Pénélope Jolicoeur, l’identité hors cases

Pendant longtemps, Pénélope Jolicoeur fut considérée comme une blogueuse pour nana. C’était faux, bien sûr, mais c’était souvent à cela qu’elle était résumée. Il faut dire que quand son blog est apparue, en février 2007, il a rapidement eu un succès fou auprès de la gent féminine. Elle y mettait principalement des vignettes dessinées, style dessin de presse, parlant parfois de ce qu’il est convenu d’appeller « la vie des filles » (fringues, chaussures, amour et autres petits riens), mais aussi de tout le reste (boulot, voyages, amis, galères…).

Et puis est arrivé ce qu’il est convenu d’appeler « le procès des blogs girly », il y a quelques mois: un mini-débat pas forcément très intéressant appelant à mettre au bûcher les blogs BD de filles réduisant les filles à des machines à consommer des chaussures Louboutin.

A peu près au même moment, Pénélope Jolicoeur a mué. Une mue probablement entamée bien avant, mais qui s’est concrétisé sur son blog par un changement drastique: son avatar humain s’est transformé en animal, dans la grande tradition de la bédé antropomorphiste. Après une petite transition pour faire passer la pilule, le nouveau cap est posé, et depuis, Pénélope blog en renarde.

Du coup, son blog est un peu moins girly, un peu plus généraliste, toujours aussi intéressant. Un peu moins souvent mis à jour, aussi. Parce que suite au succès de son blog, Pénélope Jolicoeur est passée des pages girly des magazines aux rayons des libraires BD.

Son blog, Ma vie est tout à fait fascinante , a été publié, et Pénélope a également créé joséphine, sa première héroïne, toujours girly, mais moins inspirée de sa propre vie.

Puis est paru Cadavre exquis , qui changeait totalement de style, abandonnant le girly pour une histoire moins sectorisée.

Et dans quelques jours arrive « La Page Blanche », qui s’annonce comme un petit événément dans les blogs BD: au dessin, Pénélope Bagieu, qui est manifestement toujours capable de dessiner des jolies filles, même sans poils. Et au scénario, Boulet. Deux auteurs de la même génération, celle des blogs BD. Les deux auteurs principaux de ce mouvement, peut-on dire, en tout cas les plus populaires, chacun dans leur style. Deux caricatures, attaqueront ceux qui regardent cela de loin: d’un côté, le mec geek, de l’autre, la fille superficielle.

Et une BD qui promet d’être tout le contraire de tout cela. Une histoire qui tourne autour de la perte de mémoire, vu les premières pages publiées, mais qui devrait s’attaquer à la question de l’identité en général, et à la façon dont chacun s’enferme, ou se retrouve enfermé par les autres, dans des cases. Et sur la façon dont on peut, aussi, s’en évader…

Tiens, ça rappelle une blogueuse BD qui avait eu un succès fou il y a quelques temps. Elle s’appelait Pénélope Jolicoeur, et était considérée comme un blogueuse girly. Je sais pas trop ce qu’elle est devenue. Par contre, y’a une Pénélope Bagieu qui s’améliore vraiment avec le temps.

• www.penelope-jolicoeur.com
• La page blanche, éditions Delcourt, sortie le 18 janvier 2012.

Edit : On me reproche dans l’oreillette de ne pas avoir vraiment fait un portrait de blog… C’est pas faux, contrairement aux autres papiers de la rubrique Blogs en Stock, celui-ci n’a pas de lien vers les notes marquantes. Un second papier réellement consacré au blog arrivera un de ces jours.

Edit 2 : Pénélope Bagieu précise (très gentiment) qu’elle n’a jamais utilisé Pénélope Jolicoeur comme pseudo, ni n’a eu de personnage portant ce nom. Pas faux non plus. Ce n’est que l’url de son blog. Mais la confusion est quand même présente dans l’esprit de la plupart de ses lecteurs.

Je profite de l’occasion pour faire une précision: la rubrique Blog en Stock est consacrée à des portraits de Blogs BD, et pas des portraits de blogueurs / blogueuses. J’y traite donc de la façon dont je perçois un blog et le travail qui éventuellement en découle, plus que de l’auteur en lui-même.

Edit 4: La Page blanche est sorti !