Pour ce dernier samedi du mois de novembre, Case Départ vous ouvre sa bibliothèque avec de très bons albums. Parmi ces dernières nouveautés, il y a pour vous quelques petites merveilles : Les enfants de Sitting Bull : une biographie sur le grand-père de Edmond Baudoin, un très bel album sur la quête d’un jeune homme à la recherche de sa sœur aînée en Indonésie : Tsunami, la fin d’un diptyque de l’excellente série western Bouncer : And back, le retour du phénomène éditorial Les profs : 1.2.3 rentrée, la réédition de l’album tragi-comique sur les déboires d’un bourreau : Le musée insolite de Limul Goma, Hautes œuvres, un super thriller angoissant : Le secret, le deuxième tome de la série jeunesse Les carnets de Cerise : Le livre d’Hector, la libre adaptation du roman de Virginia Woolf : Orlando, Paf et Hencule : les pires médecins du 9e art sont de retour dans cette réédition, un album d’Anouk Ricard : Plan-Plan culcul issu du label bd-cul des Requins Marteaux,le deuxième tome du très bon manga de Fumiyo Kouno : Dans un recoin du monde et la nouvelle série manga : Cœur à Cœur. Bonnes lectures !
Les enfants de Sitting Bull :
un destin hors-du-commun
Case Départ prend toujours un immense plaisir à lire un nouvel album de Edmond Baudoin. Son œuvre poétique est si originale que l’on voyage et l’on réfléchit beaucoup lors des lectures. Les enfants de Sitting Bull fait partie de ces excellents opus de l’auteur de Marchand d’éponges. Il y raconte la folle épopée de la vie de son grand-père Félix.
Nice. 1863. Naissance de Félix Baudoin, grand-père d’Edmond. Le dessinateur partagera 17 ans de sa vie avec cet homme à la vie si singulière, en effet ce dernier décédera à l’âge de 96 ans.
Le père de Félix sera veuf très tôt, ayant la charge d’une fille et deux garçons. La main lourde, l’arrière-grand-père distribuait plus de coups que de caresses. Le jeune garçon préférait d’ailleurs parcourir les collines environnantes que d’aller à l’école du curé. Il n’a que 12 ans lorsqu’il s’engage comme mousse sur un bateau, après avoir travaillé chez un boulanger de Nice. Rêvant de grands espaces et d’aventures, Félix s’occupe des voiles sur le navire. Agile, petit et rapide, il en sera d’ailleurs la vigie. Il fait alors le tour du monde, navigant entre autre sur la Mer Rouge ou la Mer de Chine.
Le bateau fera naufrage une deuxième fois au sud de San-Francisco. Tous les hommes se séparèrent et partirent chacun de leur côté. Félix décida donc sillonner l’Ouest américain, orpailleur, peu de temps, il gagna ensuite sa vie comme facteur à cheval ou comme chasseur de bisons. C’est comme cela qu’il rencontra Buffalo Bill et même Sitting Bull, le grand chef indien, lors de sa reddition en 1881. Le célèbre William Cody l’engagea dans son cirque pour le montage du chapiteau. Mais en septembre 1882, il arriva à New-York et ravailla en compagnie d’indiens Mohawks pour la construction du Pont de Brooklyn. C’est dans la ville américaine qu’il rencontra l’un de ses amis, Aleksy, immigré polonais,qu’il fit engager sur le chantier du pont. Puis il devient marin pour les armées américaines en 1887.
C’est à travers ses paroles ou celles de son père Jean que Edmond Baudoin nous conte l’histoire fantastique et épique de son grand-père Félix. Voyageur invétéré, il parcourut le monde sur des bateaux ou à cheval. Ce récit magnifique lui permet de raconter aussi la grande histoire des Etats-Unis par le prisme de cet homme à la vie si singulière. Mais celle-ci, faite de certitudes et d’hypothèses, n’était pas si lisse que contée par son père. L’album est divisé en deux parties, la première qui décrit la vie de Félix et l’autre plus personnelle, qui met en lumière sur la destruction des cultures indiennes. Le trait en aquarelle de Baudoin est toujours aussi saisissant et magnifique. Un album réjouissant qui fait réfléchir !
- Les enfants de Sitting Bull
- Auteur : Edmond Baudoin
- Editeur: Gallimard, collection Bayou
- Prix: 17 €
- Sortie: 31 octobre 2013
Tsunami : vague d’émotions
En 2013, Romain arrive à Bandah Aceh, épicentre du tsunami de 2004, pour rechercher sa sœur médecin dont la famille n’a plus de nouvelles. C’est l’histoire qu’ont voulu conter le scénariste Stéphane Piatzszek et le dessinateur Jean-Denis Pandanx, dont le très bel album Tsunami parait aux éditions Futuropolis.
2004. Indonésie. Un tsunami ravage les côtes de cet archipel de plus de 18 000 îles. Ces images de catastrophe humanitaire, tout le monde les a en tête. Cette vague gigantesque dévastant tout sur son passage : hommes, femmes, enfants, constructions… Elsa Mataresse, médecin français, part pour Bandah Aceh, pour venir en aide aux populations touchées. Après un an et à bout de forces, elle envoie un dernier mail à sa famille où elle s’explique : elle souhaite souffler après ce qu’elle venait de voir et décide de partir voyager quelques temps en Asie. Puis plus rien, plus de nouvelles.
Neuf ans après le tsunami, Romain, le frère d’Elsa ne s’est pas résigné comme sa mère à retrouver celle qui est beaucoup plus âgée que lui. Le jeune électricien de 24 ans, débarque au Nord de l’île de Sumatra, bien décidé à comprendre ce qui est arrivé. Sa première vision est une vision d’effroi : des amoncellements de tôle, de bois, de voitures, de végétaux… Presque rien n’a changé depuis la catastrophe climatique, sauf la vie qui essaie de se faire une place au milieu des détritus, comme cet enfant croisé dans ce lieu, son nom : Tsunami, un prénom pour conjurer le sort.
Sa première rencontre est celle d’un policier chargé de l’affaire à l’époque et qui met en garde le jeune homme parce qu’à l’époque il avait déjà interrogé toutes les personnes connaissant Elsa sans réponse. Les parents avaient même engagé un détective, lui aussi rentra bredouille. Alors que le père est décédé l’année précédente, la mère ne s’est toujours pas remise de cette soudaine disparition.
Il se rend alors au Lac Toba en quête des premiers indices. Là, il croise Jessie, jeune papoue, qui lui dérobe son sac, après une soirée de dégustation de champignons hallucinogènes. Cette femme, Romain va en tomber d’ailleurs amoureux. C’est pourtant sur cette île qu’il va découvrir que sa sœur, de 16 ans son aînée, fut sculptrice pendant 3 mois avant de disparaître de nouveau.
Teinté de surnaturel et de fantastique, le récit Tsunami de Stéphane Piatzszek est subtil et riche en émotions. Ecrite comme un véritable polar, cette quête de la vérité ne sombre jamais dans le pathos, elle est digne comme peut l’être Romain malgré son emprise face aux différents psychotropes qu’il ingère. Cette course-poursuite avec le temps est aussi un parcours initiatique pour le héros, il évoluera tout au long de l’histoire pour devenir un homme à la fin de l’album. Le scénariste connaît bien cet archipel qu’il aime et qu’il a voulu raconter par ce récit qui pourrait être vrai tant toutes les conditions sont réunies pour le rendre si crédible. Les rites vaudou, l’animisme et les pouvoirs de la nature sont très présents comme sur cette fameuse île aux morts (qui existe réellement). Les planches à l’aquarelle de Jean-Denis Pendanx sont lumineuses et majestueuses. Les décors luxuriants ont un rendu parfait grâce au trait fluide de l’auteur, qui a travaillé à partir de photos du scénariste ou de ses dessins préparatoires qu’il a réalisé en Malaisie. Les couleurs ajoutent de la luminosité aux cases. Un travail magnifique !
- Tsunami
- Auteurs : Stéphane Piatzszek et Jean-Denis Pendanx
- Editeur: Futuropolis
- Prix: 20 €
- Sortie: 8 novembre 2013
Le Bouncer revient de l’Enfer
Nous avions laissé Bouncer dans une bien mauvaise posture, prisonnier du pénitencier de Deep-End, dans le tome précédent To hell, nous retrouvons le marshal dans cette prison où les brigands font eux-même la loi, dans cet opus intitulé And back, avec toujours aux crayons le talentueux François Boucq et le prolifique Alejandro Jodorowki au scénario. Amour, trahison, action, morts, indiens et aventure sont au rendez-vous dans cet album qui ravira les fans de cet excellent western.
Dans To hell, Pretty John, un bossu empreint d’un sadisme des plus abominable avait tué une jeune femme de la manière la plus odieuse. Il avait réussi à échapper à son arrestation en quittant la ville sans réellement être inquiété, fier de son horrible méfait. Mais c’était sans compter sur Le Bouncer, le manchot aux yeux bleus, prêt à tout pour retrouver cet assassin en puissance. Pour cela, le marshal devait se rendre à Deep-End, le célèbre pénitencier où lui même va être prisonnier.
La mission du Bouncer étant de ramener vivant Pretty John pour le faire juger, il doit d’abord s’évader de cette maudite prison. Véritable cour des miracles, elle abrite en son sein, tous les brigands, malfrats et assassins de l’Ouest. Ce trou à rats est régie par ses propres règles, où ce sont les prisonniers eux-même qui en décident. Faisant venir alcool en grande quantité ou prostituées, le directeur préserve la paix dans son établissement. Trois ans auparavant, une mutinerie éclata d’une rare violence et les gardes furent vite débordés. Dans la bataille, le directeur fut sévèrement défiguré, se cachant derrière un masque maintenant. Le pacte permet aux malfrats de se retrancher dans ce paradis de hors-la-loi sans être inquiétés.
Après un tour de passe-passe, Bouncer réussit à quitter les lieux avec celui qu’il était venu chercher, Pretty John, le fils du directeur. C’est à bord du train qui arrive au centre de la prison que le marshal accompagné d’une prostituée et de Faucon-noir, son ami indien, s’enfuit, pourchassé par deux skulls, des hommes de main du directeur, au visage rongé par le soleil.
And back est la fin du diptyque engagée avec l’album précédent To hell. Le récit grandiose de Alejandro Jodorowski est sanglant à souhait, très rythmé comme un bon film de western. Son scénario est du sur-mesure pour François Boucq qui peut aussi avoir un espace de liberté lorsqu’il compose ses planches. Les deux auteurs se mettent d’accord sur le contenu de l’album et c’est une formidable réussite. Le talentueux dessinateur mis du temps à accepter de créer un western, comme il a pu le confier : « En réalité, pendant longtemps j’ai refusé de faire du western du fait de la grande admiration que je portais à Jean Giraud. Pour moi, c’était un genre qui était en quelque sorte sa chasse-gardée. Est-ce que je pouvais rivaliser avec lui ? » Pourtant c’est un genre littéraire qu’il affectionne et maîtrise bien, d’ailleurs il ajoute : « Or c’est un domaine que je trouve très intéressant pour un dessinateur, très gratifiant. Il offre de grands espaces naturels qui sont un régal à retranscrire, avec des courbes, une minéralité que l’on ne retrouve pas ailleurs. » Il a entièrement raison, c’est très abouti et les deux albums sont excellents.
- Bouncer, tome 9 : And back
- Auteurs : Alejandro Jodorowsky et François Boucq
- Editeur: Glénat
- Prix: 14,95 €
- Sortie: 20 novembre 2013
Les Profs sont de retour !
En 1998, dans le Journal de Mickey était publié la première planche de la série Les Profs, scénarisée par Gilles Corre (Erroc) et mise en images par Pierre Tranchant (Pica). Ce mois-ci paraît la seizième aventures de ces professeurs hors-norme. Intitulée 1,2,3 rentrée ! les lecteurs retrouvent tous leurs personnages préférés et l’humour des précédents tomes.
Ce phénomène éditorial de la maison d’édition Bamboo a atteint en 2009, les 3 millions d’exemplaires vendus pour le 12e album : Grève party. Le premier tome datant de 2000. En neuf ans, la série sur des enseignants en lycée se faisait une belle place dans le monde de la bande dessinée d’humour.
Les produits dérivés sont aussi nombreux, en dehors des agendas, chemises ou calendriers, il y a aussi des jeux à télécharger sur mobile mais surtout un film de Pierre-François Martin-Laval avec des acteurs en chair et en os (Christian Clavier ou Isabelle Nanty), un gros succès au box-office, sorti en avril 2013.
Erroc dévoile la naissance de la série ; comment l’idée a germé dans sa tête : « J’ai habité huit ans à côté d’un collège, en banlieue parisienne. Beaucoup de mes voisins étaient profs, souvent débutants, et je baignais dans cette ambiance. J’étais donc très sensible à cet univers. De plus, j’avais remarqué que les profs tenaient toujours des rôles de figurants alors qu’on trouvait beaucoup d’enfants et d’élèves, héros de BD. J’ai eu envie de faire l’inverse. Le projet a dormi longtemps car il fallait LE bon dessinateur. Quand j’en ai parlé à Pica, qui a été surveillant pendant cinq ans pour payer ses études, il était très motivé. Alors on s’est lancé. »
Dans ce seizième tome, la nouvelle proviseur essaie toujours de réformer le lycée mais Les Profs sont un peu fatigués par ces réformes. De plus, un nouveau prof d’EPS vient bousculer le pauvre Eric, l’ancien professeur de sports. Enfin, cerise sur le gâteau, un réalisateur débarque avec l’idée de faire un film sur le corps enseignants.
Dans cet opus, les lecteurs retrouveront avec plaisir : Polochon le prof d’histoire, Maurice le prof de philo, Gladys la prof d’anglais, Dolorès la prof d’espagnol ou encore Julien le prof de maths.
- Les Profs, tome 16 : 1,2,3 rentrée !
- Auteurs : Erroc, Pica et Mauricet
- Editeur: Bamboo
- Prix: 10,60 €
- Sortie: 20 novembre 2013
Hautes Oeuvres : supplice tragi-comique
Après la publication du Massacre, la deuxième histoire du Musée insolite de Limul Goma, la très dynamique maison d’édition de La Boîte à Bulles réédite en couleurs, le premier opus de cette série signée Simon Hureau dont le titre est Hautes œuvres, petit traité d’humanisme à la française où l’auteur nous raconte la plus délicate exécution du bourreau Charles-Henri Sanson. Une histoire vraie, entre horreur et humour !
Paris. 1754. Charles-Henri Sanson est un bourreau. Il exécute les hautes œuvres de la monarchie. Il ne se remet pas du cauchemar qu’il a vécu la veille, lors de l’interminable supplice qu’il a infligé à Damiens, auteur d’une éraflure sur la personne du Roi et condamné pour régicide.
Il commence à conter son aventure sanguinolente et très longue à sa grand-mère, une femme avide d’histoires d’exécution, râleuse et qui lui donne des conseils pour bien supplicier un condamné.
La place de la Grève est bondée. Le tout-Paris se concentre pour regarder avec un certain délice, l’exécution du condamné Damiens. Mais tout ne va pas se dérouler dans les règles de l’art. Le jeune Sanson fait montre de son inexpérience et de ses maladresses multiples. Cela commence par la défection de Noirceuil, bourreau qui officie aux tenailles. Ivre, il laisse en plan, le responsable en chef, Charles-Henri, du modus operandi. D’ailleurs, c’est lui qui était chargé d’apporter le plomb, la résine, la poix. Branle-bas de combat, le jeune bourreau allume le feu de soufre pour brûler la main qui tenait le couteau qui toucha le Roi. Mais il ne prend pas, pire, son oncle est intoxiqué par la fumée. De plus, le corps du supplicié, quant à lui, refuse de céder lors de l’écartèlement ; les chevaux forcent mais le corps résiste.
Le peuple gronde et ricane, se moquant de ce bourreau inexpérimenté. Quelques-uns sont néanmoins enthousiastes ou fascinés. Le bas-peuple se trouve à hauteur d’échafaud, tandis que les Nobles louent à prix d’or, des appartements qui donnent sur la place, pour contempler la véritable boucherie. D’ailleurs, ils mêlent la vision du supplice avec le plaisir du libertinage, en payant des femmes de bonnes mœurs (une planche magnifique reprend les différents étages d’une maison bourgeoise, page 30).
Lauréat du Prix du Polar pour le très bon album Intrus à l’étrange, Simon Hureau adapte librement les mémoires de Charles-Henri Sanson dans un joyeux moment de dérision et de boucherie. Cet homme, ayant réellement existé, guillotinera d’ailleurs Louis XVI et Marie-Antoinette. L’auteur de Crève saucisse (avec Pascal Rabaté) mélange de façon très habile, l’humour l’histoire et la barbarie de ce vrai moment historique. On est effrayé par les supplices inhumains, mais on rit aussi de bon cœur en regardant le pauvre bourreau se débattre dans son incompétence. Néanmoins on ne tient plus non plus devant la longueur de cette exécution et on souffre avec ce pauvre Damiens. Ce récit historique très bien maîtrisé est à la fois drôle, pathétique, malsain et violent. Les dessins sont formidables et le trait est très fin, le peu de décors donne une grande lisibilité à l’histoire. Un excellent album que vous (re)conseille Case Départ ! Simon Hureau : un auteur à suivre !
- Le musée insolite de Limul Goma, tome 1 : Hautes œuvres, petit traité d’humanisme à la française
- Auteur : Simon Hureau
- Editeur: La Boîte à Bulles
- Prix: 13 €
- Sortie: octobre 2013
Le secret : thriller haletant
Le secret est un excellent thriller de Mike Richardson et Jason Shawn Alexander. Angoissant et terrifiant, il raconte l’histoire de Tommy qui part à la recherche de son amie Pam disparue après un canular téléphonique.
Tommy Morris est un jeune américain amoureux de Pam. C’est le grand soir pour lui : il est invité à une fête où il retrouvera sa prétendante. Pas le bienvenu, il assiste au jeu favori des convives consistant à téléphoner à quelqu’un au hasard et de lui dire : « Je connais ton secret ». Puis de donner rendez-vous à cette même personne devant la Statue de Washington Park à minuit. Ce canular téléphonique épate toujours autant les jeunes invités, moins Tommy.
Alors que le jeu se déroule dans l’hilarité générale, c’est au tour de Pam de composer un numéro. Au bout du fil, une voix roque, venue du fin fond des âges, lui répond : « Comment peux-tu connaître mon secret ? » Après réflexion, la jeune femme se rend compte qu’elle a utilisé son propre téléphone, dévoilant son propre numéro.
Le calme étant revenu, tout le monde oublie cet incident. C’est à ce moment qu’un rapprochement s’opère entre Pam et Tommy et se poursuit dans le Park. Tous les jeunes s’y retrouvent pour épier les personnes victimes du canular qui se seraient quand même déplacées. D’habitude personne ne vient sauf ce soir-là. Une silhouette se présente sous la statue. La tête camouflée sous une capuche, l’homme attend. Par peur, tout le monde déserte le lieu.
Le lendemain en cours, Pam reçoit un appel de la même voix caverneuse et angoissante qui lui demande de nouveau : « Comment peux-tu connaître mon secret ? » Paniquée, elle laisse son téléphone à un autre membre de la bande. Mais la jeune femme disparaît. Tommy essaie de retrouver sa trace pendant plus d’un an, jusqu’à ce que le jeune américain, par hasard, retrouve le camion de l’homme qui était venu sous la statue…
Ecrit comme un thriller cinématographique, le récit angoissant de Mike Richardson est très vite prenant, la tension s’intensifiant fortement au fil des pages jusqu’au summum lorsque Tommy retrouve le lieu de détention de sa petite amie Pam. Même si certains ressorts de l’histoire semblent être un peu classiques, le lecteur sera happé par ce récit très sombre et bien maîtrisé. L’un des atouts de Le secret est incontestablement le dessin de Jason Shawn Alexander. Son trait réaliste et écorché dynamisme admirablement cet album. Les couleurs à l’aquarelle rendent les planches d’une grande clarté malgré le discours sombre de l’histoire qui s’intensifie au fur et à mesure. Un album que case Départ vous recommande si vous voulez un peu frissonner.
- Le secret
- Auteurs : Mike Richardson et Jason Shawn Alexander
- Editeur: Urban Comics
- Prix: 14 €
- Sortie: 29 novembre 2013
Les carnets de Cerise :
naissance d’une romancière
Cerise est une petite fille âgée de onze ans, qui vit seule avec sa mère. Elle rêve de devenir romancière, et a même déjà commencé à écrire ses carnets. C’est le thème qu’ont voulu développer le scénariste Joris Chamblain et la dessinatrice Aurélie Neyret dans la série Les carnets de Cerise. Dans ce deuxième tome, Le livre d’Hector, le lecteur retrouvera la jeune fille toujours en quête d’un mystère à résoudre.
Ce sont les vacances et Cerise s’ennuie. Ses deux amies, Line et Erica sont parties chacune de leur côté. Elle doit rester avec sa maman célibataire. Pour casser cette monotonie, elle décide de reprendre l’écriture dans son carnet.
En allant à la piscine avec sa mère, elle remarque que tous les mardis, une vieille dame se rend en bus à la bibliothèque municipale toujours à la même heure et en empruntant toujours le même livre. Curieuse, elle décide d’enquêter sur ce nouveau mystère. Pourtant ce dernier est délicat, parce que ces deux amies sont loin et qu’elle a besoin d’elles pour résoudre cette enquête. A son retour, Erica accepte difficilement de jouer un rôle de faire-valoir dans sa mise en scène.
Après un très bon premier tome Le zoo pétrifié, il est toujours délicat de confirmer. Et c’est plus que réussi pour les deux auteurs. Le récit un brin nostalgique de Joris Chamblain est plus sombre et donc moins léger que le premier opus mais toujours aussi bien maîtrisé. Il alterne entre les pages du journal de bord de la jeune fille et des pages classiques de bande dessinée. C’est une belle histoire de vie touchante avec beaucoup d’humanisme ; la jeune fille devra prendre plus en compte les gens qui l’entoure et qui l’aiment et notamment faire face à la fronde des ses deux amies qui ne veulent plus rentrer dans ses délires d’enquêtrice. Le trait lumineux et très doux de Aurélie Neyret est toujours d’une excellente qualité. Chaleureux, il est plein de vie et très pétillant. On se plaît à suivre l’enquête de Cerise !
A noter que cet album est nommé dans la Sélection Jeunesse 2014 du Festival BD d’Angoulême.
- Les carnets de Cerise, tome 2 : Le livre d’Hector
- Auteurs : Joris Chamblain et Aurélie Neyret
- Editeur: Soleil, collection Métamorphose
- Prix: 15,95 €
- Sortie: 6 novembre 2013
Biographie fantaisiste d’Orlando
L’album de Delphine Panique, Orlando est une libre adaptation du roman éponyme de Virginia Woolf. Il met en scène une tranche de vie d’un jeune homme sensible prénommé Orlando qui se retrouve propulsé mascotte de la Cour du Roi.
Orlando est un jeune homme de bonne famille qui vit à la campagne avec sa mère. Poète à ses heures et un peu efféminé, il aime écrire en haut d’une colline proche de sa demeure. Rejeté par une mère peu aimante et fumeuse invétérée, il rêve de devenir un écrivain talentueux et un homme digne et viril. Pour faire de lui un homme bon, sa mère l’envoie à la Cour du Roi afin d’entrer en contact avec des gens de lettres.
C’est son oncle Roger qui passe le chercher dans sa Volvo. Alors qu’il lui fait un signe pour l’accueillir, son oncle percute un arbre. Sa mère éplorée, demande à Olivier, le fils du défunt, d’accompagner Orlando à la Cour.
Le long voyage en calèche est une suite de rencontres improbables. Il permet de rapprocher les deux jeunes hommes. Alors qu’Olivier serait parti soulager un besoin naturel, Orlando rencontre Jeanne Pezon accompagnée de son loup apprivoisé. Après un numéro digne d’un cirque, les cousins reprennent leur route.
Arrivés au château, Olivier décide de rebrousser chemin, laissant Orlando seul dans ce lieu inconnu. Rapidement, le jeune homme s’intègre à la Cour, grâce à son charme et sa faconde. Il devient la coqueluche et les Dames se pâment à chaque bon mot du jeune homme distingué. Mais il se lasse vite et veut partir à la guerre. Echaudé à l’idée d’une mort possible sur le champ de bataille, il ne quitte pas les lieux.
Il rencontre Sacha, jeune femme russe qui est accueillie par le roi en tant que danseuse de mazurka. Pourtant, il n’en est rien, elle n’est pas du tout danseuse. Orlando va s’éprendre d’elle allant jusqu’à se marier.
Le récit de Delphine Panique est une biographie imaginaire d’un homme distingué, qui a vécu des moments fantaisistes dans sa vie. Onirique et un peu fantastique, il est la libre adaptation du roman de Virginia Woolf. Tour à tour poète, ambassadeur en Orient, marié à Sacha, la fille de l’ambassadeur de Russie, il se réveillera même dans le corps d’une femme. Ce bel album a été mis au goût du jour par l’auteure ; elle y glisse des objets contemporains, comme des téléphones portables. Parfois drôle, le récit est attachant et émouvant. Le découpage en gaufrier de 9 cases permet une grande liberté et rythme bien l’histoire. Le trait en noir et blanc est minimaliste permet une grande lisibilité.
A noter qu’une grande exposition sur la maison d’édition Misma sera visible pendant le 41e Festival BD d’Angoulême au Musée du Papier à l’occasion du 10e anniversaire de la structure (30 janvier au 2 février 2014).
- Orlando
- Auteur : Delphine Panique
- Editeur: Misma
- Prix: 18 €
- Sortie: 8 octobre 2013
Paf et Hencule :
les pires docteurs de la bande dessinée
Attention : album à ne pas mettre ente toute les mains ! Paf et Hecule sont deux médecins à qui vous n’allez pas faire appel, tellement ils sont mauvais et sans aucune limite. Les éditions Même pas mal réédite ce petit joyaux de la bande dessinée subversive et trash. Ce recueil de strips souvent très drôles est signé par Goupil Acnéique et Abraham Kadabra.
Deux french doctors, Paf le chien et Hencule le chat (toute ressemblance avec un bande dessinée des années 80 est … voulue!) pratiquent la médecine comme on vendrait un camion : sans réellement soigner les patients, en provocant plus de dégâts que lorsque la personne est arrivée et avec une certaine désinvolture. Les petits strips de ces aventures sont tordant et quelques-uns nous font dire : « oh ! Non ! Ils n’ont pas le droit ! » ou encore « oh ! non ! C’est horrible, c’est pas possible ! » et si ! Tout est possible avec ces deux abrutis. Tour à tour ambulancier, au bloc opératoire ou dans les chambres des patients : ils sont là, stoïques, sans prendre de gants, avec leur élégance rare.
En plus des gags, une histoire de 14 pages de Satin et Miloutre, intitulée Satin au Congo permet au duo d’auteurs de s’en donner à cœur joie sur un délire africain d’un pseudo aventurier.
Jouissif, les gags très provoc, mitonnés par Abraham Kadabra sont trash à souhait, parfois vulgaire, à la limite de la décence mais extrêmement drôles. Ils nous paraîtraient presque sympathiques tellement ils sont mauvais. Tour à tour, violents, racistes et cyniques ; leur discours et leur humour bien gras sont politiquement incorrects. Les limites sont repoussées jusqu’à l’écœurement du lecteur ; mais c’est tellement bon, qu’on en redemande. Les fans de Reiser, Vuillemin, Coluche ou Desproges risquent d’adorer, les autres penseront que ce n’est que vulgarité. Le trait de Goupil Acnéique rend parfaitement ce sentiment de dégoût. Les deux auteurs ont été lauréat du Prix de la Révélation Blog lors du Festival BD d’Angoulême en 2008.
- Paf et Hencule, french doctors
- Auteurs : Abraham Kadabra et Goupil Acnéique
- Editeur: Même pas mal !
- Prix: 15,20 €
- Sortie: octobre 2013
Plan Plan culcul :
bienvenue dans le monde merveilleux des animaux
(bande dessinée adultes)
Après La Bibite à bon dieu de Guillaume Bouzard, dont Case Départ vous a parlé, la collection Bd-cul de la maison d’édition Les requins marteaux, édite un petit album érotico-porno Plan-Plan Culcul de Anouk Ricard. L’auteur de la série jeunesse Anna et Froga utilise de nouveaux des animaux pour conter un boulevard pas si traditionnel que ça, avec du sexe, un crime, deux femmes chaudes comme la braise, des dépanneurs télé et des policiers polissons.
Madame Chatte a un petit petit problème, son téléviseur est en panne. Elle fait donc appel à deux réparateurs, qui ne comprennent pas les allusions de cette femme sur son lit. Elle reçoit aussi, son amie infirmière Madame Grenouille, elle aussi très portée sur la chose. Pourtant, il ne se passe rien pour les deux femmes, les hommes ne bronchent pas.
La propriétaire des lieux décide alors d’utiliser tous les moyens pour arriver à ses fins : elle verse toute la bouteille d’élixir de virilité donnée par une voyante dans un des verres de ses invités. Alors qu’elle aurait voulu que Monsieur Cheval l’avale, c’est Monsieur Chien qui ingurgite le cocktail. Les effets sont immédiats : des poils sur son torse poussent, il n’arrête pas de bander et il semble même mort.
Affolées, les deux femmes décident de faire disparaître le corps. Elles l’enroulent dans un tapis et vont l’enterrer dans une forêt. En chemin, elles rencontrent deux policiers pervers. Les agents pourtant mariés, usent de leur pouvoir pour soumettre les deux dames.
Pendant ce temps, Monsieur Cheval tombe sous le charme d’un beau pompier venu éteindre le début d’un feu dans la cuisine de Madame Chatte.
Teinté d’érotisme, le récit de Anouk Ricard est drôle et plein de charme. C’est son univers animalier très coloré et enfantin qui assure ce côté drolatique. De plus, quelques belles scènes permettent au lecteur de sourire : les deux femmes qui veulent faire disparaître le corps de Monsieur Chien, la tourte de American Pie ou la discothèque accueillant une Mireille Mathieu déjantée. Ce décalage est plus amusant que sulfureux. De plus, les personnages sont bien marqués et l’histoire est bien maîtrisée. Plan Plan culcul : un album jouissif à ne pas mettre entre toutes les mains !
- Plan Plan culcul
- Auteur : Anouk Ricard
- Editeur: Les requins marteaux, collection Bd-cul
- Prix: 12 €
- Sortie: 15 novembre 2013
Et pour quelques pages de plus…
Pour compléter notre sélection de la semaine, Case Départ vous conseille aussi les albums suivants :
Dans un recoin du monde, tome 2
Suzu Urano est une jeune fille sensible qui vit au Japon ; son existence va être bouleversée par les premiers bombardements en 1944. C’est l’histoire qu’a voulu raconter Fumiyo Kouno dans le manga tout en douceur Dans un recoin du monde dont le tome 2 vient d’être publié aux éditions Kana.
Suzu Urano est née à Hiroshima dans les années 30. Rêveuse et un peu tête en l’air, la jeune fille vit avec ses parents qui préparent des algues comestibles. Suzu les aide souvent en allant livrer des algues aux restaurateurs. Cette vie tranquille va être mise à mal par les premiers bombardements sur l’archipel du Japon en 1944. La jeune femme doit alors se marier avec un homme qu’elle ne connait pas. Après son mariage elle va vivre dans la famille de son mari à Kure, une ville qui dispose d’un port militaire. La guerre s’installe et le quotidien devient de plus en plus difficile pour Suzu. Malgré cela, la jeune femme garde une certaine joie de vivre.
Dans ce deuxième tome, la vie suit son cours pour Suzu Urano et ce bien que le pays soit en guerre. Gestion de la maison, ravitaillement, vie de famille et de couple… autant de paramètres à prendre en compte dans ces conditions difficiles qui ne semblent pas s’améliorer avec les premiers bombardements. Ces épreuves permettront-elles à Suzu de préserver la joie de vivre qui la caractérise ?
Le récit sensible et très tendre de Fumiyo Kouno, auteur du magnifique Le pays des cerisiers, est construit tout d’abord sur des petits instants du quotidien plus que sur les bombardements. La vie de ce femmes qui doivent travailler et s’occuper de leur foyer. Suzu est attachante car elle veut le bonheur des autres, aider le plus possible ses congénères. Ces petites scénettes ponctuées d’humour sont délicates et pleines de charme. Le trait de la mangaka est délicat et agréable à la lecture. Une excellente série sur le quotidien difficile des japonais dans la guerre que Case Départ vous recommande vivement !
- Dans un recoin du monde, tome 2
- Auteurs : Fumiyo Kouno
- Editeur: Kana
- Prix: 15 €
- Sortie: 22 novembre 2013
Cœur à cœur, tome 1
Les éditions Doki-Doki (groupe Bamboo) publient le premier tome de la série Cœur à Cœur, un seinen manga de Minase Mayu. Cette comédie romantique de 8 tomes, parue au Japon chez Mag Garden sous le titre Musunde Hiraite, raconte les aventures d’une bande de copains qui croquent la vie à pleines dents. Chaque chapitre se concentrera sur l’un des personnages de la série qui sont tous camarades de classe.
C’est la rentrée des classes au Lycée. Hiro Furuya, un nouvel élève de seconde tombe amoureux fou d’une fille de terminale, Himari Asaki. Mais la belle a peur du contact avec les garçons ; elle est androphobe. Pourquoi ? Quel lourd secret cache-t-elle ?
Plein de surprises et de rebondissements, ce nouveau manga est frais et agréable à la lecture. Le récit fait la part belles aux premiers émois amoureux avec des histoires heureuses ou malheureuses. Premiers amoureux, premières réussites, premières maladresses.
Ci-dessous, une vidéo de la mangaka Minase Mayu dessinant l’une de ses héroïnes
- Coeur à cœur, tome 1/8
- Auteur : Minase Mayu
- Editeur: Doki-Doki
- Prix: 7,50 €
- Sortie: octobre 2013
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