Le propre des monuments, c’est d’être admiré, encore et toujours, bien des années après qu’ils aient été construits. En BD comme ailleurs, ceux-ci font l’objet de pèlerinages…Et de rééditions. C’est ce que Glénat a entrepris depuis quelques temps avec l’oeuvre de l’illustrateur, scénariste et dessinateur italien Milo Manara.
Depuis 1969, avec son trait souple, aussi souple que les chairs et les formes féminines qu’il s’applique à reproduire dans ses albums, l’homme s’est imposé comme le chef de file de la bande dessinée à caractère érotique. En 1984, avec la parution en France du fameux Déclic, il sort cette dernière des rayons confidentiels et lui redonne ses lettres de noblesse. Suivront dans la même veine Le parfum de l’invisible, Candide Caméra, Kama Sutra, sans oublier la série des Aventures de Giuseppe Bergman.
Clins d’oeil politiques
En juin, Glénat a offert aux amateurs de l’oeuvre du maître italien un retour aux sources avec Le singe, paru une première fois en 1976 dans Charlie mensuel. Manara a travaillé ici avec son compatriote Silverio Pisu pour une adaptation d’un conte chinois du XVe siècle, la geste de Sun-Wu-k’ung, le singe magique.
« Un jour, raconte cette épopée, les essences pures de la terre, la vigueur de la lumière, les délicieux arômes du ciel fécondèrent par magie un rocher. Celui-ci engendra un oeuf, qui s’ouvrît au vent. De l’oeuf naquît un jeune singe de pierre, parfait à tout point de vue… » A partir de ce mythe, Manara et Pisu vont dérouler toute une série d’événements au travers desquels le singe va devoir affronter les dieux et demi-dieux de l’Olympe chinois, dont le tout-puissant empereur de Jade.
Echevelée, un peu loufoque, cette histoire est peuplée de créatures très dénudées et lascives, laissant déjà transparaître les albums futurs de Manara.
Mais il n’y a pas que cela. Dans l’avant-propos du Singe, l’auteur lui-même concède que les parallèles tracées ave cla monde moderne sont volontaires. Le personnage du jeune singe étai ten effet souvent cité par le président de la Chine populaire des années 70, Mao Zedong, qu’il considérait comme le symbole de la lutte du peuple contre l’oppression.
Côté dessins et cadrages, le maître transalpin rend également un hommage appuyé à d’autres grands dessinateurs très en vogue alors, Moebius et Philippe Druillet. On ne pouvait être en meilleure compagnie…
-
Le Singe
- Dessin: Milo Manara
- Scenario: Silverio Pisu
- Editeur: Glénat
- Parution: juin 2013
- Prix: 19,50 €