Première semaine de janvier. Case Départ vous souhaite une belle année 2015 pleine de belles bandes dessinées. Pour vous mettre l’eau à la bouche et entamer la nouvelle année, nous vous proposons notre belle sélection de la semaine. Nous passons au crible, les albums suivants : Une plongée dans les coulisses de la bande dessinée dans l’album Cases Blanches de Sylvain Runberg & Olivier Martin, la première intégrale en France du chef-d’œuvre de Walt Kelly : Pogo, L’incroyable histoire de Benoit-Olivier : une adaptation dessinée du roman jeunesse du canadien Daniel Brouillette, l’intégrale de Queen Emeraldas de Leiji Matsumoto : l’alter ego d’Albator, une visite passionnante de Paris dans l’ouvrage Pablo, le Paris de Picasso, le nouveau livre d’illustrations de Benjamin Lacombe : Marie-Antoinette carnet secret d’une reine, le deuxième volume du manga Kid I luck, La cabane : un roman graphique sur la culpabilité de Benjamin Fischer & Stibane, le passage en album des dessins et pages de bande dessinée du blog Je veux un bébé tout de suite !, le cinquième volet de la saga du fabuleux shônen Seven Deadly Sins et La véritable histoire des héros de BD : un livre sur les liens entre personnages historiques et leurs personnages de papier. Bonnes lectures.
Cases blanches
Que ressent un auteur de bande dessinée face à une page blanche ? Pourquoi d’un seul coup son processus créatif est au point mort ? Comment un dessinateur, qui exerce un très beau métier, peut-il sombrer ? Des planches qu’il ne peut pas créer, à ses relations tendues avec son éditeur et son scénariste, en passant par sa vie de papa célibataire. Entre angoisses et mensonge, plongez au cœur des coulisses du monde du 9e art grâce au très bel album Cases blanches de Sylvain Runberg et Olivier Martin, publié par Grand Angle.
Résumé de l’éditeur : Vincent Marbier est un auteur de BD en panne d’inspiration depuis plusieurs années après l’énorme succès qu’a eu le tome 1 de sa série. Pressé par son éditeur qui veut voir l’album terminé, attendu par ses nombreux fans, délaissé par son scénariste qui n’en peut plus de ses blocages, Vincent est désorienté, au point d’imaginer arrêter la carrière de dessinateur.
De son atelier, au bureau de son éditeur, en passant par les séances de dédicaces, de présentation à la presse et l’incontournable festival de Saint-Malo, Vincent s’engage dans la quête de l’inspiration retrouvée dans un récit didactique et haletant au coeur de la création et des coulisses de l’édition BD.
Après Face cachée (Futuropolis), Sylvain Runberg et Olivier Martin s’associent de nouveau pour proposer Cases blanches, un très bel album dans les coulisses de la bande dessinée. Ce roman graphique scénarisé par Runberg plonge Vincent Marbier, son héros, dans les tréfonds de la dépression. Ayant travaillé pendant plusieurs années en librairie, puis dans le domaine de l’édition, l’univers de la bande dessinée, il le connaît parfaitement. Scénariste de nombreuses séries à succès (Reconquêtes, Orbital ou Hammerfall), il explique qu’il voulait : « […] développer cette intrigue : un auteur, bloqué par le manque d’intérêt qu’il porte au deuxième tome d’une série à succès, ne peut plus assumer ses engagements et se voit contraint de mentir parce qu’il ne trouve pas le courage – ou la force – de dire qu’il veut arrêter ». Cette perte de foi, son héros, la ressent de plus en plus chaque jour, ayant du mal à se mettre devant sa table à dessin. Pourtant, les 125 000 exemplaires vendus du Sentier des ombres, pouvaient laisser augurer un bon départ dans le monde de l’édition. Mais la pression grandit. Entre un éditeur qui a des difficultés financières, un scénariste qu’il n’a pas choisi, prompt à le remplacer dès sa première défaillance, les dédicaces, les autres auteurs ou le public de son petit village, il n’arrive à se raccrocher à rien. Même les yeux émerveillés de son fils lorsqu’il intervient dans le cours de français de son collège, ne suffissent pas. Seul dans son atelier, père à mi-temps, il n’avance plus. Perdu dans sa vie privée mais aussi dans son propre métier, il glisse vers une abîme qui lui tend les bras.
Le lecteur découvre un univers très complexe, pas tendre avec ceux qui vendent peu. Entre personnages fictifs et réels (le lecteur croise Morvan, Lepage ou Kris), Sylvain Runberg voulait : « représenter avec la plus grande fidélité certains aspects des coulisses de l’édition ». Et mettre en lumière des situations de vie délicate : « les conditions de vie des auteurs tendent de plus en plus à la précarisation. C’est non seulement inacceptable mais aussi dangereux pour tout le monde ».
Le trait au lavis d’Olivier Martin est à la fois léger par ses couleurs mais aussi profond dans la représentation des angoisses de Vincent. Le dessinateur de Sang et Encre (avec Eric Omond, Delcourt) propose de grandes cases où les décors a minima permettent à ses héros de papier de tenir une place centrale.
- Cases blanches
- Scénariste : Sylvain Runberg
- Dessinateur : Olivier Martin
- Editeur: Grand Angle – Bamboo
- Prix: 16.90€
- Sortie: 07 janvier 2015
Pogo
Bienvenue dans le Marais d’Okefenokee. Dans ce lieu, vous y croiserez Pogo Possum, Albert Alligator, Churchy LaFemme ou Porky Pine. Cette faune anthropomorphe vit des aventures du quotidien entre rires et réflexions. Pogo, ce merveilleux univers animalier est l’œuvre de Walt Kelly. Les éditions Akileos ont décidé de le publier en intégrale complète (12 volumes) pour la première fois en France, après une attente de presque cinquante ans. Le tome 1, Par-delà les étendues sauvages, regroupe tous les comics strips des années 1949 et 1950. Un bijou, une pépite, un chef-d’œuvre !
Cet album est nominé dans la Sélection Patrimoine d’Angoulême 2015.
Retrouvez la fin de la chronique sur Comixtrip, en cliquant ici.
- Pogo, volume 1 : Par-delà les étendues sauvages
- Auteur : Walt Kelly
- Editeur : Akileos
- Prix : 39.90€
- Sortie : 01 décembre 2014
L’incroyable histoire de Benoit-Olivier
Waf le chien est le premier tome de la nouvelle série jeunesse des éditions Kennes, L’incroyable histoire de Benoit-Olivier. Signée Didier Alcante et Steven Dupré, l’histoire est une adaptation des romans de Daniel Brouillette.
Résumé de l’éditeur : Benoit-Olivier est le plus vieux, le plus grand et le plus niaiseux de son école. Il est aussi le jeune au surnom le plus original. Il mène la vie dure à Mme Béliveau, son enseignante de 6e année, spécialiste de la mauvaise humeur, des dictées ennuyantes, des copies et des retenues. Heureusement, les vacances des Fêtes arrivent enfin. Si ses parents peuvent lui offrir le cadeau tant désiré et que la belle Maxim se décide enfin à sortir avec lui, il sera l’ado le plus heureux du monde.
Ancien enseignant, Daniel Brouillette est un auteur canadien de romans à succès. L’incroyable histoire de Benoit-Olivier est d’ailleurs le tout premier récit de ses 233 ouvrages. Après La vie compliquée de Léa Olivier (de Catherine Girard-Audet & Ludowick Borecki, Kennes), Didier Alcante a décidé d’adapter une nouvelle histoire d’un québécois en bande dessinée. Un peu comme si le héros était l’alter ego de la jeune héroïne. Le scénariste appuie son histoire très drôle sur la personnalité folle du héros Benoit-Olivier. Il faut dire que Bine (son surnom) a tout pour lui : gaffeur, mauvais élève sauf en sport et éternel redoublant. Pourtant cet adolescent presque comme les autres est extrêmement attachant, notamment lorsqu’il souhaite que sa mère ne le prenne plus pour un bébé ou lorsqu’il supplie ses parents de lui offrir un chien (car c’est super cool) et qu’il reçoit en retour un chat, qu’il prénomme Anorexie.
Cet anti-héros amusant rêve toutes les nuits de Maxim, une jeune fille. Douée, elle aussi, en sport, ils aiment à se défier dans toutes les disciplines. Véritable garçon manqué, il n’attend qu’une chose d’elle, un baiser. Ajouté à cela, Tristan, leur souffre-douleur et on obtient un album sympathique, à l’humour caustique québécois. D’ailleurs pour tout comprendre du vocabulaire utilisé, un lexique est adossé à la fin de l’ouvrage et cela est bienvenue.
En ce qui concerne la partie graphique, Steven Dupré rend parfaitement l’ambiance de folie-douce de l’album. Loin des planches de Kaamelott (Alexandre Astier, Casterman) dont il était le dessinateur, il utilise un trait humoristique à bon escient.
Entre joie, rires ou déceptions, le lectorat appréciera les blagues et les folies de Benoit-Olivier.
- L’incroyable histoire de Benoit-Olivier, tome 1 : Waf le chien
- Scénariste : Didier Alcante, d’après Daniel Brouillette
- Dessinateur : Steven Dupré
- Editeur: Kennes
- Prix: 10.95€
- Sortie: 19 novembre 2014
Queen Emeraldas
Après Capitaine Albator le pirate de l’espace, les éditions Kana publient l’intégrale de Queen Emeraldas. Signé par le talentueux Leiji Matsumoto, ce manga conte les aventures de la belle pirate rousse, alter ego du corsaire de l’espace. Indispensable !
Retrouvez la fin de la chronique sur Comixtrip, en cliquant ici.
- Queen Emeraldas, l’intégrale
- Auteur : Leiji Matsumoto
- Editeur: Kana, collection Sensei
- Prix: 25€
- Sortie: 5 décembre 2014
Pablo, Le Paris de Picasso
Le Paris de Picasso est un magnifique prolongement à la série à succès Pablo, de Julie Birmant et Clément Oubrerie. Publié par Dargaud, le recueil d’illustrations revient sur le premiers pas du génial artiste dans la capitale.
Résumé de l’éditeur : Un guide de Paris à l’époque de Pablo Picasso : un parcours sous forme de 5 balades dans les lieux qui on marqués la vie du peintre.
Paris, 1900-1908. Pablo Picasso vit ses années de jeunesse avec ses acolytes espagnols. Il découvre une ville en pleine mutation et y rencontre les grands artistes et poètes du XXe siècle. Entre livre d’art et guide vivant, Neville Rowley, professeur à l’École du Louvre, suit la vie parisienne du peintre, à l’aube de ce nouveau siècle, au grand jour ou dans des endroits plus souterrains. Sept balades dans les lieux fréquentés par l’artiste de la série Pablo de Julie Birmant et Clément Oubrerie.
L’album de 128 pages est découpé en 5 chapitres, afin de faire découvrir aux lecteurs les lieux parisiens importants de la vie de Pablo Picasso. Dans le chapitre 1, En descendant la Seine, nous déambulons de la Gare d’Orléans au Trocadéro, en passant par le Champ de Mars. A noter, l’immense fascination de l’artiste pour l’Exposition Universelle qu’il découvre en 1900. Le chapitre 2, Boulevard des artistes, prend pour point de départ la Place de Clichy jusqu’au pied de la butte Montmartre, en passant par le Moulin Rouge ou Pigalle. Le chapitre 3, Montmartre, décline tous les lieux importants de la Butte comme La place du Tertre ou le Bateau-Lavoir. Le chapitre 4, Galeries, permet de découvrir La gare Saint-Lazare, le Louvre ou Drouot. Le dernier chapitre, Rive Gauche, nous promène du Palais du Luxembourg au Beaux-Arts, en passant par Saint-Germain-des-Prés ou le Boulevard Raspail.
Pour accompagner les illustrations, issues des quatre albums de la série Pablo mais aussi des esquisses inédites, les deux auteurs ont fait appel à Neville Rowley, docteur en histoire de l’art et professeur à l’Ecole du Louvre. Elle fait ainsi le lien entre les lieux et les événements de la vie du peintre. Ses textes sont très vivants, grâce notamment à une écriture fluide et de nombreuses anecdotes.
Un magnifique complément à la série Pablo ! Pour rêver, voyager et se perdre dans Paris.
- Pablo, le Paris de Picasso
- Scénaristes : Julie Birmant et Neville Rowley
- Dessinateur : Clément Oubrerie
- Editeur: Dargaud
- Prix: 19.99€
- Sortie: 21 novembre 2014
Marie-Antoinette,
carnet secret d’une reine
Les éditions Soleil, par son très beau label Métamorphose, propose Marie-Antoinette, carnet secret d’une reine, un ouvrage illustré par le talentueux Benjamin Lacombe.
Résumé de l’éditeur : Elle est « grande, admirablement faite » avec « des bras superbes ». « C’était la femme de France qui marchait le mieux […] » Mme Vigée-Le Brun (Portraitiste de la reine).
Qui n’a jamais rêvé de s’immerger dans l’intimité de Marie-Antoinette, archiduchesse d’Autriche, dernière reine de France et de Navarre, femme célèbre et controversée devenue un véritable mythe ?
Sous la forme d’une belle édition à la fabrication soignée, Benjamin Lacombe a imaginé son journal intime, accompagné par le regard de Cécile Berly, historienne, spécialiste de Marie-Antoinette. Ce carnet d’une richesse graphique inouïe (peintures, aquarelles, crayonnés) mêlera certaines des lettres authentiques de Marie-Antoinette, à celles, fictives, du Comte Fersen avec lequel elle entretenait une relation privilégiée.
Pour cet album, Benjamin Lacombe s’est inspiré du carnet intime de Marie-Antoinette. Nous connaissons tous le destin tragique de cette reine (1755-1793), décapitée sur la place publique. Afin de coller au mieux à la réalité, l’auteur a demandé à Cécile Berly, historienne spécialiste du 18e siècle, de relire et de lui donner des indications historiques. Il est délicat de rassembler les sources et de comprendre la vie de la reine. En effet, beaucoup de documents sont contradictoires sur certains points précis. De plus, la souveraine n’écrivait que très peu, donc il a fallu extrapoler. Avec l’œil expert de l’historienne, qui a aussi préfacé l’ouvrage, il livre un album d’une très grande qualité.
Pour les costumes et les coiffures, Lacombe a distillé tout son talent. Les fleurs ou les oiseaux ornent magnifiquement les perruques royales. Il livre un ouvrage sublime. D’une très belle esthétique, son trait est d’une grande précision et les yeux de la reine d’une grande force graphique.
Pour son prochain livre, Benjamin Lacombe s’attaquera à un monument de la littérature enfantine, Alice au pays des merveilles qui fêtera alors ses 150 ans en 2015.
- Marie- Antoinette, carnet secret d’une reine
- Auteur : Benjamin Lacombe
- Relecture et aide historique : Cécile Berly
- Editeur: Soleil, collection Métamorphose
- Prix: 24.95€
- Sortie: 03 décembre 2014
Kid I luck
Kinjiro est un dur à cuire. Véritable terreur de son lycée, il se bat plus qu’il ne faut. Il décide de se ranger le jour où Kuriko, son amie d’enfance, se fait agresser. Pour conjurer le sort, il se lance dans l’humour. Kid I luck est la nouvelle série complètement folle de Yuko Osada, publiée par Ki oon.
Résumé du premier tome : Kinjiro Yaoi est la terreur de son lycée. Bagarreur invétéré et incorrigible tête brûlée, il est du genre à laisser ses poings s’exprimer avec générosité à la moindre occasion. À l’extrême opposé, son amie d’enfance, Kuriko, est la douceur incarnée. Mais peu avant ses 18 ans, une tragédie touche la jeune fille, qui est agressée au retour du lycée…
Traumatisée, elle n’a plus la force de retourner en cours et vit enfermée chez elle, complètement coupée du monde extérieur… Kinjiro, de son côté, est rongé par la culpabilité. Lui qui n’a pas été présent pour défendre son amie cherche inlassablement un moyen de la sortir de sa déprime. Sa décision est prise : à l’image de ces comiques professionnels qui faisaient le bonheur de Kuriko avant son agression, il deviendra lui aussi un champion du rire et consacrera son existence à redonner le sourire à son amie !
Dans le deuxième volume, Kinjoro continue tant bien que mal à se frayer un chemin dans le monde de l’humour. Entre son envie de trouver un slogan pour un jus de légumes qui ne se vend pas, sa volonté de prendre de cours de comédie avec Yaokin, celle qu’il aime appeler maître ou de s’inscrire à un concours de sketchs en duo ; rien ne marche ! Ses blagues tombent à plat, ses jeux de mots sont mauvais. Et en plus, son ancienne bande rivale revient l’embêter. D’ailleurs ce sont ses camarades de classe qui en feront les frais physiquement. Il les laisse faire, ayant jurer de ne plus jamais se battre. Le jeune lycéen ne va plus rendre visite à Kuriko, se sentant coupable de son état psychique. Cet état de fait lui est reproché par deux amies de la jeune adolescente.
Ce seinen est très original. Sa thématique singulière fait de lui un excellent manga. Yuko Osada réussit le tour de force de nous faire rire avec comme point de départ une agression qui se transforme en grande dépression. Même s’il sera délicat de rire à gorge déployée à la lecture des jeux de mots traduits du japonais (bravo aux traducteurs, c’est assez réussi) mais c’est bien l’ambiance de folie-douce qui prédomine. Le récit très drôle et rythmé du mangaka repose sur des situations cocasses et des dialogues ciselés. Ajouter à cela une galerie de portraits des plus réussie : Kinjiro, adolescent naïf, gros dur en dehors mais sensible en dedans (il veut coûte que coûte rendre le sourire à son amie) ; ainsi que tous les personnages qui gravitent autour de lui. Il maîtrise à la perfection l’art de la bagarre mais beaucoup moins celui de l’humour.
Prévu en trois tomes, Kid I luck est rafraîchissant, ô combien sympathique et même parfois sensible. Le trait dynamique de Yuko Osada est d’une très belle lisibilité, à la fois simple et humoristique. Les expressions sur les visages ont un excellent rendu visuel.
- Kid I luck, volume 1 & 2
- Auteur : Yuko Osada
- Editeur: Ki oon
- Prix: 7.90€ par volume
- Sortie: 11 décembre 2014
La cabane
Nicolas et Olivier attendent avec beaucoup d’appréhension Ben, leur ami qui vient juste de sortir de prison. Autour d’un feu de camp, ils se remémorent leurs souvenirs. Comment les trois potes en sont arrivés là ? Publié par La Boîte à Bulles, l’album La cabane de Benjamin Fischer et Stibane, raconte ces drôles de retrouvailles, entre excitation, peur et culpabilité.
Résumé de l’album : Hiver 2010. Olivier et Nicolas, la trentaine, ont rendez-vous avec leur ancien ami Ben, tout juste sorti de prison après 10 ans d’incarcération. Ils ont convenu de se retrouver dans la forêt, à l’endroit même où, des années plus tôt, ils avaient érigé une cabane…
Loin d’être étrangers à la sombre destinée de leur ex-ami, Olivier et Nicolas sont mal à l’aise dans leurs souvenirs et embarrassés par la culpabilité … C’est autour d’un feu de camp et avec leurs regards d’adultes que ces trois potes d’adolescence se remémorent la pente glissante qui a emporté leur ami vers la délinquance. Et sur les fâcheux événements qui ont conduit à son arrestation…
Quel est donc ce secret très lourd qui lie à jamais Olivier, Nicolas et Ben ? Pourquoi ce dernier a passé 10 ans de sa vie en taule, tandis que les deux autres ont pu mener une vie plus paisible ? Ces questions, Benjamin Fischer y répond dans ce bon thriller psychologique qu’est La cabane. Distillant les indices avec parcimonie, le scénariste de Braquages et bras cassés (avec Georges Van Linthout, La Boîte à Bulles, 2010) installe une ambiance lourde et accroche le lecteur jusqu’au bout de l’album. L’amitié adolescente est mise à mal par ce secret qui les ronge au plus profond d’eux. D’ailleurs Olivier et Nicolas ne sont pas si sûrs d’eux lorsqu’ils se retrouvent en face de leur ami, autour du feu de camp et éprouvent un fort sentiment de culpabilité.
Si les personnages sont assez bien campés, la cabane, lieu de ralliement joue un rôle important. Adolescents, ils l’avaient fabriqué dans une forêt proche de leur village. Repaire secret indispensable, il leur permettait d’y découvrir leur premier moment d’ivresse, d’y lâcher prise et de s’y raconter des tas de chose. Ce n’est donc pas innocent, s’ils retrouvent cet endroit 10 ans plus tard. Comme s’ils abandonnaient une bonne fois pour toute la naïveté de leur adolescence et entraient enfin dans l’âge adulte.
Ce récit sombre contemporain est construit avec de nombreux flash-back assez bien pensés et qui ne dénature pas l’histoire. La partie graphique est l’œuvre de Stibane (alias Luc Van Linthout), auteur connu du Petit Noël (chez Marsu Prod) ou de Sherlock Holmes (chez Lefranc). Son trait semi-réaliste proche de la caricature tranche réellement avec l’ambiance de thriller du récit. Dans ses planches de décors enneigés, le lecteur ressent toute la froideur du climat.
A noter que les auteurs publient la Bande Originale de l’album en dernière page, liste des titres musicaux qui jouent un rôle important dans le récit (Neil Young, Jimi Hendrix ou The Pogues).
- La cabane
- Scénariste : Benjamin Fischer
- Dessinateur : Stibane
- Editeur: La Boîte à Bulles
- Prix: 18€
- Sortie: 07 janvier 2015
Je veux un bébé tout de suite !
Je veux un bébé tout de suite est un recueil de dessins de Juliette Merris qu’elle avait publié sur son blog personnel. Edité par Hugo Desinge, l’album suit les pérégrinations de la jeune maman et de son compagnon de la difficile conception de leur enfant jusqu’à sa naissance.
Résumé de l’éditeur : Avoir un enfant, est-ce vraiment la chose la plus naturelle du monde ? Je veux un bébé tout de suite, c’est l’histoire d’une aventure semée d’embûches, un vrai parcours du combattant, dès lors que l’idée, l’envie et le désir (voire l’obsession) d’avoir un bébé naît et grandit. Entre humour, cynisme, autodérision mais aussi de grands moments de tendresse et d’émotion, Juliette Merris revisite bien des clichés sur la grossesse et bouscule le club des layettes en goguette. Cette BD est dédiée à toutes celles et tous ceux qui connaissent un parcours boiteux et, hélas, assez courant : celui des nanas aux cycles fous, celui qui passent par la case fausse-couche, sans oublier pour les plus extrêmes, celui de la grande épreuve de l’éprouvette. Dans la grande ligne des Pénélope Bagieu ou des Hélène Bruller, un formidable témoignage émouvant d’une femme pour les femmes, et aussi pour les hommes qui aiment les femmes.
Graphiste de métier, Juliette Merris livre sa vie quotidienne de future maman sur son blog http://jeveux1bebe.com/ Pour Je veux un bébé tout de suite, elle a compilé toutes les illustrations et pages de bande dessinée sur sa volonté d’avoir un enfant (cela faisait 4 ans qu’elle en avait envie), l’acceptation de son compagnon (qui a peur de perdre sa liberté, ses heures de sommeil, de devenir père…), les galères de la conception (tableau de courbe de température, insémination, PMA, les rendez-vous chez la gynéco ou les résultats négatifs), l’annonce de la bonne nouvelle (famille ou amis), l’accouchement et les premiers jours du bébé. Tous ses moments connus par les jeunes couples pour le premier enfant sont déclinés de manière humoristique et font très souvent mouche. Son trait à base de grands aplats de couleurs et des décors a minima permet de mettre en lumière les sentiments contrariés et divers des personnages. En voulant mettre en scène sa propre expérience, elle livre une autobiographie parfois déjantée mais en toute sensibilité. C’est drôle. A offrir à une future maman !
- Je veux un bébé tout de suite !
- Auteure : Juliette Merris
- Editeur: Hugo Desinge
- Prix: 12.95€
- Sortie: 02 janvier 2015
Seven Deadly Sins
Il y a dix ans, au royaume de Britannia, un groupe de chevaliers très cruels, les Seven Deadly Sins, s’est rendu coupable d’un crime abominable… Depuis, ils ont disparu et personne ne sait ce qu’ils sont devenus. La princesse Elizabeth est prête à tout pour retrouver ces légendaires chevaliers, les seuls à pouvoir se liguer contre les Chevaliers Sacrés, qui ont renversé le pouvoir politique. Publié par Pika, Seven Deadly Sins, de Nakaba Suzuki, raconte la quête de la jeune femme et Meliodas pour les trouver.
Cet album est nominé dans la Sélection Jeunesse d’Angoulême 2015.
Retrouvez la fin de la chronique sur Comixtrip, cliquez ici.
- Seven Deadly Sins, volume 5
- Auteur : Nakaba Suzuki
- Editeur: Pika
- Prix: 6.95€
- Sortie: 01 octobre 2014
La véritable histoire des héros de BD
Le Papillon Rouge éditeur propose un ouvrage sur les héros du 9e art. La véritable histoire des héros de BD est signée Philippe Mouret.
Résumé de l’éditeur : On l’ignore souvent, mais les héros de nos bandes dessinées préférées ont été inspirés par des personnages ayant réellement existé. Le savant Auguste Piccard a par exemple donné naissance au professeur Tournesol, les fermiers Robert, Grattan, William et Emmett Dalton sont à l’origine des quatre Dalton de Lucky Luke, Léonard de Vinci a engendré le facétieux inventeur Léonard…
Dans une passionnante et inédite enquête, l’auteur s’aventure ainsi dans les pas d’une cinquantaine de personnages qui ont fait naître des BD cultes. On y découvrira une galerie de portraits plus saisissants les uns que les autres : le Raspoutine de Corto Maltese, le général Allister de Blueberry, mais aussi Dracula, Victor Hugo, Marcel Dassault, Jules Verne…
En liaison avec leurs héros des planches de BD, ces monuments ne vous laisseront pas indifférents.
A travers 46 personnages, Philippe Mouret dresse le portrait de ces illustres personnes. Il fait découvrir à ses lecteurs, les liens entre ces derniers et des héros du monde du 9e art. Très documenté, du côté bande dessinée comme de celui des vérités historiques, il nous fait voyager et nous éclaire quant à ces personnages qui ont servi de modèle à ceux de papier.
Nous découvrons entre autre que Folco de Baroncelli-Javon, guardian du sud de la France, a servi de modèle au personnage de l’album Camargue Rouge de Michel Faure (Glénat), que Cesare Borgia a fait l’objet de multiples ouvrages le concernant ; il est ainsi le héros de Cesare de Fuyumi Soryo (Ki oon) mais aussi de Borgia de Alejandro Jodorowki et Milo Manara (Albin Michel). La galerie de portraits de l’excellent manfra City Hall de Guillaume Lapeyre et Rémi Guérin (Ankama) est composée d’artistes célèbres : Jules Verne, Arthur Conan Doyle ou Harry Houdini. Le Chevalier d’Eon est le personnage principal de nombreux albums, tel La rose de Versailles de Riyoko Ikéda, de Lady Liberty de Jean-Luc Sala et Aurore (Soleil) ou encore de la série éponyme d’Agnès Maupré (Ankama).
Une grande place est laissée aux héros de Lucky Luke, signées Goscinny et Morris : Billy the Kid, Black Bart, Roy Bean, Sarah Bernardt, Calamity Jane, les frères Dalton, Wyatt Earp ou Jesse James. Auguste Picard, physicien et explorateur suisse aurait servi, lui, de modèle au fantasque Tryphon Tournesol, ami de Tintin ; Raspoutine sera quant à lui, une figure récurrente des aventures de Corto Maltese, héros d’Hugo Pratt.
- La véritable histoire des héros de BD
- Auteur : Philippe Mouret
- Editeur : Le Papillon Rouge Editeur
- Prix : 20.50€
- Sortie : 23 octobre 2014
Ping : La sélection de la semaine : La Renarde, Point de fuite, Kid I luck, Oink le boucher du paradis, Magic Kaito, Hong Kong comics et Daddy please fall in love | Case Départ