En cette année de cinquantenaire des accords d’Evian, les ouvrages sur cette période sont nombreux. La bande dessinée y prend d’ailleurs une large place.
Avec son Charonne-Bou-Kadir, sous-titré « Une enfance à la fin de la guerre d’Algérie », Jeanne Puchol signe un ouvrage documentaire attachant, à mi-chemin entre la BD et le texte illustré (les amateurs de polar auront remarqué il y a quelques années son illustration de Meurtres pour mémoire de Didier Daeninckx, Futuropolis)
Les souvenirs de ses parents
L’auteur a centré son récit autour des deux dernières années de la guerre d’Algérie (1961-62) Un récit à deux voix dans lequel ces sont ses parents qui évoquent leurs souvenirs: la manifestation contre l’OAS du 8 février 1962, une marche qui fera neuf morts parmi les militants du PCF et de la CGT.
A l’époque, l’auteur n’avait pas encore cinq ans. Elle cherche donc à transmettre une histoire encore douloureuse dans la mémoire de bien des hommes, des deux côtés de la mer Méditerranée.
Construit sur des noirs profonds, des slogans d’époque dont les lettres jalonnent quasiment chaque planche, ce Charonne-Bou-Kadir propose un regard aigu sur cette période encore à vif de notre histoire contemporaine. Les lettres « OAS » y deviennent parfois « CHAOS », « CHARONNE »se transforme en « Carnages », « BARBARIES » s’assimile à « BARBOUZES ».
Un bon moyen de se familiariser avec cet épisode tragique d’une guerre qui ne voulait pas dire son nom.
- Charonne-Bou Kadir (1961-1962) Une enfance à la fin de la guerre d’Algérie
- Auteur: Jeanne Puchol
- Editeur: Tirésias
- Prix: 12, 20 €