Asa arrive un jour dans sa nouvelle école d’art. Cette jeune femme, assez mal dans sa peau, va trouver auprès des étudiants qui l’entourent un peu de cette confiance en soi qu’elle avait perdu. Au cours d’une soirée, elle va croiser la route du beau Nils, un garçon qui semble différent des autres et qui va bientôt la séduire. Pour Asa, c’est en fait le début d’une longue descente aux enfers. Ainsi commence « 7e étage » d’Asa Grennvall, publié chez Agrume.
Elle est amoureuse, il la protège. « Mais parfois, il se comportait de manière un peu étrange » note la narratrice dans son récit. Nils se fâche si elle ferme les yeux quand il l’embrasse ou quand elle ne fait pas assez attention à lui.
Peu à peu, l’idylle vire au cauchemar. Nils devient violent, d’abord en paroles puis en gestes, sans qu’Asa ne comprenne véritablement ce qui lui arrive. A sa demande, elle essaie de changer et renonce bientôt à ce qu’elle était avant. Elle ne se maquille plus, jette ses livres et ses disques…Ce ne sera pas suffisant…
Le courage de se reconstruire
Un jour, alors que les scènes de jalousie et les humiliations se multiplient, Nils lâche ses premiers coups. Asa va alors avoir le courage de se rebeller et de quitter l’appartement. Elle retourne chez son père qui va l’aider à déménager. Asa a porté plainte et un procès s’annonce. Un an et demi plus tard, la cour fédérale juge Nils et le condamne à une peine de prison avec sursis. Commence alors pour Asa un long chemin, celui de la reconstruction et de la reconquête de la confiance.
Journal intime illustré, autobiographie portée par un graphisme noir et blanc sobre mais très efficace, ce « 7e étage » vient nous rappeler la condition des femmes victimes de violences conjugales. Dans la postface de cet ouvrage, signée par le mouvement Amnesty international, on nous rappelle par exemple qu’en France, » une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint » et qu’il faut « lutter dès l’enfance contre les stéréotypes confortant la domination de certains hommes sur les femmes« .
Ce livre à sa manière y contribue, par sa force et sa tragique simplicité. On vit de l’intérieur le mécanisme de déconstruction de soi et d’asservissement au sein du couple. Sorti en Suède en 2002, il s’agit en fait du projet de fin d’études d’Asa Grennvall, aujourd’hui l’une des dessinatrices les plus célèbres en Suède.
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7e étage
- Auteur: Asa Grennvall
- Editeur: l’Agrume
- Traduction française de Chloé Marquaire
- Parution: mai 2013
- Prix: 16 euros