Yoshihiro Tatsumi est l’un des mangaka les plus reconnu du Japon. Le fait marquant de son oeuvre: il est l’inventeur du Gekiga, bande dessinée pour adulte. Pas pour adulte dans le sens érotique ou explicitement sexuel, mais pour adulte qui demandent des histories profondes, des personnages à la psychologie travaillée et qui ne sont pas rebutés par les sujets politico-sociaux.
Une démarche et une vie qu’il raconte dans son autobiographie dessinée, « Une vie dans les marges ». Un ouvrage qui a reçu, dimanche dernier, le prix « Regard sur le monde » au festival international de BD d’Angoulême.
Le jour précédent, toujours au festival d’Angoulême, la version animée de cette autobiographie dessinée, réalisée par le singapourien Eric Khoo, était projetée en avant première. Le film est sorti ce mercredi 1er février dans toutes les salles. Et il est très bon.
Eric Khoo a eu la bonne idée d’alterner, dans ce film, les moments où la vie de Tatsumi est racontée, et cinq histoires sorties de son imagination, qui résument son travail. Le résultat est protéiforme, et souvent excellent.
Ceux qui (comme moi) ne connaissaient pas Tatsumi découvriront à la fois un auteur complet, capable de monter des histoires dures, poignantes et intelligentes, et le cheminement personnel et intellectuel qui l’a poussé dans cette voie.
Le film vaut aussi pour sa leçon graphique: le dessin est évolutif selon les scènes, le réalisateur utilisant aussi bien un trait de crayon expressionniste et dépouillé que des ambiances noires et déprimantes ou des paysages colorés et fourmillants de détails. A voir, donc, mais pas avec des enfants: malgré l’affiche gentillette et le dessin assez rond de l’auteur, les sujets abordés sont clairement adultes.