A l’ombre des bulles pleines



L’édition 2012 du festival de la bande dessinée d’Angoulême restera un grand cru. Grâce à un président exceptionnel, une météo pas trop hivernale et un public accro.

Le chiffre de 220.000 visiteurs devrait être atteint. Avec des bulles pleines à craquer. (Photo Patrick Lavaud)

Où çà la crise ? Il ne reste au jury de la 39e édition qu’à réussir cet après-midi ses choix pour que la fête soit complète. Les politiques, année électorale oblige, se sont rué dans la capitale charentaise : Laurent Wauquiez, Jean Léonetti, Frédéric Mitterrand (un trio côté ministres), Eva Joly, François Bayrou (un duo côté candidats) et la locale de l’étape, Ségolène Royal (qui, région davantage Charentes que Poitou oblige, a fait livrer du cognac à Art Spiegelman).

Les bulles affichent complet

Ah, Art Spiegelman. Star outre-Atlantique, avec des caprices de star, des exigences de star mais un bonhomme dont l’œuvre et la vision qu’il a de son art (sans jeu de mots) ont écrasé tout le reste. Une expo (superbe) qui retrace l’histoire de la bande dessinée (et notamment dans son expression underground) et une autre qui retrace l’incroyable fêlure qu’il porte avec Maus et cette bataille qu’il a dû mener (mais pas gagner) pour être autre chose que l’homme des souris en pyjamas rayés. Ces deux expos pour un seul Grand Prix posent d’ailleurs question. Les festivaliers qui ont fait la queue pendant des heures dans les bulles surchauffées s’en moquent probablement mais à ce rythme-là, il y aura bientôt deux festivals BD parallèles à Angoulême.

Les giboulées glaciales du week-end ont alterné avec des températures suffisamment douces pour voir des milliers de fans déjeuner (casse-croûter serait plus exact) dehors et les terrasses des cafés afficher complet. Comme affichaient complet les « rencontres » du Théâtre avec l’Angevin Davodeau ou l’Italien Matotti, par exemple. Tiens, en voilà deux dont les noms circulent.

Le premier pour le meilleur album mais le Poitevin Pedrosa ou surtout le gamin de Paris, Bastien Vivès (couvert de prix dont celui des journalistes critiques de l’ACBD), tiennent la corde. Le second, parce que son amitié picturale avec Spiegelman le désignerait comme le Grand Prix. Voilà qui fera rugir les puristes de la bande dessinée qui préféreraient un Herman (Jérémiah), un Cosey (Jonathan), voire un Nicolas de Crécy dont le travail multiforme pourrait aussi plaire au président Spiegelman.

C’est vrai, la crise est peut-être là : il n’y a plus de super expo scénographiée au CNBDI ; les stands des maisons d’éditions ne donnent plus dans la démesure ; les marques ont envahi le territoire dessiné avec délectation… mais la passion des amateurs ne faiblit décidément pas et Angoulême reste la plus vibrante des grands messes.

Palmarès dimanche à partir de 16 h. A découvrir sur www.lanouvellrepublique.fr et sur Case Départ dès la fin de la cérémonie officielle.

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À propos de Erwann Tancé

C’est à Angoulême qu’Erwann Tancé a bu un peu trop de potion magique. Co-créateur de l’Association des critiques de Bandes dessinées (ACBD), il a écrit notamment Le Grand Vingtième (avec Gilles Ratier et Christian Tua, édité par la Charente Libre) et Toonder, l’enchanteur au quotidien (avec Alain Beyrand, éditions La Nouvelle République – épuisé).
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