Certains noms de famille sont amusants parce qu’ils évoquent spontanément un personnage de bandes dessinées. Mais comme la BD n’a qu’un siècle d’existence, ces patronymes ont pourtant un autre sens.
Bidochon. Une quarantaine de personnes s’appellent Bidochon en France. La BD décrit un couple caricatural de Français moyens, râleurs, querelleurs et casaniers : Les Bidochon assujettis sociaux, Les Bidochon en voyage organisé, etc. La signification du nom reste incertaine, mais dériverait sans doute du verbe bider, signifiant trotter et surnommant un coursier.
Cru (comme Carmen). Le nom de l’increvable grand-mère avare et râleuse dessinée par le Tourangeau Lelong est porté par 220 personnes bien réelles. Ce nom a deux sens possibles : cruel (cru en occitan), ce qui convient bien au personnage de papier, ou creux (évoquant alors la localisation de la maison initiale de la famille dans un creux de terrain).
Tintin en Guadeloupe
Spirou et Spiroux. Il existe quelques Spirou et une cinquantaine de Spiroux. On les trouve en Bourgogne et… en Belgique, comme la bande dessinée ! Le nom évoquerait une auberge dont un « écureuil » était l’enseigne.
Talon (comme Achille). Le bedonnant, bavard et pantouflard Achille Talon joue de l’humour décalé. Les 4.000 Talon de France n’ont rien à voir avec le pied : leur patronyme dérive d’un ancien nom de baptême germanique Talo (de la racine tal, vallée) ou rappelle la localité d’origine de la famille.
Tintin. On compte 120 porteurs de ce nom, presque tous en Guadeloupe. Ce petit surnom affectueux y a été donné à des affranchis lors de l’abolition de l’esclavage en 1848. Mais on ne sait pas si les Tintin d’aujourd’hui portent sur le front la houppette du héros des BD d’Hergé…
Marie-Odile Mergnac
(article publié dans la Nouvelle République du 19 décembre 2011)