Après les très beaux albums Lomax, Le rêve de Meteor Slim ou encore Les jumeaux de Conoco Station, Frantz Duchazeau revient avec une nouvelle bande dessinée sur l’univers de la musique BlackFace Banjo.
BlackFace Banjo raconte l’irrésistible ascension d’un jeune vagabond noir unijambiste, dans une troupe de comédiens-musiciens à la fin du XIXe siècle aux Etats-Unis. Cet album est une vraie comédie dramatique où le burlesque se mêle à la tragédie.
À la fin du 19e siècle aux États‐Unis, des spectacles itinérants appelés
Minstrel’s Shows ou Medicine Shows se produisaient dans le pays,
au cours desquels des blancs se grimaient pour parodier les noirs d’une façon caricaturale. Ces comédiens blancs faisaient souvent passer les afro-américains pour des sauvages, sous le biais de la comédie. Ces spectacles aux relents racistes se déroulaient sur les places des villes et villages ou dans les fêtes foraines.
Pour répondre à ces représentations, un groupuscule Le Coon Coon Clan, incendiait le matériel ou frappait les comédiens.
Notre héros, un jeune vagabond noir à la jambe de bois, mendie dans la rue afin de pouvoir survivre et glaner quelques pièces. Alors qu’il se met à danser, un irlandais lui propose de rejoindre sa troupe de Medecine Shows. Habile danseur et joueur de banjo, le patron, lui trouve alors son nom de scène : BlackFace Banjo. Il accepte de le rejoindre et pense qu’en amassant beaucoup d’argent, il pourra s’offrir une nouvelle jambe. Il est tout de suite accepté par la troupe, qui vend un élixir magique, préparé par un indien.
Frantz Duchazeau continue, avec BlackFace Banjo, ses pérégrinations dans l’Amérique profonde. Après des albums sur la musique et les musiciens noirs américains du début du 20e siècle, il emmène le lecteur dans l’univers des spectacles de la fin du 19e. Il continue de raconter l’histoire des Etats-Unis par des anonymes qui feront la grande histoire. Il dépeint d’une manière admirable les conditions de vie des noirs américains. Il met en lumière le racisme et la ségrégation que ces derniers pouvaient subir, à travers ces curieux spectacles.
Le trait de Duchazeau magnifie le noir et blanc, il excelle dans les mouvements de danse de BlackFace Banjo. Enfin, un jolie trouvaille au niveau narratif permet à l’auteur de remplacer les dialogues par des dessins dans les phylactères de certaines planches.
Un album qui nous transporte dans un univers très peu connu des européens et qui rend hommage à Charlie Chaplin à travers le jeune héros danseur. Le lecteur ne lâchera pas l’album avant la fin tant le scénario et le parti pris narratif, le tiendra en haleine jusqu’au bout. Un sublime album.
- BlackFace Banjo
- Auteur: Frantz Duchazeau
- Editeur: Sarbacane
- Prix: 23.50 €
- Sortie: 3 avril 2013
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