L’Amérique des années soixante n’était pas le paradis des hommes libres. Ici et là, dans les états du Sud, de Los Angeles à Washington, le peuple noir était victime au quotidien de la ségrégation raciale.
C’est le sujet du premier opus de Motherfucker, album publié récemment par Sylvain Ricard et Guillaume Martinez chez Futuropolis. L’histoire se situe précisément à Los Angeles, dans le quartier de Watts, resté célèbre pour les émeutres survenues en août 1965 à la suite du 100e anniversaire de l’abolition de l’esclavage aux Etats-Unis.
C’est là qu’habite Vermont Washington, jeune afro-américain et sa famille. Ils sont victimes du racisme ordinaire qui sévit dans un pays où le Ku Klux Klan a encore pignon sur rue…Au travail, à l’école, dans les lieux publics, c’est l’exclusion, la discrimination générale.
Un combat sans merci
Si le père de Vermont semble résigné, le jeune homme a choisi de rejoindre le Black Panther Party, mouvement révolutionnaire afro-américain qui va combattre pied à pied le « pouvoir blanc », prônant le recours à l’action directe et à l’autodéfense.
Vermont est convaincu que le « Ten point plan », le programme en dix points des Black Panthers est immédiatement applicable: liberté, plein emploi, logements dignes, éducation…Autant que les blancs et leur capitalisme oppresseur, ceux-ci ont droit aussi au meilleur…
Le scénario de cet album reprend tous ces points, les illustre de manière parfois un peu trop didactique. Vermont et ses proches sont des personnages de fiction mais ce qui leur arrive tient de l’histoire avec un grand H, celle de l’Amérique avant Obama.
Un second tome est prévu aux « aventures » de Vermont Washington. Ses planches noir et blanc réhaussées au lavis donnent à cet album son atmosphère sombre et tragique. On attendra la suite avec une certaine impatience.
- Motherfucker, première partie
- Scénario: Sylvain Ricard
- Dessin: Guillaume Martinez
- Editeur: Futuropolis
- Prix: 15 €
- Parution: 7 juin 2012