arts graphiques et d’animation. Nous retiendrons de sa production les ouvrages signés sous le label KSTR : Hollywood Jan en tandem avec Michaël Sanlaville (2008), Le Goût du Chlore (2008) primé au festival d’Angoulême, Dans mes yeux et Amitié étroite (2009), Polina (2011). Aux éditions Dargaud, il signe avec Merwan, à quatre mains, la trilogie Pour l’Empire (2010-2011). Sa plus récente production a pour titre Les Melons de la colère, essai de BD pornographique aux éditions Les Requins Marteaux. Signalons enfin son intérêt pour les nouvelles technologies. Il tient son propre journal numérique et participe activement au feuilleton Les Autres gens, d’abord diffusé sur Internet et publié aux éditions Dupuis.
Le but du Grand Prix de la Critique Bande Dessinée / ACBD est de « soutenir et mettre en valeur, dans un esprit de découverte, un livre de bande dessinée, publié en langue française, à forte exigence narrative et graphique, marquant par sa puissance, son originalité, la nouveauté de son propos ou des moyens que l’auteur y déploie.»
L’ACBD compte 76 journalistes et critiques qui parlent régulièrement de bande dessinée dans la presse écrite, audiovisuelle, nationale et régionale, et pour les nouvelles technologies. Cette année, le Grand Prix de la Critique de l’ACBD a été choisi parmi quelques 3863 nouveautés publiées dans l’espace francophone européen (France, Belgique, Suisse) entre novembre 2010 et fin octobre 2011 : une production en augmentation constante depuis désormais seize ans.