Pour ce premier samedi d’octobre, Case Départ vous ouvre sa bibliothèque remplie de bandes dessinées. Parmi les albums passés au crible, il y a quelques perles : Moi assassin : un magnifique thriller à la confluence des Arts, la dix-septième aventure de Sillage : Grands froids, L’aliéniste : une sublime adaptation du roman de Machado de Assis, un album autobiographique et humoristique : La prophétie du tatou, le premier volet de Prévert inventeur signé Cailleaux & Bourhis, Moyasimon : le premier volume du manga avec des tonnes de microbes, le road-movie plein d’amour d’un migrant : Alpha, Glory owl : un recueil de strips des éditions Même pas mal, New york 1979 : une fable amusante signée Pochep, le premier volume du seinen Darwin’s game, le second tome de la série de science-fiction : Expérience mort, un album d’illustration d’Olivier Tallec : Bonne journée, Edwin le voyage aux origines signé Textoris et Lambert et l’album pour adultes : Curiosité pervers de Sophie . Bonnes lectures.
Moi, assassin
Rodriguez Ramirez, professeur d’histoire des arts, a une drôle de passion : pratiquer l’assassinat d’anonymes de façon artistique, pour marquer sa créativité. Moi assassin, un polar d’une grande noirceur est un sublime album signé Antonio Altarriba et Keko, publié par Denoël Graphic.
Université du pays basque. Enrique Rodriguez Ramirez, 53 ans, enseigne…
Retrouvez la fin de la chronique sur Comixtrip, en cliquant ici.
- Moi, assassin
- Scénariste : Antonio Altarriba
- Dessinateur : Keko
- Editeur: Denoël Graphic
- Prix: 19.90€
- Sortie: 18 septembre 2014
Sillage
Le passé refait surface pour Nävis : elle doit de nouveau se rendre sur TRI-JJ 768 pour y dérober une pierre de grande valeur et va recroiser le chemin de Clément, son ancien amant. Une mission délicate pour l’agent de Sillage dont les sentiments pour son amoureux vont resurgir. Grands froids est la dix-septième aventure de Sillage, un space-opera de grande qualité signé Jean-David Morvan et Philippe Buchet.
Le Magister confie une mission délicate à Nävis : voler dans un musée l’Arnosphère, une pierre rouge d’une grande valeur. Où cela se complique, c’est que l’objet se trouve sur la planète TRI-JJ 768, un lieu que l’agent de Sillage connaît bien. C’est là qu’elle y a rencontré Clément Villedieu, un anarchiste radical qui lutte avec les armes contre le pouvoir en place. De cette romance naîtra Yannseï, aujourd’hui guerrier redoutable. Avant de partir, la jeune femme retrouve son fils pour lui proposer de venir avec elle afin de rencontrer son père. Essuyant un refus catégorique, elle part un peu vexée.
Arrivée sur la planète, elle fait parvenir par un intermédiaire, un mot à Clément afin de le revoir. Mais rapidement, elle doit se cacher des soldats du gouvernement à ses trousses. Elle trouve refuge dans un silo-maison où vit Jules, un enfant surdoué et créateur de machines surprenantes. Après une course-poursuite, ils prennent place dans un sous-marin construit par l’adolescent et se rendent dans son atelier secret. Quelques jours plus tard, Nävis et son partenaire décident de passer par la mer afin de pénétrer dans le musée où se situe l’objet convoité…
Après une parenthèse avec l’apprentissage de Nävis dans l’album Sillage, premières armes (avec Pierre-Mony Chan, Delcourt), Jean-David Morvan et Philippe Buchet reviennent à la série-mère avec Grands froids. Le récit de l’auteur de Sherlock Fox est de nouveau d’une belle qualité. L’agent de Sillage renoue avec son passé et retourne sur TRI-JJ 768, un endroit où elle connaîtra son seul vrai amour, Clément (Tome 3, Engrenages, 2000). L’action est au rendez-vous, comme d’habitude avec la série. Cette fois-ci, Nävis croise la route d’un petit génie-inventeur, attachant et un peu gaffeur. Mais avant tout, le lecteur découvre une jeune femme perturbée par ses sentiments de mère et d’ancienne amoureuse. En effet, même si ses liens semblent un peu lointain avec Yannseï, elle n’en reste pas moins une mère aimante. De plus entre son fils et Clément, son père, il n’y a rien, puisque pour le jeune homme, son père est mort. Est-ce qu’un jour Nävis pourra réunir autour d’elle sa propre famille ? En somme, un album plus personnel sur l’agent de Sillage mais qui reste néanmoins d’aventures. Cette mission périlleuse est magnifiquement mise en image par Buchet, dont la qualité graphique est toujours au rendez-vous. Des planches avec des engins fantastiques, des animaux bizarres, des personnages réussis, de beaux décors et des couleurs magnifiques. Encore une fois, un très bon Sillage !
- Sillage, tome 17 : Grands froids
- Scénariste : Jean-David Morvan
- Dessinateur : Philippe Buchet
- Editeur: Delcourt, collection Néopolis
- Prix: 13.95€
- Sortie: 24 septembre 2014
L’aliéniste
Fabio Moon et Gabriel Ba ont décidé d’adapter le roman de Joaquim Maria Machado de Assis, L’aliéniste, en album aux éditions Urban Comics. Plus de 130 ans après la parution de l’ouvrage, les deux auteurs racontent l’ouverture de la Maison Verte, un asile, construit par Simon Bacamarte, une aliéniste, ainsi que la vie quotidienne des internés.
Itaguaï, Brésil. Simon Bacamarte est un éminent médecin, féru de science. Il décide de s’installer dans le paisible village avec sa femme Dona Evarista. Accompagné de son ami Crispin Soares, apothicaire, il demande au conseil municipal d’accueillir dans un même lieu, les fous de la cité et alentours. Afin de financer la construction du bâtiment, l’institution fait lever un impôt des plus fantaisistes.
Après plusieurs mois, la Maison Verte est inaugurée en grande pompe et en quelques jours toutes les places sont occupées, au point d’ouvrir des dizaines de plus. La population est alors observée par l’aliéniste. Pêle-mêle, on y trouve : un vieil homme qui offre son bétail abstraitement aux autres, des fous d’amour, un coureur qui ne s’arrête jamais ou encore un homme mutique. L’homme de science décide de classer les internés en deux catégories afin de les aider : les furieux et les inoffensifs, puis en sous-classe : les monomaniaques, les délirants et les hallucinés.
Publié une première fois en 1882, l’ouvrage de Joaquim Maria Machado de Assis est considéré comme l’un des joyaux de la fiction de la littérature mondiale, lui même étant un spécialiste de l’aliénation. Le récit de Fabio Moon ressemble quasiment à un conte tant les événements surréalistes se distillent tout au long de l’album, à la frontière entre le réel et l’absurde. Simon Bacarmate, homme épris de science est un personnage complexe et c’est ce qui en fait son attachement auprès du lecteur. Autant il peut éprouver de l’empathie pour ses patients, quasi cobayes, autant il ne se comporte pas correctement avec sa propre femme. Il semble même dépassé par le succès de la Maison Verte et éprouve des difficultés pour les traitements. L’aliéniste, ancêtre du psychiatre est un spécialiste dans l’étude et le traitement des maladies mentales au 19e siècle. La partie graphique est merveilleuse et la teinte des couleurs très réussie, ce qui rend les planches d’une très grande qualité.
- L’aliéniste
- Scénariste : Fabio Moon
- Dessinateur : Gabriel Ba
- Editeur: Urban Comics
- Prix: 14€
- Sortie: 26 septembre 2014
La prophétie du tatou
Les éditions Paquet publient La prophétie du tatou, un recueil d’histoires autobiographiques signé Zerocalcare. Dans cet album, l’auteur décrit avec un brin d’humour, sa vie en dialoguant avec un tatou imaginaire.
Calcare est un jeune homme célibataire, un peu geek et très procrastinateur. Sa vie se résume à la TV, à son ordinateur, ses amis et son copain imaginaire : un tatou auquel il livre ses pensées et ses inquiétudes sur sa vie.
Alors qu’il reçoit un message vide de Camille sur sa boîte mail, il découvre que celui-ci fut envoyé par son père car son amie d’enfance est décédée. Il ne sait pas comment l’annoncer à ses deux autres copains, Greta et Secco. Pour évacuer son stress, il va même jusqu’à téléphoner à sa mère à 3h30 du matin.
Cette nouvelle fait remonter en lui des souvenirs agréables d’adolescent avec la disparue : sa rencontre dans une soirée, son inscription dans un cours de japonais juste pour l’accompagner dans le tram, les parties de jeux d’arcade dans les bars ou encore le départ définitif de la jeune fille pour Toulouse, ainsi que son envie de revisiter les lieux qu’ils ont arpentés…
La vie de Calcare ne semble pas des plus trépidantes au départ ; le jeune homme ayant des préoccupations identiques aux autres jeunes adultes qui nous entourent. Pourtant l’auteur italien arrive à nous charmer avec ses histoires amusantes. Entre son tatou, ses amis ou encore son vieux voisin entendant des bruits, le lecteur sourit facilement voire rit de bon cœur à ses péripéties. En fil rouge de son album, il nous plonge dans son adolescence proche de son amie Camille dont il est secrètement amoureux. Ces petites scénettes se déroulent entre 1997 et 2000 permettent de solidifier son récit et d’en concevoir une belle unité. Les deux protagonistes étant naïfs mais très attachants. On observe alors l’évolution de leur relation au fil des pages ainsi que pour les deux autres amis Greta et Secco. Succès éditorial avec 100 000 exemplaires vendus en Italie et en cours d’adaptation cinématographique, La prophétie du tatou est porté par un dessin humoristique de bonne qualité. Le trait de l’italien met en valeur des corps élancés et des visages au nez disproportionnés.
- La prophétie du tatou
- Auteur : Zerocalcare
- Editeur: Paquet
- Prix: 16€
- Sortie: 10 septembre 2014
Prévert inventeur
Inventaire, Le cancre ou Complainte du fusillé, nous avons tous appris une poésie de Jacques Prévert à l’école. Qui était-il vraiment ? Que se cache-t-il derrière l’un des plus grands écrivains français du 20e siècle ? Ces questions, Christian Cailleaux et Hervé Bourhis, tentent d’y répondre dans l’excellent album Prévert, inventeur, publié aux éditions Dupuis.
Résumé de l’éditeur : Envoyé à 21 ans en Turquie pendant son service militaire, Jacques Prévert y fait la connaissance de Marcel Duhamel. De retour à Paris, ils s’installent dans le quartier de Montparnasse qui va devenir le cœur de l’avant-garde des années 1920. Entre petits boulots et fêtes enivrantes, Prévert fait la connaissance d’Aragon, Breton, Desnos, avec lesquels il écrit quelques-unes des plus belles pages du surréalisme. Mais la politisation de Breton ébranle le groupe d’amis. Viscéralement indépendant, Jacques Prévert prend ses distances vis-à-vis d’un mouvement avec lequel il ne va pas tarder à rompre et fait de nouvelles rencontres déterminantes, notamment avec Giacometti et Pierre Batcheff. S’ouvre alors pour lui une nouvelle carrière de scénariste.
Pour écrire leur album, les deux auteurs ont eu accès aux archives de la famille Prévert ; ce qui en fait un récit extrêmement bien documenté et juste. Ils nous livrent alors un portrait du Paris des années 20 ; ces années folles, insouciantes, juste après une Première Guerre mondiale terrible. Cette parenthèse a permis à bon nombre d’artistes d’éclore, rêvant d’un monde meilleur ; plus joyeux avec moins de contraintes : ce sont les années Dada puis la période Surréaliste chère à André Breton, Man Ray, Giacometti ou encore Raymond Queneau. Parmi ces illustres créateurs, se trouve Jacques Prévert, un écrivain hors-norme ; l’un des plus grands auteurs français. Le récit de Christian Cailleaux est prévu en trois tomes où l’on découvrira la vie fantastique de cet artiste touche-à-tout : à la fois écrivain avec des recueils comme Paroles (1946), Lumières d’homme (1955) ou Imaginaire (1970), auteur d’une pièce de théâtre : Dîner de tête (1951), de livres pour enfants : Contes pour enfants pas sages (1947), L’opéra de la lune (1953), ainsi que des ouvrages comme Le cheval de Troie (1946) ou Tour de chant (1953). En plus de ce travail considérable, il travaillera dans le milieu du cinéma en tant que scénariste : Le roi et l’oiseau (Pierre Grimault, 1980) ou le sublime Les enfants du paradis (Marcel Carné, 1946). Les deux auteurs, un peu comme leur sujet, s’autorisent à jouer avec les codes de la bande dessinée : le lecteur vagabonde d’une idée à l’autre, d’une anecdote à l’autre ou d’un bon jeu-de-mot de l’écrivain à l’autre. Légèrement difficile d’accès au début, on se laisse prendre au jeu, tant la liberté scénaristique nous plonge dans un beau tourbillon. En ce qui concerne la partie graphique, elle navigue comme le récit : d’une planche à l’autre, Hervé Bourhis s’amuse avec les codes. Sans cadre, les vignettes sont magnifiques, portées par de belles couleurs. Son trait inventif est rafraîchissant, à nul autre pareil.
- Prévert, inventeur, tome 1/3
- Scénariste : Christian Cailleaux
- Dessinateur : Hervé Bourhis
- Editeur: Dupuis, collection Aire Libre
- Prix: 16.50€
- Sortie: 19 septembre 2014
Moyasimon
Masayuki Ishikawa propose le premier volume de la série Moyasimon. Publié aux éditions Glénat, ce manga raconte l’histoire de Tadayasu, étudiant et capable de voir les microbes à l’œil nu.
Résumé de l’éditeur : Le point commun entre le saké, le vin, la sauce soja, le miso, le pain, la bière, le fromage, les antibiotiques… c’est eux :Aspergillus oryzae ou Saccharomyces cerevisiae… ces noms scientifiques vous semblent imbitables ? Vous les retiendrez bien vite, car ces levures sont au centre de ce manga atypique, aux côtés de leurs congénères microbiens.
Tout commence avec l’arrivée de notre héros, Tadayasu Soemon Sawaki, dans une école agricole. Une seule chose le différencie des autres étudiants : il est capable de voir les micro-organismes à l’œil nu, sous forme de petits personnages !! Pratique pour repérer un aliment contaminé par l’Escherichia coli et éviter une gastro-entérite ou contrôler le degré de fermentation d’un saké. Par contre, détecter des verrues au pied d’une belle femme ou se rendre compte que deux personnes ont partagé leurs flores cutanées peut parfois s’avérer gênant…
Série complète en 13 volumes, ce manga-seinen de Masayuki Ishikawa est un petit bijou d’humour parfois premier degré et parfois plus subtil. Mettant en scène Sawaki et Kei, deux étudiants qui arrivent juste dans une université agricole, à l’instar de Silver Spoon (Hiromu Arakawa, Kurokawa) ; ils découvrent un univers loin de leurs pré-requis. Kei, jeune homme plutôt droit et loyal et Sawaki, moins mature, gaffeur et qui possède ce fameux don : celui de voir à l’oeil nu tous les microbes que l’on peut trouver dans les aliments, sur les corps ou en fermentation, ce qui étonne beaucoup et apporte une grande part d’humour au récit. En plus des deux héros, le premier volume met en scène le professeur Itsuki et son assistante Haruka, élève de troisième année. Cette dernière est, dans un premier temps, très sceptique concernant Sawaki et les microbes mais après quelques expériences, elle doit se plier à la conclusion qu’il possède ce drôle de don ; ce qui laisse entrevoir de grandes possibilités narratives pour les tomes suivants. En ce qui concerne la partie graphique, le mangaka propose trois traits différents : pour les grands-parents, un style japonais classique ; pour les personnages principaux, un style moderne et enfin parfois, un style kawaï. Dans les marges de ses planches maîtrisées, il présente différents microbes vus par le jeune étudiant avec leur nom scientifique en latin ainsi qu’une phrase amusante.
Moyasimon : une série manga rafraîchissante, dynamique et très amusante. Le deuxième tome est prévu le 19 novembre et le troisième, le 21 janvier.
- Moyasimon, tome 1/13
- Auteur : Masayuki Ishikawa
- Editeur: Glénat
- Prix: 9.15€
- Sortie: 01 octobre 2014
Alpha, Abidjan – Gare du Nord
Alpha, Abidjan – Gare du Nord est le récit d’un homme parcourant des milliers de kilomètres pour retrouver sa femme et son fils en France. Ce périple d’amour est un très beau roman graphique de Bessora et Barroux, publié aux éditions Gallimard.
Résumé de l’éditeur : Alpha vit seul à Abidjan depuis que sa femme et son fils sont partis sans visa pour Paris, Gare du Nord. La rage au cœur, il décide de tout quitter pour les retrouver. C’est toujours mieux que de pourrir sur place. Plusieurs trajets sont possibles, des années de voyage en perspective… Sur les interminables routes de poussière, l’aventure se construit au gré de ses rencontres, inoubliables. De passeurs malhonnêtes en routes désertiques, de camps de réfugiés en canots surchargés, envers et contre tout, Alpha garde le cap : Gare du Nord.
Bessora et Barroux, les deux auteurs, se sont rencontrés lors de La 25e heure, le salon du livre du Mans. Ils décident alors de raconter le road-trip saisissant et touchant d’Alpha, parcourant 6000km, quasiment à pied. L’ébéniste vivant dans la capitale de la Côte d’Ivoire ne rêve que d’une chose : venir rendre visite à sa belle-sœur à Paris. N’ayant plus de nouvelles de sa femme et son fils qui ont quitté le pays vers le Nord, il décide lui-même de les rejoindre. Mais son périple ne se déroulera pas sans difficulté. Avant le départ, il lui faudra : trouver de l’argent pour le visa, se prostituer, vendre de la drogue ou encore échapper à la police. Puis son voyage de 18 mois, il le passera dans des voitures et des camp de fortune, entre changements de direction et arrêts forcés. Sur sa route, il rencontrera aussi d’autres personnages bouleversants, attachants et déboussolés, comme Abebi, Augustin ou Antoine. Cette conviction qui en fait sa force est magnifiquement mise en image par Barroux. Les textes de la scénariste se placent sous les cases. Les planches sont portées par un trait aux feutres et aux lavis pas très attirants au début mais qui charment au bout de quelques pages.
Alpha : pour tous les migrants en quête d’un monde meilleur !
- Alpha, Abidjan – Gare du Nord
- Scénaristes : Bessora et Barroux
- Dessinateur : Barroux
- Editeur: Gallimard
- Prix: 20.90€
- Sortie: 11 septembre 2014
Glory owl
Glory owl est un recueil de strips proposés par Mandrill Jonhson, Gad et Bathroom Quest et publié aux éditions Même pas mal.
Comme lorsque l’on regarde par le trou de la serrure, les trois auteurs délivrent des petits moments drôles par des strips de 3 cases. Malgré des univers et des styles graphiques différents, l’album offre néanmoins une belle unité. De l’humour absurde au non-sense en passant par le trash ou le scato, tout y est et c’est souvent très drôle. Les éditions Même pas mal publient peu d’ouvrages mais ils sont souvent de bonne qualité, affichant et revendiquant un humour très second degré comme Macadam Valley (Ben Dessy) ou Paf et Hencule (Abraham Kadabra et Goupil Acnéique).
Glory Owl : Pour les amateurs de récits à la Mad, à la Fluide Glacial. Humour gras au rendez-vous !
- Glory owl
- Auteurs : Mandrill Johnson, Gad et Bathroom Quest
- Editeur: Même pas mal !
- Prix: 13.90€
- Sortie: 25 septembre 2014
New York 1979
Après la collection Trakif et La bureautique des sentiments, les éditions Fluide Glacial publient un album complètement décalé et très second degré New York 1979. Signé Pochep, il plonge le lecteur dans un monde fantasmé des années 70. Mode et coiffure façon seventies !
Résumé de l’éditeur : Au crépuscule des seventies, dans une Amérique mise à genoux par la guerre du Vietnam et deux chocs pétroliers, quatre destins se croisent dans les rues de New York, la ville de tous les possibles. La déferlante annoncée des années 80, porteuse d’un nouveau look, à base de cheveux courts et de pantalons noirs serrés, met tout ce petit monde à cran.
L’album de Pochep est un savoureux recueil de mini-récits burlesques et totalement décalés. Quatre personnages évoluent dans un monde seventies complètement fantasmé et essaient de préserver au mieux la mode des années 70, de haute lutte. Les personnages sont savoureux, comme : Jonathan Parker, alias Le tisseur, photographe du magazine Star New Fashion, se transforme en super-héros, tel Superman. Il traque le mauvais goût dans un costume hyper fleuri. Il y a aussi Doug, modèle depuis 30 ans pour Eternal Sunshine, est dépassé par la mode qui évolue. Warren, démocrate désabusé, vit une seconde jeunesse, entre son fils qui se prostitue et sa femme alcoolique. Et enfin, La brigade capillaire est composée de deux détectives, Cassaro et Konaski, gardiens des mèches longues, des brushings façon Dallas et des rouflaquettes. En somme, que des personnages à la limite et qui sont obsédés par la mode. Qui mangent mode, qui travaillent dans la mode et qui dorment mode. Dans ces petites histoires, il y a du 70’s show, du Starky & Hutch ou du Superman et c’est très amusant. Cette décennie, haute-en-couleurs, se prête merveilleusement bien à ce style de récit. Une période disco, de folie et très junkie. Le trait de Pochep est dans la droite lignée des albums de cette période, entre Gilbert Shelton et les albums 70’s de Fluide Glacial.
- New York 1979
- Auteur : Pochep
- Editeur: Fluide Glacial
- Prix: 14€
- Sortie: 17 septembre 2014
Darwin’s game
Les éditions Ki-oon publiaient à la fin du mois d’août, la nouvelle série manga Darwin’s game, signé Flipflops.
Résumé de l’éditeur : La vie de Kaname Sudo bascule le jour où ces quelques mots a priori inoffensifs s’affichent sur son portable. Il a le malheur d’accepter l’invitation. Aussitôt mordu au cou par un serpent virtuel surgi de l’écran, il est désormais l’esclave d’un jeu impitoyable, le Darwin’s Game, véritable arène urbaine dans laquelle des participants interconnectés via un réseau social s’affrontent dans des duels à mort. Très vite, le lycéen doit se rendre à l’évidence : même s’il essaie de se soustraire au jeu, ses adversaires, attirés par l’appât du gain et le frisson du combat, sont prêts à tout pour le retrouver…
Après King’s game, Ki oon récidive dans le manga thriller utilisant les nouvelles technologies avec Darwin’s game. Avec déjà 3 volumes publiés au Japon, ce seinen signé du duo Flipflops (Ginka & Yuki Takahata) surfe sur les applications de jeux sur smartphone. Dès la première page, l’action et l’intrigue sont lancés : Kyoda décède de coups de couteau et son ami Kaname accepte de jouer au même jeu que lui. L’atmosphère est prenante notamment lorsque le jeune étudiant est poursuivi par la mascotte qui souhaite le tuer. Le scénario est solide et réserve dès ce premier tome de nombreuses surprises.
- Darwin’s game, volume 1
- Auteurs : Flipflops
- Editeur: Ki oon
- Prix: 7.65€
- Sortie: 28 août 2014
Et pour quelques pages de plus…
Pour compléter notre sélection de la semaine, Case Départ vous conseille aussi les albums suivants :
Expérience mort
Valérie Mangin, Denis Bajram et Jean-Michel Ponzio reviennent pour le second tome du diptyque de la série Expérience mort, publié par Ankama.
Résumé de l’éditeur : Mme Fork, la célèbre milliardaire américaine, ne peut supporter de voir son fils unique agoniser d’une terrible maladie. Elle décide de tenter l’impossible : l’accompagner à la frontière de la mort et l’empêcher de la franchir. Pour cela, elle réunit une équipe de savants qui construit un incroyable vaisseau capable de suivre une âme désincarnée où qu’elle aille. C’est un stupéfiant voyage hors de notre réalité qui les attend. Aucune des expériences de mort imminente connues n’aurait pu laisser imaginer ce qu’ils vont découvrir. On ne force pas impunément les portes de l’Au-delà !
Ce petit voyage dans le royaume des morts est très crédible parce qu’il se fonde sur une expérience scientifique plausible. Le premier tome mettait en scène un équipage des plus paradoxaux : un pilote et un agent, fortes têtes et toujours prêt à bondir, une savante et un cardinal mais aussi Mme Fork, mère éplorée, qui met à disposition des sommes astronomiques pour réaliser l’exploit. Le récit est composé de multiples rebondissements comme savent les distiller Valérie Mangin et Denis Bajram dans leurs scénarios. Action et aventures sont aussi au rendez-vous de ce second volume. De plus, la fin de ce très bon album de science-fiction est formidable. L’auteur de Black Lord (avec Guillaume et Xavier Dorison, Glénat), Jean-Michel Ponzio fait le job d’une belle manière, grâce à des planches très (trop?) réalistes.
- Expérience mort, tome 2 : Cimetière céleste
- Scénaristes : Valérie Mangin et Denis Bajram
- Dessinateur : Jean-Michel Ponzio
- Editeur: Ankama
- Prix: 13.90€
- Sortie: 12 septembre 2014
Bonne journée
Les éditions Rue de Sèvres publient Bonne journée, un très bel album d’illustrations signé Olivier Tallec. Dans cet ouvrage l’auteur nous livre sa vision du monde d’une manière poétique mâtinée d’un bel humour.
Résumé de l’éditeur : Olivier Tallec nous emmène dans les situations des plus cocasses au travers le temps et l’espace. Depuis la préhistoire à la savane ou au pôle nord, en passant par la vie quotidienne des superhéros, tout est prétexte à l’ironie. Derrière la tendresse du dessin, on découvre un Olivier Tallec à la plume piquante et réjouissante.
Olivier Tallec pose un regard sensible parfois doux sur ses contemporains, sur le monde qui l’entoure. Dans la grande tradition des illustrateurs français, tel Sempé ou Voutch, il distille ses 40 petites pastilles avec un bel humour comme lorsqu’il met en scène Tarzan et Sheeta, Superman et son fils, mais aussi des animaux et beaucoup d’enfants. L’auteur parisien, qui a travaillé pour la presse ou dans l’édition jeunesse (une cinquantaine d’albums) propose des illustrations pleine page à la gouache ou à l’aquarelle et dit de son travail : « Trouver la bonne astuce, un rapport efficace entre images et mots, ce qui va faire vriller le dessin ou le sens, est toujours délicat, l’alchimie est subtile. […] Ce que je recherche, c’est le décalage : des personnages qui ne sont pas là où ils devraient être, des situations ou des phrases dénuées de sens […] ».
- Bonne journée
- Auteur : Olivier Tallec
- Editeur: Rue de Sèvres
- Prix: 14€
- Sortie: 01 octobre 2014
Edwin, le voyage aux origines
Edwin, le voyage aux origines est un album signé Manon Textoris et Julien Lambert, publié par les éditions du Lombard.
Résumé de l’éditeur : Dans un XIXe siècle en pleine mutation, alors que les hommes repoussent les frontières du savoir, Edwin, gentleman passionné de sciences, cherche les origines de son espèce. Accompagné de son majordome et de son chien Floch, Edwin s’embarque pour une incroyable aventure, qui le conduira bien au-delà de ce qu’il espérait… Il découvrira un monde où se mélangent réalité et fiction et prendra alors conscience que les origines de l’homme ne sont peut-être pas là où il pensait les trouver.
Les deux auteurs ont été récompensés par le prestigieux prix de la Fondation Raymond Leblanc (Sur une thématique libre, tous les genres peuvent être abordés : Humour, Aventure, Science Fiction,Fantaisie, Autobiographie ou BD reportage. Le projet doit comporter un dossier complet comprenant : Un synopsis de l’ensemble de l’album trois planches complètes mise au net et un projet de couverture couleur. Le Prix récompensera à l’avenir un seul gagnant, qui remportera un contrat d’édition de son projet en album aux Editions du Lombard). Donc plutôt un très grand gage de qualité et bien nous en sommes déçu. De plus, le quotidien belge Le Soir pré-publiait l’album. Enfin les deux jeunes auteurs ont été accueillis en résidence pendant un an à La maison des auteurs d’Angoulême afin de réaliser cette première bande dessinée.
Le récit de Manon Textoris est très alambiqué, perd le lecteur dans la seconde partie de l’album. Dommage parce que l’idée de départ et la thématique pouvaient laisser entrevoir une excellente histoire. Toute la première partie de l’album : la volonté d’Edwin de partir à l’aventure dans les pas des premiers naturalistes, la préparation au voyage ou les intrigants ; tout cela est assez habile et plutôt bon enfant, avec une petite touche d’humour. Mais après le naufrage du navire, la scénariste française fait basculer son récit entre réalité et fiction, teinté de fantastique et c’est à partir de ce moment-là que cela ne fonctionne plus. Le chien parle, des animaux improbables qui s’avancent dans les planches, un petit garçon qui débarque mais on ne sait pas trop pourquoi… à en avoir le tournis. Si la filiation est assumée : les récits d’aventure ou Tintin (Edwin et son chien blanc), les ressorts de l’intrigue sont moins intéressants que ceux d’Hergé.
Heureusement qu’il reste la partie graphique pour sauver Edwin le voyage aux origines. Le trait élégant de Julien Lambert rend parfaitement l’ambiance de l’époque victorienne de l’album. Les corps fins et allongés des personnages de l’auteur belge permettent de créer de très beaux mouvements. De plus, il ose des cadrages audacieux assez bien réussis. Influencé par de nombreux artistes contemporains (Blain, Barral, De Crécy ou Tanquerelle), il faudra suivre de près ce talent prometteur.
- Edwin, le voyage aux origines
- Scénariste : Manon Textoris
- Dessinateur : Julien Lambert
- Editeur: Le Lombard
- Prix: 14.45€
- Sortie: 26 septembre 2014
Curiosité perverse de Sophie
(album pour adultes)
Curiosité perverse de Sophie est un album pour adultes de Erich Von Götha et publié par le label Dynamite des éditions La Musardine.
Résumé de l’éditeur : Jeune étudiante anglaise, Sophie ne se préoccupe que de sa future réussite sociale. Jusqu′au jour où, rentrant chez elle, un homme la bouscule et place entre ses mains un cahier, avant de s′enfuir à toutes jambes. La jeune femme y découvre une scandaleuse collection de photos mettant en scène des femmes assouvissant les fantasmes les plus inavouables… Un mot figure, qui indique le lieu où rendre ce curieux objet, qui a attisé malgré elle ses désirs…
Cet album de Erich Von Götha est l’une des premières histoires publiées par l’auteur. L’ambiance du Londres des années 50 est assez bien rendue par le trait du dessinateur. Le découpage et les cadrages, quant à eux, semblent un peu datés, mais on ne recherche pas de l’innovation dans ce style d’albums. Sophie, le personnage principal, au début est naïve et ingénue, mais deviendra une vraie addict au sexe, au fil des pages. Sorte d’oie blanche qui devient un objet sexuel et se révèle une vraie nymphomane.
- Curiosité perverse de Sophie
- Auteur : Erich Von Götha
- Editeur: Dynamite
- Prix: 14.80€
- Sortie: 19 septembre 2014