Pour ce troisième samedi du mois de novembre, Case Départ vous propose sa belle sélection de la semaine. En vous ouvrant sa bibliothèque, le blog met en lumière de très bonnes bandes dessinées. Nous passons au crible, les albums suivants : Un océan d’amour : une sublime fable muette de Lupano & Panaccione, la treizième enquête de Soda : Résurrection, la merveilleuse réédition de l’album Sainte Famille de Xavier Mussat, une Anthologie des super-vilains DC publiée par Urban Comics, TSAV8 : un album sur la mobilisation des soldats israéliens, la très belle réédition de Cythère l’apprentie sorcière du regretté Fred, une enquête dénonçant les malversations de Samsung : Le parfum de hommes, une très belle Anthologie de la célèbre mangaka Moto Hagio, l’adaptation du roman de Michel Houellebecq : Plateforme, Tomsk-7 : une plongée dans la noirceur des grandes villes inhumaines, le dernier tome de la série de science-fiction Piège sur Zarkass, Le vol du goéland : la troisième aventures des Godillots, le retour de L’ours Barnabé dans un quinzième volume, le cinquième volet du manga Dimension W, Guillaume Sorel illustre Alice au pays des merveilles et Crazy : un poème théâtral de Florian Pourias et Stanislas Gros. Bonnes lectures.
Un océan d’amour
Un vieux marin prend la mer pour sa pêche journalière. Après avoir croisé un mastodonte des mers, il se retrouve à l’autre bout de la terre et sa femme décide de partir à sa recherche. Un océan d’amour, publié par les éditions Delcourt, raconte cette superbe fable muette signée Wilfrid Lupano et Grégory Panaccione. Un régal !
Retrouvez la fin de la chronique sur Comixtrip, en cliquant ici.
- Un océan d’amour
- Scénariste : Wilfrid Lupano
- Dessinateur : Grégory Panaccione
- Editeur: Delcourt, collection Mirages
- Prix: 24.95€
- Sortie: 29 octobre 2014
Soda
Code Apocalypse, le dernier tome de Soda, signé Bruno Gazzotti et Philippe Tome paraissait en 2005 aux éditions Dupuis, et depuis plus aucune nouvelle du policier new-yorkais. Tome continuant de nous faire rire avec Le petit Spirou (avec Janry), tandis que Gazzotti se lançait avec Fabien Vehlmann dans l’excellente série Seuls (depuis 2006, Dupuis). Mais quelle ne fut pas notre surprise lorsque la maison d’édition belge nous délivra la bonne nouvelle : Solomon David était de retour dans une treizième aventure, Résurrection, avec aux manettes toujours le même scénariste mais un nouveau dessinateur Dan Verlinden.
Résumé de l’éditeur : Comme chaque année, ignorant toujours le vrai métier de son fils, Mary Solomon réclame une simple rose pour son anniversaire, mais pas n’importe laquelle : une de ces délicates roses blanches que son ami fleuriste vend désormais à la sauvette dans une proche station de métro.
Mère et fils arrivent ensemble sur place, mais tandis que le « pasteur » Soda négocie avec le vieux vendeur l’achat de tout son stock de roses, Mary a l’attention attirée par un personnage sombre, à la physionomie vaguement orientale, porteur d’un sac à dos. Ce dernier a, par inadvertance, laissé tomber une enveloppe contenant une importante somme que Mary, s’éloignant de son fils pour trottiner dans la foule des navetteurs, tente de lui restituer. Mary est cardiaque, pas bien agile, mais au bout d’une ou deux minutes, elle parvient néanmoins à interpeller timidement l’inquiétant personnage. Dissimulant mal sa surprise, il s’empresse de s’éloigner avec l’enveloppe… avant de se raviser… pour glisser à l’oreille de la vieille dame : « Ces jours-ci, ne prenez surtout pas le métro ! » Soda ne prend connaissance de l’anecdote que Mary lui confesse naïvement que dans la soirée. Il se lance alors avec 8 heures de retard sur la piste de Khalid Cheik.
Résurrection pour tout le monde : Soda qui revient d’entre les morts, Tome qui reprend la série et nouveau départ avec Dan, son nouvel auteur.
Soda est de retour, il flingue à tour de bras, il investigue mais il ment toujours à sa maman. Rien n’a changé dans le commissariat où il travaille… ou presque. Le récit de Tome est toujours aussi dense et fort. L’intrigue nous happe dès les premières pages et nous sentons que plus rien ne sera comme avant aux Etats-Unis après les attentats du 11 septembre 2001 contre les Tours du World Trade Center. La dérive ultra-sécuritaire se fait de plus en plus pressante sur les habitants de Big Apple. Et c’est dans ce contexte que David Solomon doit enquêter après les révélations d’un homme étrange dans le métro. Ses confidences faites à Mary, la mère du pasteur-policier, ont de quoi troubler le lieutenant de police. Le scénariste de Spirou (avec Janry, Dupuis) met en scène une histoire mêlant habilement l’action et l’humour comme à son habitude. Nous retrouvons donc tous les ingrédients qui ont fait de Soda, une excellente série. Tous les acteurs sont présents : David, Mary, le chat, Linda sa coéquipière et amoureuse ; Bab’s, ses ordinateurs et ses maîtresses ou encore le commissaire Pronzini qui a vu sa femme décéder dans les attentats. A noter néanmoins que le discours de ce premier album Tome-Dan est beaucoup plus sombre que les précédents volumes, notamment par son contexte.
Du côté de la partie graphique : après Luc Warnant et Bruno Gazzotti, la série connaît son troisième dessinateur avec Dan (Verlinden). Il n’est jamais très aisé de reprendre les crayons après deux très bons auteurs et il faut dire qu’il s’en sort avec les honneurs. Le lecteur ne sera pas surpris par cette reprise tant il respecte la charte graphique de Soda. Même s’il possède un trait un peu plus caricatural que son prédécesseur, il livre des planches d’une grande qualité qui soulignent sa grande fluidité dans les mouvements des personnages.
C’est efficace, ça se lit toujours avec autant de plaisir. Soda est de retour et ça va se savoir !
- Soda, tome 13 : Résurrection
- Scénariste : Philippe Tome
- Dessinateur : Dan Verlinden
- Editeur: Dupuis
- Prix: 12€
- Sortie: 14 novembre 2014
Sainte famille
Douze ans après sa première parution, les éditions Ego comme X ont décidé de rééditer le sublime Sainte Famille de Xavier Mussat. Dans ce premier livre, l’auteur nous dévoile les relations au sein de sa famille dans une autobiographie sans concession et formidablement écrite.
Retrouvez la fin de la chronique sur Comixtrip, en cliquant ici.
- Sainte famille
- Auteur : Xavier Mussat
- Editeur: Ego comme X
- Prix: 15€
- Sortie: 03 novembre 2014
Super vilains Anthologie
Après les Anthologie de Batman ou Superman, les éditions Urban Comics proposent une anthologie sur les plus grands criminels des éditions DC dans Super Vilains Anthologie. Au menu : les épisodes incontournables des plus grandes figures du mal.
Résumé de l’éditeur : Le Joker, Lex Luthor, Sinestro, Darkseid, les Lascars… Les figures du mal sont légion dans l’Univers DC. Retrouvez dans cet album les épisodes les plus marquants et les affrontements les plus terribles qui opposent ces criminels d’exception à leurs valeureux opposants !
Comme à son habitude, les Anthologies Urban Comics balayent les récits marquants des super-héros de 1939 à nos jours. Mais pour ces 352 pages, point d’histoires à la gloire de Superman ou Batman mais des épisodes mettant en lumière les Super Vilains de l’univers DC. Pour ouvrir chacun d’eux, il y a un appareil critique comportant le visuel de couverture de la revue dans laquelle ils sont parus, un court texte explicatif et une brève biographie des auteurs.
Au menu de ces 20 récits :
– Première partie Les racines du mal de 1938 à 1955, comportant La ligue de protection des taxis (Action Comics n°13,1939) ; Le pacte des Pendards (Batman n°25,1944) une association de malfaiteurs de Gotham avec le Pingouin et le Joker ; Le dossier des crimes patriotiques (All Star n°41, 1948) l’alliance All Star contre le Gang de l’Injustice.
– Deuxième partie L’ascension du mal de 1956 à 198, comportant La bataille des anneaux du pouvoir (Green Lantern n°9, 1961) Green Lantern contre Sinestro ; Luthor et Brainiac associés (Superman n°167, 1964) ; L’alliance des super-vilains (The Flash n°155, 1965) ; La face du mal (Batman n°234, 1971) Batman contre Double Face ; Le pacte (New Gods n°7, 1972) Jack Kirby raconte la naissance de la mythologie des Néo-dieux de Néo-Genesis et Apokolips ; Sombre destin rêves mortels (Adventure comics n°452, 1977) ; La naissance d’un titan (Tales of the teen titans n°44, 1954) la Ligue de justice contre Deathstroke
– Troisième partie Le mal éternel de 1986 à aujourd’hui, Metropolis 1500 km (Superman V2 n°9, 1987) Lex Luthor est un magnat de la finance ; Le sang de Cheetah (Wonder Woman V2 n°9, 1987) ; Un jardin d’enfants maléfiques (Superman Villains secret files n°1, 1998) contant les origines de Metallo, Brainiac, Doomsday, Toyman et Lex Luthor ; Miroir mon beau miroir (The Flash V2 n°212, 2004) Flash contre le Maître des miroirs.
Dans cette très belle Anthologie, les histoires sont très variées et plaisantes à la lecture, ne se concentrant pas uniquement sur les méchants de Batman et Superman et c’est là l’un de ses points forts. Le récit écrit et dessiné par Jack Kirby est magnifique mais aussi l’histoire Un jardin d’enfants maléfiques signée Stuart Immonen mettant en scène les origines des vilains à la manière de Windsor Mc Kay. A noter un graphisme d’une belle élégance dans Le pacte des Pendards de Jack Burnley. Tous les grands auteurs (dessinateurs et scénaristes) sont ici réunis, il ne manque personne : de Joe Shuster & Jerry Siegel à Scott Snyder & Greg Capullo, en passant par Alex Toth, Curt Swan, George Perez, Gil Kane & John Broome, Carmine Infantino ou Neal Adams & Dennis O’Neil.
Ce sont les histoires du Silver et Bronze Age, nombreuses, qui dominent dans cet album au détriment du Golden Age (seulement 3 histoires contre 7 et 10 pour les deux autres périodes). Il faut dire que les récits concernant la deuxième ère sont des plus importants (Luthor et Brainiac, l’alliance des Vilains ou encore Le pacte de Kirby). Les gros points faibles de l’ouvrage résident dans le fait que les purs amateurs n’apprendront pas de réelles nouveautés dans ces récits, que parfois le lecteur se retrouve au milieu des épisodes ne comprenant pas toujours les intrigues et surtout les dénouements. Néanmoins, il s’avérera que le recueil est plus qu’une réussite. A conserver dans sa bibliothèque !
- Super vilains Anthologie
- Auteurs : Collectif
- Editeur: Urban Comics
- Prix: 25€
- Sortie: 31 octobre 2014
TSAV 8
Après Ferme 54 (Sélection Officielle Angoulême 2011), Gilad Seliktar revient avec un nouvel album TSAV 8, publié par les éditions çà et là. Dans cet autobiographie, il dévoile un aspect particulier de la vie en Israël. Si les hommes doivent faire un service militaire long (trois ans minimum), ils sont obligatoirement réservistes jusqu’à 40 ans. Mobilisables en cas de conflit, ils doivent effectuer chaque année, une période d’un mois de réserve. L’illustrateur se voit confier la mission d’aller distribuer les ordres de missions aux futurs combattants, du côté de Tel Aviv. C’est ce moment particulier qu’il a décidé de raconter dans son nouvel ouvrage.
Résumé de l’éditeur : En novembre 2012, Gilad, reçoit un « Tsav 8″, un ordre de mobilisation ; l’état d’urgence est décrété alors qu’une pluie de roquettes s’abat sur Israël et que l’armée prépare une intervention lourde dans la bande de Gaza, l’opération « Pilier de Défense ». Accompagné par un conducteur de bus, Gilad Seliktar est affecté à la distribution d’ordres de mobilisation à des réservistes à travers tout le pays. Une rencontre imprévue au cours de ce voyage lui remet en mémoire son propre service militaire – qu’il aurait préféré oublier – et notamment un incident avec un ancien compagnon d’armes qui s’était tatoué un dessin de Gilad sur le torse…
Le récit de Gilad Seliktar nous permet de découvrir un aspect peu connu des israéliens. Si l’on sait qu’ils doivent effectuer un service militaire long, on sait moins qu’ils sont toujours mobilisables et qu’ils doivent un mois tous les ans pour Tsahal (l’armée israëlienne). La situation conflictuelle forte et toujours au bord de la guerre (comme en juin 2014) permet à l’auteur de nous livrer un récit personnel mais parfois presque surréaliste. Comme à chaque fois que l’armée israélienne le contacte, son amie lui demande de feindre l’ignorance et de dire qu’il a perdu son téléphone. Résigné, il partira quand même. Expliquant qu’il est illustrateur, il ne sera pas en première ligne du conflit. Même s’il aurait préféré travailler pour la communication de Tsahal, il se retrouve à délivrer les ordres de mobilisation. Accompagné d’Avi, conducteur de bus, il sillonne donc Tel Aviv afin de trouver des hommes dans la force de l’âge pour combattre. D’ailleurs souvent ces derniers se cachent pour échapper à leur destinée. Dans TSAV 8, il insiste donc sur sa propre vision du conflit, la guerre et sur sa création artistique. Son trait aux crayons et à la craie lui permet de livrer des planches d’une grande beauté graphique. Un bémol néanmoins : nous aurions aimé qu’il dénonce vraiment cette situation parfois ubuesque qu’est la situation du conflit israélo-palestinien. Il ne prend pas part aux débats et à l’utilité ou non des combats. A la fin de l’album, nous ne savons pas réellement ce qu’il en pense. Et c’est ce qui manque vraiment à cet ouvrage pour en faire un excellent album.
- TSAV 8
- Auteur : Gilad Seliktar
- Editeur: çà et là
- Prix: 25€
- Sortie: 14 novembre 2014
Cythère l’apprentie sorcière
Après Le petit cirque, les éditions Dargaud poursuivent leur merveilleux travail patrimonial autour de l’oeuvre de Fred avec une nouvelle édition de Cythère l’apprentie sorcière, un recueil d’histoires mettant en scène le délicat apprentissage de la magie noire d’une petite sorcière par sa grand-mère. Entre poésie, magie et humour, bienvenue dans le monde fantastique de Cythère.
Résumé de l’éditeur : Cythère est une apprentie sorcière habitant dans une chaumière avec sa grand-mère. Celle-ci lui enseigne les préceptes de la magie qui, dans la famille, sont transmis de génération en génération. Mais Cythère se révèle bien plus douée que prévu.Transformer les objets, changer le temps, inverser les personnages, rencontrer la reine de Sabbat, pêcher la lune, elle est tellement habile… qu’elle fait tout déraper ! Malicieuse et impertinente, Cythère fait face avec sang-froid aux situations les plus cocasses, lorsque son sortilège de dédoublement devient, par exemple, hors de contrôle !
Les dix mini-récits de Cythère l’apprentie sorcière furent pré-publiés dans la revue Pif entre 1978 et 1980 puis édités par G.P la même année. Devenu introuvable puisque épuisé, l’album renaît une deuxième fois en octobre 2014. Le lecteur retrouve tous les ingrédients qui ont permis à Fred de développer son merveilleux univers : la magie, l’onirisme, un bestiaire fantastique, l’absurde, la fantaisie, des histoires poétiques, des jeux de langages et des personnages si singuliers ; le tout teinté d’un très bel humour. Ici, Cythère, jeune adolescente qui parfait son apprentissage en sorcellerie, peu douée, véritable miss catastrophe, espiègle et n’en faisant qu’à sa tête, ainsi que sa grand-mère, qui illustre la parfaite sorcière, intelligente, douée pour la magie noire et d’une grande patience.
Cette réédition a bénéficié de nouvelles couleurs d’Isabelle Cochet, d’une préface de Joan Sfar, grand admirateur de l’œuvre de Fred et de deux pages explicatives de la genèse de Cythère, écrites par François Le Bescond, agrémentées de 4 demi-planches de crayonnés. Nous y apprenons que le prénom de la petite fille évoque l’île de même nom située sur la Mer Egée, archipel cher à Fred, lui-même d’origine grecque (Othon Aristides alias Fred) et que c’est la seule incursion dans le genre jeunesse de l’auteur de la merveilleuse série Philémon.
Enfin est adossée à l’album, La voiture au clair de lune, histoire d’une grande rareté, publiée pour la première fois en album. Ce récit est une collaboration artistique entre l’auteur et Jacques Dutronc. Après un premier travail en commun (la chanson Le fond de l’air est frais, texte de Fred), ils signent en commun deux récits : cette histoire de 6 pages et Le sceptre.
Merci aux éditions Dargaud de réhabiliter le formidable univers de ce grand maître du Neuvième Art.
- Cythère l’apprentie sorcière
- Auteur : Fred
- Editeur: Dargaud
- Prix: 13.99€
- Sortie: 10 octobre 2014
Le parfum des hommes
Dans les années 2000, plusieurs employés d’une usine Samsung, spécialisée dans les semi-conducteurs décèdent de leucémie. Parmi eux, Yumi, âgée de 20 ans. C’est son histoire et celle de ses parents qu’a voulu mettre en lumière, le coréen Kim Su-Bak dans son album poignant Le parfum des hommes, publié aux éditions Atrabile. Ce témoignage fort dénonce le géant de la téléphonie, entre pression, argent et mort certaine.
Résumé de l’éditeur : C’est à 18 ans que Yumi commence à travailler dans une usine Samsung spécialisée dans les semi-conducteurs. Deux ans plus tard, elle se plaint de douleurs. Le diagnostic tombe alors, comme un couperet: elle est atteinte de leucémie. L’état de la jeune fille va rapidement s’empirer, et elle décédera finalement sur la banquette arrière du taxi conduit par son propre père, Sang-ki Hwang, alors qu’il la conduit à l’hôpital. M. Hwang se rendra vite compte que sa fille n’est pas la seule ouvrière à être tombée malade. Et si c’était son travail, en l’exposant à des matières hautement toxiques, qui l’avait tuée? Afin de rendre publique cette situation et d’honorer ainsi la mémoire de Yumi, Sang-ki rencontre des responsables de partis politiques et des médias. La réponse est trop souvent identique: personne n’ose défier le géant Samsung. Depuis, Sang-ki ne cesse d’entreprendre des démarches avec d’autres victimes de Samsung.
Kim Su-Bak mène une enquête sans concession dans ce récit d’une grande dureté, à la fois sensible et révoltant. Se muant en journaliste d’investigation, l’auteur de Quitter la ville, raconte avec beaucoup de retenue et de pudeur l’histoire de Yumi, jeune fille de 18 ans qui décide de travailler tout de suite après l’obtention de son bac afin d’aider financièrement sa famille très modeste. Il rencontre les parents de la défunte qui vont lui raconter les deux ans de souffrance de leur fille et la suffisance de l’ogre Samsung, recherchant à tout prix le profit, ne se laissant pas impressionner par les victimes ou leurs familles réclamant justice. Pour les familles de victimes comme celle de Yumi, il est quasi impossible de s’attaquer à elle. Toute les personnes de l’entourage les en dissuade, aucun avocat ne prendra le risque de s’y frotter et la classe politique non plus.
Pourtant Sang-Ki, le père de la défunte va rapidement découvrir que de nombreux employés sont ou ont été victimes des produits manipulés et ont contracté des leucémies. Il lui sera pratiquement impossible d’avoir une assurance maladie de la part de la firme pour couvrir les frais importants de l’hospitalisation, de faire reconnaître la leucémie comme une maladie professionnelle. Il recevra un petit pécule pour cela en échange de non-poursuites judiciaires. La pression exercée par des dirigeants sera de tous les instants minant la mère de Yumi, sombrant dans une longue dépression.
Su-Bak dénonce aussi les conditions de travail de l’usine : les protections étant trop légères lors des manipulations des liquides. D’ailleurs les jeunes employés n’y font pas attention pensant presque qu’ils sont invincibles.
Malgré un récit touchant et d’une grande noirceur, il parvient à distiller des séquences plus humaines notamment quand Yumi photographie la nature. Cet album implacable risque de faire des remous en Corée du Sud. Pour nous Français et consommateurs Samsung, cela peut nous faire réfléchir avant d’acheter un mobile de la marque et pourquoi pas se retourner vers un téléphone plus éco-responsable.
- Le parfum des hommes
- Auteur : Kim Su-Bak
- Editeur: Atrabile
- Prix: 17€
- Sortie: 14 novembre 2014
Moto Hagio Anthologie
Moto Hagio, son nom ne vous dit peut-être rien, pourtant c’est l’une des plus grandes mangakas, une véritable pionnière dans le monde du 9e art japonais, au même titre que Osamu Tezuka. Les éditions Glénat proposent une sublime Anthologie, réunissant 9 histoires les plus représentatives de son œuvre, qu’elle a publié entre 1970 et 1980. Ce magnifique coffret est composé de deux mangas : De la rêverie et De l’humain. A (re)découvrir absolument !
Résumé de l’éditeur : Moto Hagio est l’une des premières artistes féminines qui a osé enfreindre les codes du manga qui, dans les années 60, imposaient à ces dernières des histoires simplettes à l’eau de rose. À l’image du grand maître Osamu Tezuka, elle n’hésitera pas à explorer divers horizons, allant de la saga vampirique aux récits de SF à la Ray Bradbury, maîtrisant au passage les critiques sociales ou les fables amères. Tout en gardant un trait élégant, ses œuvres dépassent largement les frontières que l’on attribue habituellement aux shôjo manga et prennent une dimension universelle qui ne manquera pas d’intéresser tout lecteur curieux, habitué ou non au manga.
Les éditions Glénat ont ici sélectionné, spécialement pour le lectorat français, 9 récits pour découvrir toute l’étendue du talent de cette artiste. Vous pourrez apprécier d’un côté ses œuvres fantastiques et de science-fiction : A Drunken dream, les deux parties de Ils sont 11 ! et La Forêt blanche. Dans l’autre tome se trouvent réunis des récits proches du réel : La fille de l’iguane, Demi dieu, November gymnasium, Pauvre maman et Egg stand.
- Un rêve ivre (1980). Rem fait toujours le même étrange rêve : elle voit toujours la même personne mourir sous ses yeux mais à des époques historiques différentes.
– Nous sommes onze (première partie, 1975, Prix shônen Shogakukan). Université. Salle d’examen intergalactique. Des dizaines de candidats souhaitent intégrer l’université afin de devenir l’une des futures élites de la nation. Les vainqueurs se verront proposer une initiation dans un vaisseau spatial pendant 50 jours. L’un des groupes, constitué de 10 personnes, découvre qu’ils sont en fait 11 !
– Nous sommes onze, Est et ouest un horizon lointain (1976-1977). King invite ses autres camarades à découvrir sa planète.
– Le petit flûtiste de la Forêt Blanche (1971). Maria, dix ans, déménage à la campagne. Elle fait la connaissance de Eddie. En rentrant chez elle, elle découvre que le même garçon est représenté dans un tableau.
– La princesse Iguane (1991). Une femme accouche d’une petite fille, qu’elle rejette de suite en pensant que c’est un bébé iguane. Même l’arrivée d’une petite sœur n’arrange rien. Un récit des plus importants de Moto Hagio où elle aborde les relations qu’elle a entretenu avec sa mère.
- Mon côté ange (1984). Deux sœurs siamoises que tout oppose, l’une est belle mais ne fait rien que sourire, l’autre est laide mais très intelligente. L’une est adorée, l’autre rejetée.
– Le pensionnat de novembre (1971). Allemagne, 19e siècle. Eric arrive dans un pensionnat de garçon. Son passé se dévoile : difficultés familiales et mauvais comportement.
– Pauvre maman (1971). Esta, la mère de Tim vient de mourir. Il croise le chemin de Martin, un ancien ami étudiant de sa maman, qui a des choses à lui révéler.
– Le coquetier (1984). Paris, lors de la Seconde Guerre Mondiale. Les nazis occupent la ville et Louise est danseuse de cabaret.
Entre les seinens fantastiques et les shôjos plus intimistes, Moto Hagio a révolutionné l’univers manga. Cette belle Anthologie (coffret de deux mangas, 25€) que nous offrent les éditions Glénat, permettront aux plus grand nombre d’entre-vous de découvrir la célèbre mangaka. Il faut dire que la maison d’édition grenobloise réalise celle-ci uniquement pour le public français. Jusqu’à présent, seul le manga Le cœur de Thomas avait été édité en France par Kazé. Les récits sont souvent construits comme des fables humanistes, entre poésie, fantaisie et science-fiction. Si le trait pourra sembler un peu daté, il est à noter qu’à l’époque ce fut une vraie révolution.
A (re)lire et découvrir l’univers de la mangaka mère du shojô moderne.
- Moto Hagio Anthologie
- Auteur : Moto Hagio
- Editeur: Glénat Manga, collection Vintage
- Prix: 25.50€
- Sortie: 06 novembre 2014
Plateforme
Alain Dual adapte le célèbre roman de Michel Houellebecq, Plateforme, publié par les éditions Les contrebandiers. Dans cet album, Michel rencontre Valérie dans un club de vacances de Thaïlande et en tombe amoureux. Mais cette vie de couple est singulière dans sa forme et dans son histoire.
Résume de l’éditeur : Lorsque la vie amoureuse est terminée, c’est la vie dans son ensemble qui acquiert quelque chose d’un peu conventionnel et forcé…
J’en suis maintenant convaincu : pour moi, Valérie n’aura été qu’une exception radieuse. Elle faisait partie de ces êtres qui sont capables de dédier leur vie au bonheur de quelqu’un, d’en faire très directement leur but. Ce phénomène est un mystère. En lui résident le bonheur, la simplicité et la joie ; mais je ne sais toujours pas comment, ni pourquoi, il peut se produire. Et si je n’ai pas compris l’amour, à quoi me sert d’avoir compris le reste ?
Auteur touche-à-tout, Michel Houellebecq ne connaissait pas jusqu’alors l’univers du 9e Art. Romancier, photographe et même réalisateur de films (adaptations de ses propres romans ), il décide de sauter le pas et d’accepter l’adaptation du premier de ses écrits qui aura du succès. En 2001, il part vivre en Irlande et écrit Plateforme. Neuf années plus tard, Alain Dual, par une correspondance-mails, demande l’autorisation au célèbre romancier d’adapter Lanzarote (2000) dans un premier temps. Mais rapidement, en 2011, il change d’avis et propose Plateforme à l’auteur, qui est tout de suite enthousiaste : « Il se trouve que j’ai eu à relire Plateforme récemment, et j’ai bien aimé, alors que j’avais parfois formulé des jugements très durs sur ce livre. Tout ce que vous m’avez montré de votre travail en bande dessinée m’a, jusqu’à présent, plu. Bref, j’attends avec beaucoup d’intérêt vos premières planches ». A leur lecture, il détecte quelques erreurs et y apporte des changements par petites touches. Ses envies d’intervenir sur le scénario sont de plus en plus pressentes et décide de travailler en étroite collaboration avec l’illustrateur. Houellebecq dira d’ailleurs, à propos de ce travail : « C’est agréable pour moi, cette BD, parce que je peux améliorer par rapport au livre ».
Pour sa première bande dessinée, Alain Dual livre un album d’une belle facture. Dans ce récit, il dénonce le tourisme sexuel mondialisé dans un des pays les plus touché par ce fléau, l’Indonésie. Alors qu’à la sortie du roman, Houellebecq avait été au cœur d’une polémique, faisait de lui le chantre du tourisme sexuel.
Michel, parfois accompagné de Valérie, consomme des jeunes filles comme on consommerait de la viande. L’étrangeté de Plateforme vient aussi de la relation ambiguë dans le couple. Le lecteur pourra parfois ressentir même du dégoût. Il reste néanmoins une belle histoire d’amour entre une très belle femme et un homme, célibataire endurci, misanthrope et jusque là handicapé des sentiments.
En ce qui concerne la partie graphique, Alain Dual livre une prestation très sobre et propre. Son trait en noir et blanc s’avère efficace mais n’apporte pas ce petit plus qui aurait permis à l’album d’être un excellent ouvrage.
- Plateforme
- Scénariste : Michel Houellebecq
- Dessinateur : Alain Dual
- Editeur: Les Contrebandiers
- Prix: 17€
- Sortie: 23 octobre 2014
Tomsk-7
Les éditions Mosquito proposent le nouvel abum de Danijel Zezelj (douzième ouvrage publié par la structure depuis 1999), Tomsk-7 un étonnant voyage dans des villes inhumaines. Plongée dans la noirceur de ces cités. Parmi quelques-uns des 8 récits :
– La petite ville de Tomsk-7, se situe au cœur du continent asiatique, secrète et mystérieuse, elle n’est indiquée sur aucune carte. Sorte de cité-prison, elle fut le siège de trente usines, rejetant des fumées nocives et assombrissant son ciel.
Vladimir, cuisinier à l’œil de verre et arrêté pour une affaire de bagarre, est envoyé dans la lugubre cité pour y exercer son métier. Mais une blessure profonde le mine de l’intérieur…
– Nine lives. M. est une ville au cœur du continent à une centaine de kilomètres des côtes. Alors que quelques navires y accostent de temps à autre, un jeune garçon questionne son grand-père sur d’étranges dessins : il vient de découvrir les cartes et la cartographie…
– Kisser. Le magicien fait du business dans le commerce de la drogue. Son plus bel amour, c’est Léa…
– Lefferts Avenue. Brooklyn est un grand quartier de New-York de 3 millions d’habitants et dont 25 % vivent sous le seuil de pauvreté. Une conférence s’y tient sur Le matérialisme aujourd’hui…
– Long distance. Après un séjour à l’hôpital, un homme reprend à courir tous les jours mais jamais moins de 10km. Un jour lors de son parcours, il découvre le cadavre d’un homme. Un fait de plus en plus fréquent…
Quel voyage surréaliste que nous propose Danijel Zezelj dans cet étonnant album Tomsk-7 ! Des récits d’une grande noirceur dans ces villes où parfois l’être humain semblerait la seul présence. Ces cités existantes ou imaginées sont fantasmées dans leur moi le plus sombre. L’auteur de Babylone (Mosquito, 2013) nous livre une vérité sans fard sur ces villes inhumaines où les Hommes sont parfaitement broyés, sans que cela n’émeuve personne. Ces anonymes livrés à eux-même, à leur existence modeste et cruelle. Pas de dialogues, peu de récitatifs (en voix-off des protagonistes) c’est le parti-pris de l’auteur et cela renforce l’ambiance parfois à la limite de l’angoisse des huit histoires.
Le trait en noir et blanc du croate est fascinant, entre réel et dessin abstrait. Il se dégage une grande puissance graphique des planches entre traits aux feutres et projections comme un graffeur.
Expérience unique que l’univers de Zezelj, entre poésie, abstraction et réflexion. Une belle réussite graphique !
- Tomsk-7
- Auteur : Danijel Zezelj
- Editeur: Mosquito
- Prix: 13€
- Sortie: 07 novembre 2014
Piège sur Zarkass
Gaïa, go home est l’ultime volet de la saga de science-fiction Piège sur Zarkass, signée Yann et Didier Cassegrain, éditée par Ankama. Dans ce dernier tome, les auteurs proposent l’adaptation du roman de Stéphane Wul
Pour vous replonger dans Piège sur Zarkass, relisez la chronique Case Départ du premier tome intitulé Une chenille pour deux.
Résumé de l’éditeur (tome 3/3): Résolu à profiter des dernières navettes d’évacuation réservées aux indigènes collaborateurs, le Zarkassien sauvé par Louis et Marcel leur vole les fragments du vaisseau alien pour les livrer aux autorités de New Pondichery. Les deux agents imaginent alors un nouveau stratagème pour gagner la capitale encerclée : endosser les dépouilles royales découvertes dans le capharnaüm du Doc Loizau. Un subterfuge qui aura des conséquences inédites sur Loulou et sur l’avenir de la planète Zarkass !
Quelle saga ! Le lecteur est toujours autant happé par l’adaptation de Yann. Scènes d’action, faune extravagante, personnages à fort caractère et humour de tous les instants : tous les ingrédients sont réunis pour faire de cette série, l’une des plus réussies des Univers de Stefan Wul. Cette conclusion est accrocheuse et d’une extrême efficacité, sur une planète en guerre. Nous retrouvons Louis et Marcel, deux femmes de caractère, dans de fâcheuses postures suivant à la trace les fameux triangles, mais aussi en prise avec la révolte des Zarkassiens contre les Humains. Le trait d’une belle élégance de Didier Cassegrain est toujours d’une belle facture, proposant parfois de grandes cases ou des illustrations pleine page. Les décors et les animaux fabuleux sont des plus réussis.
- Piège sur Zarkass, tome 3/3 : Gaïa, go home !
- Scénariste : Yann
- Dessinateur : Didier Cassegrain
- Editeur: Ankama
- Prix: 13.90€
- Sortie: 10 octobre 2014
Les godillots
Les éditions Bamboo publient la troisième aventure des Godillots, de Olier et Marko, intitulée Le vol du goéland. Dans ce nouvel opus, Palette, Bourru et Bichette se lancent dans un drôle de raid aérien au-dessus des lignes allemandes lors de la Première Guerre Mondiale.
Résumé de l’éditeur : Pendant l’été 1918, les Godillots sont de service sur un terrain d’aviation de la Marne où l’As des As, Alexandre d’Esterrat, donne une conférence de presse. Lors d’une prochaine parade, il veut faire passer son avion, le « Goéland », sous la tour Eiffel. Adulé, mais piqué au vif par les questions des journalistes, le pilote décide d’aller « arrondir » son tableau de chasse en allant « trouer du zinc prussien ».
Il décolle aussitôt, emportant par inadvertance un passager clandestin, pour un vol cauchemardesque au-dessus des lignes ennemies…
Parmi les nombreuses publications commémorant le Centenaire du début de la Première Guerre Mondiale, Les Godillots ont pour cœur de cible le jeune lectorat. Cette très bonne série jeunesse repose sur un bon scénario d’Olier qui mise avant tout sur l’action et l’aventure. Alors que dans le premier tome, l’intrigue se déroulait dans les tranchées et que le deuxième volet mettait en scène les trois héros sur les chemins du Nord de la France à la recherche d’eau potable, la troisième aventure se déroule dans les airs. Le jeune lecteur retrouve les trois personnages principaux sur un terrain d’aviation lors d’une parade. L’ajout d’autres protagonistes agrémente agréablement le récit : Alexandre d’Esterrat, génie du pilotage, hautain et casse-cou, mais aussi François l’artilleur de l’avion, dévisagé par une bombe, ainsi que Marie Pivain, la jolie journaliste. Il faut dire que l’aventure dans l’avion au-dessus des lignes allemandes est palpitante. Bichette se retrouvant malencontreusement dans le cockpit de l’as des as.
Le trait humoristique de Marko est d’une belle lisibilité et rend parfaitement l’ambiance parfois cocasse du récit. Une belle réussite pour cette série familiale autour de la Grande Guerre.
- Les Godillots, tome 3 : Le vol du goéland
- Scénariste : Olier
- Dessinateur : Marko
- Editeur: Bamboo
- Prix: 13.90€
- Sortie: 05 novembre 2014
Et pour quelques pages de plus…
Pour compléter notre sélection de la semaine, Case Départ vous conseille aussi les albums suivants :
L’ours Barnabé
Mais qu’est-ce qui peut bien encore faire marcher et philosopher L’ours Barnabé ? Nul ne le sait. Le gentil plantigrade est de retour dans un quinzième recueil sous l’œil attendrissant de son papa Philippe Coudray, publié par les éditions de La boîte à bulles. Toujours aussi plaisants à la lecture, les gags en une planche font mouche à chaque fois.
Résumé de l’éditeur : Créé en 1980, l’ours Barnabé a traversé les décennies sans prendre une ride, offrant à ses lecteurs un constant plaisir de lecture avec ses gags teintés de poésie, de philosophie et d’un zeste de « non-sens ». Trop intelligent et trop fort pour craindre un quelconque prédateur Barnabé vit paisiblement dans la montagne qui l’a vu naître. Roi du raisonnement et des expérimentations en tout genre, notre ours préféré, accompagné de son ami lapin, continue d’explorer les limites de l’absurde pour mieux nous en livrer les secrets…
Philippe Coudray vit un véritable conte de fées à travers son Ours Barnabé. Les récompenses pleuvent (double nomination aux Eisner Awards) et le plantigrade-philosophe est désormais publié jusqu’en Chine ! Aux Etats-Unis, les recueils sont édités dans la prestigieuse collection Toon Books (10 000 exemplaires vendus du premier tome). Et c’est plus que mérité pour l’univers animalier poétique de l’auteur qui travaille régulièrement pour la revue Psikopat.
Le lecteur retrouve les mini-récits de l’ours avec plaisir : gentil voisin arrosant les fleurs de son compère en vacances, sculpteur de miniature, aidant un sanglier des chasseurs, observant une tempête dans son salon, jouant de la flûte avec ses amis, sculptant son corps en un Hercule de concours, essayant de marcher avec des échasses, aidant un cheval à passer un précipice ou récoltant des pommes dans un arbre. C’est rafraîchissant et onirique ; ça se lit facilement, c’est parfait pour toute la famille (de 6 à 96 ans ) et ça fait réfléchir. Formidable !
- L’ours Barnabé, tome 15 : Un monde parfait
- Auteur : Philippe Coudray
- Editeur: La Boîte à Bulles, collection Malle aux images
- Prix: 12.50€
- Sortie: 20 novembre 2014
Dimension W
Dimension W est de retour par un cinquième volume. Les éditions Ki oon continuent de nous enchanter avec ce nouvel opus signé Yuji Iwahara où le lecteur retrouve Mira et Mabuchi dans leurs aventures à la recherche de coils illégaux.
Pour se rafraîchir la mémoire, relisez la première chronique de ce fabuleux manga, en cliquant ici.
Dans ce cinquième volume, Mira doit tenir un carnet de bord pendant ses vacances, où elle doit consigner ce qu’elle observe autour d’elle. Elle décrit et dessine des insectes qu’elle voit dans la nature. Pendant ce temps, Mabuchi doit trouver au plus vite un nouveau groupe électrogène car le sien est en panne. Avec cette grosse chaleur, il a peur de ne pas surmonter les degrés qui montent. Laissant la maison à la robot, il file en acheter un chez un antiquaire. Mais il s’est fait arnaquer, il ne fonctionne pas.
Le jeune homme, réticent aux coils, n’aime pas vraiment la foule ni sortir de chez lui. C’est pour cela qu’il se fait livrer de la nourriture et qu’il cherche de l’essence (très rare) pour faire fonctionner ses vieilles voitures qu’il retape. Les seuls moments où il sort, c’est pour son travail et récupérer les coils illégaux.
Quelques jours plus tard, ils sont missionnés par Mary pour désactiver un coil utilisé à tord par un braqueur de bijouteries détenu par Chamberman. Cet homme au corps cybernétisé à 35 % est extrêmement dangereux…
Toujours autant de plaisir à lire les aventures de Mira et Mabuchi ! Les histoires sont rafraîchissantes, leur relation est réussie et les personnages attachants. Depuis le 13 février, les éditions Ki oon ont déjà proposé 5 volumes de ce génial manga et elles ont bien fait. A découvrir !
- Dimension W, volume 5
- Auteur : Yuji Iwahara
- Editeur: Ki oon
- Prix: 7.90€
- Sortie: 09 octobre 2014
Alice au pays des merveilles
Après la très belle adaptation du Horla de Guy de Maupassant (Rue de Sèvres, 2014), Guillaume Sorel propose sa vision d’Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, publiée aussi par Rue de Sèvres. Il illustre l’ensemble du texte par ses magnifiques aquarelles.
Résumé de l’éditeur : Guillaume Sorel aborde un autre classique incontournable de la littérature fantastique, sous la forme de l’illustration du texte intégral. Il nous propose une interprétation d’Alice loin de la sage petite fille de Walt Disney, avec une trogne de chipie fidèle au texte de Lewis Caroll.
Il faut tout le talent de Guillaume Sorel pour illustrer le roman de Lewis Carroll, publié en 1865. Il faut dire que le premier illustrateur de l’ouvrage est l’auteur anglais lui-même (manuscrit avec 37 dessins à la plume en 1864 qu’il offrit à Alice Liddle). Par les trente dessins originaux de l’auteur du Horla, en effet, on est très loin du film d’animation de Disney, sur les écrans en 1951, plus sombres et moins enfantins. Il faut dire que le texte originel est beaucoup plus hard que le dessin animé de la firme américaine.
Le lecteur retrouve les scènes importantes du récit, magnifiquement mises en image à l’aquarelle, en pleine page ou sur demi-page : La descente dans le terrier du lapin (5 dessins), La rencontre avec la chenille, Le chat de Chesterfield, la scène du thé chez le Chapelier fou, La reine de cœur, La tortue fantaisiste ou Le procès. Un très bel ouvrage !
- Alice au pays des merveilles
- Auteur : Guillaume Sorel
- Editeur: Rue de Sèvres
- Prix: 22€
- Sortie: 29 octobre 2014
Crazy
Rannou Editions est une nouvelle entité au sein de la littérature française. Nous suivons ses frêles premiers pas à travers Crazy, un poème théâtral signé par le jeune comédien Florian Pourias et illustré par Stanislas Gros.
Maël Rannou co-dirige avec son frère la structure L’égouttoir depuis 2005, publiant la revue Gorgonzola. Mais il a décidé de créer sa propre maison d’édition seul mettant en lumière différents genres littéraires (poésie, nouvelle, essai ou théâtre).
Résumé de l’éditeur : Crazy est un texte clinique en tous les sens du terme. Par son écriture, cinglante et froide quoique parfois emprunte d’un étonnant lyrisme, et par son contexte, celui d’internement imposé. Deux récits se dressent en parallèle, s’éclairant l’un l’autre, mettant les mêmes acteurs en scène, dans une construction cyclique envoûtante traçant une lente avancée vers la folie.
Pour son premier texte publié, le jeune comédien Florian Pourias a utilisé la rare forme du poème théâtral, avec une maturité qui affirme un auteur à suivre. Stanislas Gros, illustrateur aux noirs implacables, a illustré ce texte en lui répondant, créant un dialogue entre la pièce et des bandes dessinées inédites.
Crazy est un objet hybride, mêlant les genres en créant une œuvre globale et cohérente. À ce titre il représente à merveille la collection « Libres-courts », qu’il inaugure et qui se consacre à la découverte de courts textes illustrés en tous genres.
Le texte de 67 pages est illustré par quatre planches de Stanislas Gros. L’auteur du Dernier jour d’un condamné (d’après Victor Hugo, Delcourt, 2007), du Portrait de Dorian Gray (d’après Oscar Wilde, Delcourt, 2008) et de La nuit (Gallimard, 2011) utilise un trait en noir et blanc d’une très grande noirceur pour servir au mieux ce récit très sombre.
- Crazy
- Scénariste : Florian Pourias
- Dessinateur : Stanislas Gros
- Editeur: Rannou Editions
- Prix: 10€
- Sortie: 29 octobre 2014