Voilà un bien bel album, tant sur le plan graphique que narratif. « Modigliani, Prince de la Bohème » est l’oeuvre de Fabrice Le Hénanff ( dessin) et Laurent Seksik.
Le premier avait été remarqué pour deux albums sur la seconde guerre mondiale ( « Ostfront » et « Westfront ») le second pour « Les derniers jours de Stefan Zweig », avec Guillaume Sorel au dessin…
Paris, 1917. A Montparnasse, dans le pauvre logis qu’il partage sous les toits avec sa jeune compagne Jeanne, Amedeo Modigliani, rongé par la tuberculose, peste contre le monde qui l’entoure.
Le peintre, pourtant pétri de talent, végète. Ses toiles ne se vendent pas alors que ses congénères Picasso, Soutine et Matisse engrangent déjà les succès. Mais lui, Amedeo, n’est guère fréquentable. Sanguin, volage, alcoolique et arrogant, il rebute vite  ceux qui le fréquentent. Pour la famille de Jeanne, c’est presque un démon. Jusqu’à son mécène et marchand, Zlobowski, qui l’admire mais qui subit lui aussi les colères de l’artiste…
» Changer le monde «
Artiste maudit ? Génie ? Précurseur ? L’album qui lui est ici consacré ne tranche pas. Il met en scène un homme angoissé, terriblement humain, rongé dans ses dernières années par l’alcool et la drogue puis emporté à 36 ans par une méningite tuberculeuse. Même s’il voulait « changer le monde à coups de pinceaux » il n’aura fait que peindre nus et portraits d’une formidable manière, qui n’appartenait qu’à lui, sans connaître la gloire.
Le dessin de Le Hénanff est bluffant. Entre hyperréalisme et photo, proche aussi de la peinture, le trait du dessinateur breton est époustouflant. Le Montparnasse des années 20, les monuments, les images de cette guerre que Modigliani n’a pas faite, les gros plans, les visages sont parfaitement restitués au fil de cette évocation sensible.
Au final, un album intelligent, plein de subtilités… A lire absolument.
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Modigliani, Prince de la bohème.
- Dessin : Fabrice Le Hénanff
- Scénario : Laurent Seksik
- Editions Casterman
- Parution : octobre 2014
- Prix: 16 €
