Pour cette dernière semaine du mois de septembre, Case Départ vous propose sa sélection d’albums de la semaine. Parmi ces dernières nouveautés, il y a pour vous quelques petites merveilles : Un très bel album sur les célèbres agents spatio-temporels Valérian et Laureline : Souvenirs de Futurs, Celle qui fut : une nouvelle aventure de Jonathan du grand auteur Cosey, un album qui nous place dans la tête d’un tueur en série : Killing Time, la réédition d’un recueil de mangas Le temps des cerisiers, du créateur de Cat’s Eye, Tsukasa Hojo, Tropézienne Dum Dum : une nouvelle aventure humoristico-policière de Léo Loden, un album sur les traces d’une civilisation disparue : Lancaster.
Nous vous proposons, pour quelques pages de plus, quatre albums : Les épisodes lunaires, Punk rock Jesus et Yves + Guillaume. Bonnes lectures !
Valérian et Laureline : voyages dans le passé
Pierre Christin et Jean-Claude Mézières avaient laissé leurs héros, Valérian et Laureline, à l’âge de l’enfance dans le tome précédent L’OuvreTemps. Un album publié, il y a trois ans et qui venait clôturer les aventures des deux célèbres agents spatio-temporels. Mais les deux auteurs ne pouvaient pas en rester là. Ils ont décidé de publié un nouvel opus en changeant de point de vue de la série avec ce vingt-deuxième tome, Souvenirs de Futurs.
Laureline et Valérian se muent en agents touristiques dans ce sublime album, à travers une dizaine d’histoires courtes. Les personnages principaux de la série nous font (re)découvrir les lieux visités lors des 21 tomes précédents.
Laureline se demandera ce qu’elle aurait pu devenir si elle n’avait pas rencontré Valérian, dans la forêt d’Arelaune. Valérian, quant à lui, se souviendra du New-York de 1986, celui de l’album La cité des eaux mouvantes. Les deux agents feront aussi une visite commentée de l’intérieur de Point Central. Les sympathiques Shingouz se remémoreront leur rencontre avec la jeune femme sur Syrte-la-Magnifique. Les lecteurs retrouveront aussi les guerriers Kamuniks, les héros de l’Equinox ou encore le créateur des Terres truquées.
Agréable, émouvant et souvent drôle, le récit de Pierre Christin est empreint d’une douce nostalgie et de mélancolie. La distance par rapport à leurs héros permet de distiller une ironie très drôle ; la même que l’on retrouve dans les albums précédents. L’imagination du scénariste est toujours aussi débordante, ce qui fait de l’univers de Valérian, un monde foisonnant de créatures toutes plus folles les unes que les autres. Il n’y a pas de nouvelles histoires dans Souvenirs de Futurs, juste des histoires revisitées par les deux auteurs ; une manière de boucler la boucle. Le trait de Jean-Claude Mézières, immense dessinateur, est toujours magnifique. Les dessins sur des doubles pages, peintes en couleurs directes, sont sublimes. Valérian et Laureline ont souvent laissé une belle impression de leur passage sur les planètes qu’ils ont visité, comme dans la mémoire des lecteurs de cette formidable série de science-fiction. L’un des plus beaux hommages que pouvaient offrir leurs auteurs à leurs héros de papier.
- Valérian et Laureline, tome 22 : Souvenirs de Futurs
- Auteurs : Pierre Christin et Jean-Claude Mézières
- Editeur: Dargaud
- Prix: 11,99 €
- Sortie: 20 septembre 2013
Plongée dans l’adolescence de Jonathan
La très belle série Jonathan, de Cosey, est de retour avec ce nouvel album Celle qui fut. Après une escale au Japon dans l’opus précédent, Atsuko, le héros est de retour en Inde où il fait une halte avant de regagner l’Europe. Mais un souvenir remonte à la surface qui risque de l’ébranler dans ses convictions.
Inde. La moto de Jonathan est en panne, le voilà obligé d’utiliser un train assez improbable pour se déplacer. Alors que son séjour doit se prolonger, Jon flâne dans le marché local. C’est à ce moment là qu’il reconnaît le mainate Garuda, le volatile bavar qui a appartenu à April. La jeune femme fut camarade de classe de l’aventurier, dans un collège de l’Uttarakhand, lorsque ses parents étaient en poste à Delhi.
Jonathan n’a pas oublié le fort caractère de celle qui se faisait appeler April, en référence à Ella Fitzgerald. De son vrai nom, Ambapali, elle voue un culte à Kâli, la déesse du temps et de la mort et à son troisième œil ; et méprise toute sorte de peurs.
Jon décide alors de partir sur les trace de la jeune femme. Pour cela, il se rend dans son ancien collège de l’Himalaya mais découvre rapidement qu’April est pourchassée par la pègre locale, Mumbaï, parce qu’elle recherche des documents qui lui permettraient de faire condamner le Tigre Rouge, l’assassin de ses parents.
Cosey est un très grand auteur de bandes dessinées, et il le prouve de nouveau avec Celle qui fut. Rafraîchissant, le récit du suisse nous plonge dans l’enfance et l’adolescence de son héros, grâce à de subtils flash-backs très bien maîtrisés. Cette part de nostalgie de Jonathan est présente aussi par les hommages que rend l’auteur à ses lectures d’enfance de Jijé à Lucky Luke, en passant par les Schtroumpfs, Disney ou encore Blake et Mortimer. Les lecteurs ne seront pas déçus par les planches admirables de Cosey, qui font la part belle aux décors majestueux de l’Himalaya, mais aussi aux ombres, aux lumières et aux couleurs. Comme d’habitude, l’auteur nous conte une histoire dépaysante mais toujours aussi humaine qui parle aux lecteurs. A Case Départ, nous on aime !
- Jonathan, tome 16 : Celle qui fut
- Auteur : Cosey
- Editeur: Le Lombard
- Prix: 12 €
- Sortie: 6 septembre 2013
Killing Time : dans la tête d’un tueur
Attention polar oppressant ! Killing Time est un excellent album scénarisé par Kid Toussaint et mis en images par Chris Evenhuis. Une journaliste recueille les moments de vérité Gyorgi Owens, un tueur en série.
Gyorgi Owens, le tueur des hôpitaux, est reconnu coupables de 34 meurtres et doit purger une peine de perpétuité à la prison Saint-James. Isabelle Bauffays, journaliste obtient les autorisations, de la part du Sergent Sam Justice, pour recueillir le témoignage de l’assassin.
Ne souhaitant pas avoir d’opinion sur ce qu’a fait Owens, elle veut juste que le tueur lui raconte son histoire personnelle, faite de meurtres. Pour engager la conversation, elle lui demande de raconter son premier homicide.
Dix ans auparavant, le 12 septembre 2001, à New-York, dans les ruines de Ground Zero, Owens alors infirmier, est supplié par un homme coincé dans les décombres, de le tuer pour abréger sa souffrance. Après un temps de doute, le tueur exécute l’homme avec un pistolet. C’est le début d’une longue liste de meurtres commis par Gyorgi.
Alors qu’il tentait d’oublier cet instant effroyable pendant plus d’un an et en reprenant son travail d’infirmier, un autre homme atteint d’une tumeur et en fin de vie lui demande grâce tous les jours. Owens décide, là encore, d’anticiper la mort naturelle en exécutant la dernière volonté du mourant. S’ensuit alors des euthanasies fréquentes de la part de l’infirmier. A cela, il faut aussi ajouter des homicides sur des personnes non condamnées par la maladie. Des hommes et des femmes ayant des difficultés psychologiques ; des suicidaires. Pour cela, en plus de son métier, il devient bénévole à SOS Suicide. Il devient une sorte de « suicideur ». Le signe distinctif de tous ces meurtres : les mains jointes du défunt sur le cœur, l’ultime signature du tueur.
Très bien documenté, le récit de Kid Toussaint installe une ambiance lourde de suspense. Les huis-clos, entre la journaliste et le tueur, renforce ce sentiment d’oppression. Intense et bien écrite, l’histoire doit sa réussite à la psychologie des deux personnages principaux. D’un côté Owens, manipulateur et mégalomane et de l’autre, Bauffays, une journaliste persévérante, qui n’interviewe pas le tueur par hasard. Cet album est aussi un hommage au film de Jonathan Demme, Le silence des agneaux. Pour rendre l’album plus digeste, des pastilles viennent de temps en temps ponctuer les scènes de tension. Dans ces scénettes, deux hommes en fin de vie, dont on ne sait pas qui ils sont, échangent des propos plus légers. Le trait réaliste du dessinateur hollandais Chris Evenhuis accentue l’ambiance froide et intense de Killing Time.
- Killing Time
- Auteurs : Kid Toussaint et Chris Evenhuis
- Editeur: Ankama
- Prix: 13,9 €
- Sortie: 26 septembre 2013
Le temps des cerisiers :
réédition d’un recueil d’histoires du créateur de Cat’s Eye
Cet article est désormais disponible sur Comixtrip très précisément ici: Le Temps des cerisiers
- Le temps des cerisiers
- Auteur : Tsukasa Hojo
- Editeur: Ki-oon
- Prix: 7,90 €
- Sortie: 26 septembre 2013
Léo Loden devient père
Tropézienne Dum Dum est le vingt-deuxième tome de la série policière Léo Loden, créée en 1991 par Christophe Arleston et Serge Carrère. Ils sont aidés depuis quelques tomes pour le scénario par Loïc Nicoloff. Dans cette histoire, Léo est engagé par la mafia russe pour négocier avec la mafia corse.
Léo Loden est un ancien commissaire de police, qui a démissionné à la suite d’une accusation de bavure non justifiée, il est actuellement détective privé. Il vit avec son amie Marlène, inspecteur de police, chez son oncle, Louis-Ulysse Loco, un ancien marin à tendance alcoolique.
Marlène n’en peut plus de vivre chez l’oncle de Léo, un lieu par très propre et trop petit. Elle souhaite que son ami puisse se détacher de cette oncle si pot-de-colle. De plus, elle aimerait un bon nid douillet pour pouvoir agrandir la famille. C’est pourquoi, les deux tourtereaux cherchent un appartement ; mais leur revenus pas très élevés et la situation peu stable de Léo compliquent les démarches.
Léo lui ne voit pas d’un bon œil le fait d’être père. Mis sous pression par ses beaux-parents diplomates pour avoir un petit-enfant, il se doit d’accepter une mission très bien payée de la part de mafieux russes. Roskolnikov, un riche entrepreneur, invite Léo dans sa luxueuse villa de Saint-Tropez où le champagne coule à flots et où les filles dénudées sont nombreuses. Il demande au détective privé de discuter avec des personnes de la pègre corse et de trouver des interlocuteurs compréhensifs afin de construire sur des zones protégées, moyennant des pots-de-vin. Alors que Léo refuse, il apprend que Marlène est enceinte et se voit forcé à accepter le contrat. Accompagné de Tonton Loco, il part pour Toulon pour rencontrer ces fameux parrains mafieux.
Le scénario de Nicoloff et Arleston mêle habilement l’action et l’humour. Des clins d’œil sont nombreux à : Toulon, au club de rugby Racing Club de Toulon et à son président Mourad Boudjellal, ancien patron des éditions Soleil. Le trait humoristique de Serge Carrère dynamise ce récit agréable et efficace. Un bon Léo Loden.
- Léo Loden, tome 22 : Tropézienne Dum Dum
- Auteurs : Arleston, Loïc Nicoloff et Serge Carrère
- Editeur: Soleil
- Prix: 10,95 €
- Sortie: 18 septembre 2013
Lancaster :
sur les traces d’une civilisation disparue
Les portes de l’Arctique est le premier tome de la série Lancaster. Prévu en diptyque, l’album est signé par Christophe Bec et Jean-Jacques Dzialowski. Une mission scientifique se targue d’avoir retrouvé les vestiges d’une civilisation jusque là inconnue.
Dans les années 50, Sir Jim Lancaster, héros de la Seconde Guerre Mondiale, et son ami français Robert Caradine sont invités par un très grand scientifique Graham C. Clarke sur la base polaire d’Hyperborée. Rejoins par la française Audrey Duquenne, ils découvre que l’homme de sciences a convoqué de nombreux confrères spécialistes en biologie, en paléontologie, en histoire ou en géologie pour annoncer une découverte qui va bouleverser la science.
Il affirme avoir trouver des traces historique d’une civilisation disparue il y a plusieurs millions d’années et que les historiens eux-même ne connaissent pas. Les théories darwiniennes seraient alors remisent en cause.
Le Doggerland est une lande de terre émergée qui reliait la Grande-Bretagne et l’Europe pendant une période de glaciation. Sur cet isthme vivait un peuple plutôt avancé pour son époque mais qui serait disparu à cause d’une intervention divine. C’est cette population que Clarke aurait découvert.
Lancaster comprend rapidement que cette découverte scientifique majeure intéresse beaucoup de personnes dont les Nazis.
Lancaster est une série d’aventure dans la grande veine des héros de notre enfance tel James Bond ou Bob Morane. Teinté de fantastique, le récit plaisant et assez convainquant de Christophe Bec se base sur l’action et l’aventure pure. Les éléments de l’intrigue sont distillés tout au long de l’album qui permettent de ménager le suspens jusqu’à l’attente du prochain tome. Le trait réaliste et vif de Jean-Jacques Dzialowski met en scène des planches d’une très bonne qualité. Les décors et les ambiances de terres glaciales sont assez réussies.
- Lancaster, tome 1 : Les portes de l’Arctique
- Auteurs : Christophe Bec et Jean-Jacques Dzialowski
- Editeur: Glénat
- Prix: 13,90 €
- Sortie: 18 septembre 2013
Et pour quelques pages de plus…
Pour compléter notre sélection de la semaine, Case Départ vous conseille aussi les albums suivants :
Les épisodes lunaires
Les épisodes lunaires est un recueil de huit histoires de Martin Romero. Mettant en scène des personnages plus terrifiants les uns que les autres, il n’est pas tendre avec ses derniers. Si les récits oniriques sont indépendants, le recueil propose une belle unité, grâce à un travail magnifique sur les planches et les couleurs ; les dessins sont merveilleux.
Mort-vivant mélancolique, loup-garou amoureux, poltergeist agressif, revenant revanchard et autres créatures mutantes, tout ce bestiaire fantastique se retrouve dans les pages de Les Episodes lunaires. Mais derrière ce défilé de monstres aussi pathétiques que terrifiants, c’est bien à l’être humain et à sa part monstrueuse que s’intéresse Martin Romero, et les différents épisodes qui composent ce livre sont autant de fables qui exposent les turpitudes de l’âme humaine. Si la nuit les monstres sont de sortie, le jour ce sont les hommes et les femmes qui souffrent et font souffrir: histoire d’amour passionnée qui sombre dans la banalité, enfant délaissé par des parents peu aimants, erreur fatale de celui qui croit bien faire… Martin Romero n’est pas toujours tendre avec ses personnages, et peut-être est-il préférable, comme ces créatures qui hantent les ténèbres, de chercher refuge dans une nuit sans lune. Cette sarabande déviante et emportée, qui oscille tout du long entre le rire et les larmes, bénéficie d’une mise en couleurs pensée pleinement comme un élément narratif, et éclairant ainsi avec justesse chaque histoire, chaque ambiance, et chaque humeur.
- Les épisodes lunaires
- Auteur : Martin Romero
- Editeur: Atrabile
- Prix: 17 €
- Sortie: 22 août 2013
Punk rock Jesus
Punk rock Jesus est un album de Sean Murphy qui met en scène une nouvelle émission de télé-réalité qui consiste à bouleverser l’éthique et la religion et à re-créer un clone de Jésus. Arrivé à l’âge adulte, Chris devient le leader d’un groupe punk.
Dans un futur proche, la maison de production OPHIS tient le sujet de son prochain programme de télé-réalité : filmer la vie de Jésus Christ. Recréé génétiquement à partir des trace ADN du suaire de Turin, le clone du Messie grandit sous le regard avide des caméras et d’une Amérique subjuguée par ce qu’elle pense être la troisième Venue du Christ. Quelques années plus tard, l’expérience tourne court lorsque l’adolescent entre en révolte totale contre le système et devient prophète d’une autre Amérique.
- Punk rock Jesus
- Auteur : Sean Murphy
- Editeur: Urban Comics
- Prix: 19 €
- Sortie: 20 septembre 2013
Yves + Guillaume
La maison d’édition dynamique poitevine Flblb publie deux roman-photos humoristiques de Ype Driessen, Yves + Guillaume : un gars et une gars et Yves + Guillaume : Homme sweet homme, qui racontent le quotidien d’un couple d’hommes.
Yves et Guillaume forment un couple idéal. La maison est formidable, les vacances sont formidables, le climat est formidable, oui mais bon, ce serait mieux si Yves ne la ramenait pas tout le temps avec son histoire de l’art et franchement moins lourd si Guillaume n’était pas tout le temps en train de mater les autres mecs.
Ype Driessen raconte sa vie en roman-photo depuis 2004, au rythme de 4 cases par jour. Ces deux recueils sont un florilège des aventures d’Yves et Guillaume. Il y évoque les petits tracas du quotidien et les écueils de la vie de couple, il tourne en dérision son propre personnage, narcissique et accro aux e-mails, met en scène ses parents, ses beaux-parents et ses amis, et pointe les petits travers et les préjugés du milieu gay. Chacun joue son propre rôle avec un plaisir évident, et la joie de vivre semble être de mise dans le monde d’Yves et Guillaume.
- Yves + Guillaume : Un gars, un gars / Homme sweet homme
- Auteur : Ype Driessen
- Editeur: Flblb
- Prix: 9,50 €, chaque album
- Sortie: 22 août 2013
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