Pour ce dernier samedi du mois de février, Case Départ vous propose sa belle sélection de la semaine. En vous ouvrant sa bibliothèque, le blog met en lumière de très bonnes bandes dessinées. Nous passons au crible, les albums suivants : Le troisième volet du manga français Radiant, Le roy des ribauds : le premier livre de la nouvelle excellente saga historique éditée par Akileos, la biographie dessinée de la peintre mexicaine Frida Kahlo, Magic Majid : le récit bouleversant d’un sans-papier sénégalais débarquant à Paris, l’adaptation en bande dessinée de Don Quichotte de Cervantes, le troisième volume du comics Scott Pilgrim, Batgirl année un : un album pour découvrir la super-héroïne DC, le deuxième recueil d’histoires sous ecstasy Megg Mowl and Owl de Simon Hanselmann, le premier tome de la nouvelle série jeunesse de Jean-David Morvan : Youth United, SPRG : un polar à la thématique originale publié par Casterman, le nouveau récit de Benn : Le magicien de Witechapel, la suite du manga fantastique Sword Art Online : Fairy Dance, Hellship : un album sur un commando aéronautique sur une île du Pacifique, le nouvel album de El Torres et Juan-José RYP : Nancy in hell, Les poux : la nouvelle série jeunesse Sarbacane, deux Sketchbook Comix Buro consacrés à Yoann et Etienne Le Roux et un album pour adultes : Witching yours. Bonnes lectures.
Radiant
En 2013 paraissait le premier volume de Radiant, l’excellent manfra de Tony Valente, publié par Ankama. Ce shônen percutant et merveilleusement mis en scène, permettait au lecteur de découvrir un univers fantastique entre combats, némésis et radiant.
Résumé des deux premiers volumes : Pompo Hills. De drôles de monstres, les Némésis, tombent du ciel et détruisent tout, les maisons comme les habitants. Elles contaminent tous ceux qui les touchent après leur éclosion sur la terre. Seuls les sorciers infectés peuvent les approcher et les éliminer. Malgré leurs efforts, ils sont mal vus de la population et ils sont même rejetés. Infectés, les sorciers sont immunisés contre les Némésis. Parmi eux, il y a Seth, aspirant sorcier fonceur et qui a du mal à maîtriser ses pouvoirs. Un peu bêta, il réfléchit après avoir agi ; et les conséquences de ses actes sont souvent irréparables.
Accompagné d’Alma, une sorcière très expérimentée, et de d’autres sorciers comme Mélie et son Boobrie ou encore Doc, le sorcier-chercheur, Seth souhaite parcourir le monde pour chasser les monstres et rechercher le Radiant, le berceau des Némésis. Mais il doit composer avec la terrible Inquisition, dont Torque le Fauve est le général, qui suit les faits et gestes de cette bande de sorciers.
Rumble Town. Hameline, la joueuse de flûte, lance les Némésis sur la population qui ne peut pas évacuer la ville. Le capitaine des Inquisiteurs a fait fermé les grilles de la cité. Piégés entre les Némésis et les combats entre les amis de Seth et les Inquisiteurs, les habitants sont pris de cours par les événements.
De leurs côtés, les Sorciers tentent de sauver la population et de libérer les Faubourgs nord, mais Seth se retrouve en face de Konrad de Marbourg, capitaine des Inquisiteurs…
De nouveau, Tony Valente transporte son lecteur au fil des pages, à une vitesse vertigineuse, entre humour décapant, combats dignes de Dragon Ball et personnages déjantés. Une énergie folle se dégage de ce manga à la française, c’est fou, c’est amusant, c’est accrocheur ! C’est formidable. Il faut dire que l’auteur de SPEED Angels (avec Didier Tarquin, Soleil), fait subir les pires folies voire humiliations à ces héros ; pas de pitié pour eux, juste l’envie de créer une histoire forte, dans la lignée des meilleurs shônens japonais et ça touche en plein dans le mille !
Seth est un garçon à la fois naïf, frondeur, qui ne réfléchit qu’après avoir combattu et qui n’a pas froid aux yeux. Sa loyauté et son envie démesurée pour aider son prochain, le mettent souvent dans de mauvaises postures. Cette jeunesse est couplée d’un sens inné de la répartie ; ses dialogues sont d’une grande drôlerie. Ajouter à cela, des méchants crétins et ridicules et des personnages secondaires apportant du souffle à l’épopée et l’on obtient une formidable histoire.
Ce récit distrayant est porté aussi par une partie graphique qui fait mouche. Fourmillant de détails au second plan (qui amusent), les planches sont d’une rare efficacité. Le découpage imprime un rythme fait de nombreux rebondissements et les recherches graphiques pour les personnages sont soignés.
Alors que la série devait se terminer en trois tomes, sur la dernière page, il est noté : à suivre… Pour notre plus grand bonheur !
- Radiant, volume 3
- Auteur : Tony Valente
- Editeur : Ankama
- Prix : 7.95€
- Sortie : 27 février 2015
Le Roy des Ribauds
Le Triste Sire est chargé d’éradiquer toute la vermine parisienne et protéger le roi de France, Philippe Auguste. Il doit aussi déjouer un complot fomenté par Aliénor d’Aquitaine et de son fils Richard Coeur de Lion. Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat, nous plongent dans les bas-fonds de la capitale dans l’excellent premier livre du Roy des Ribauds, publié par Akiléos.
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- Le roy des Ribauds, livre 1
- Scénariste : Vincent Brugeas
- Dessinateur : Ronan Toulhoat
- Editeur : Akileos
- Prix : 19€
- Sortie : 05 février 2015
Frida Kahlo
Frida Kahlo est l’une des artistes les plus importantes au Mexique. Son parcours atypique est en lui-même un véritable roman, entre art, sexe et espionnage. Entre 1937 et 1940, elle rencontre Léon Trotski, réfugié dans son pays. Son existence va en être bouleversée entre politique et début de sa reconnaissance internationale. Ses quatre années sont contées par Jean-Luc Cornette et Flore Balthazar dans Frida Kalho, édité par Delcourt.
Résumé de l’éditeur : 1937, Mexique. Frida Kahlo, artiste et femme libre, accueille chez elle Léon Trotski, cadre du parti communiste de l’Union soviétique, forcé à l’exil. Jusqu’à son assassinat quatre ans plus tard, le politicien, la belle Mexicaine et Diego Rivera, son tumultueux époux, vont vivre une aventure hors norme, entre passion et fureur, art et politique, rires et larmes. Trois destins qui s’entremêlent pour quatre ans d’Histoire.
Il n’est jamais aisé de raconter la vie de personnages faisant partie du patrimoine mondial. C’est pourtant le pari qu’ont réussi Jean-Luc Cornette et Flore Balthazar dans cette merveilleuse biographie dessinée. Il faut dire que Frida Kahlo est un sujet formidable à raconter tant son existence fut riche. Le scénariste a construit son récit, très maîtrisé, sur les quatre années charnières de sa vie. Jamais trop didactique, cette histoire est contée comme une véritable aventure. De plus, les dialogues sont enlevés et parfois très drôles.
Frida Kahlo (1907-1954) est l’une des quatre filles de Matilde et Guillermo. Naît à la Casa Asul au sud de Mexico, elle est atteinte de poliomyélite à 6 ans, ce qui atrophie sa jambe. En 1928, elle rencontre Diego Riviera, peintre et cadre du parti communiste mexicain, qu’elle épouse en 1930. A cette époque, elle s’intéresse à l’émancipation des femmes dans la société mexicaine. En janvier 1937, le président de la république Lazaro Cardenas de Rio accorde l’asile politique à Léon Troski, dont Staline veut la peau. Il est accueilli, lui et sa femme Natalia, à la Casa Asul chez la future peintre.
C’est cette période tumultueuse que décrit merveilleusement l’auteur dans ce drame à la romance délurée. Féministe, bisexuelle, elle trompe son mari avec Trotski, qui la trompe avec sa propre sœur. Diego en fait de même de son côté depuis 1930. Mais son caractère fort et ses engagements politiques font de Frida, une femme en avance sur son temps.
Les personnages secondaires nombreux sont eux aussi de vrais personnages de roman (Natalia, la femme de Troski, Ramon, l’assassin du dirigeant politique et Caridad Mercader, sa mère, André Breton, le père du surréalisme, Julien Levy, le galeriste ou Sylvia, la compagne trompée par Ramon…), qui tournent tous autour de la jeune peintre. Même si elle rejette le qualificatif de surréaliste, elle deviendra une actrice majeure de cette tendance artistique.
Le dessin de Flore Balthazar est d’une belle simplicité, agrémenté par une très belle gamme de couleurs qu’elle a développée grâce à un voyage préparatoire au Mexique.
Un dossier thématique de trois pages est adossé à la fin de l’album et est réalisé par Roda Jamis, la photographe officielle de Frida Kahlo, ainsi que trois pages consacrées à l’existence des personnages de l’album après 1940, signé Jean-Luc Cornette.
- Frida Kahlo
- Scénariste: Jean-Luc Cornette
- Dessinatrice : Flore Balthazar
- Editeur : Delcourt, collection Mirages
- Prix : 16.95€
- Sortie : 18 février 2015
Majic Magid
Majid Ba est un sénégalais débarquant à Paris afin de se construire une nouvelle vie. Sans papier, il ira de désillusions en désillusions pour obtenir son visa. Ce moment intense de sa vie, il l’a raconté dans un livre, La sardine du cannibale, que Pierre Fouillet a décidé d’adapter en bande dessinée sous le titre de Magic Majid, publié par Sarbacane.
Résumé de l’éditeur : En 2003, Majid quitte Dakar et s’envole pour Paris, un visa de deux mois en poche et des rêves plein la tête. Majid, c’est un battant, on le sent et tout comme lui, c’est sûr, on pense qu’il va réussir et trouver un emploi ! … Las, tout au long de son inéluctable descente aux enfers, on va suivre Majid entre exploitation, faim, travail au noir, coups de blues, chantage et épuisement. Il désespère, se reprend, replonge, et heureusement, de temps en temps, nous fait sourire…
Ce très bon roman graphique de Pierre Fouillet est d’un réalisme confondant. Rien n’est épargné à Majid et le lecteur découvre, parfois avec stupéfaction, le quotidien de ces hommes et de ces femmes venus chercher un avenir meilleur en France. De Dakar où il a laissé Néné, sa mère âgée et où il était bien intégré (assistant radiologue et infirmier) à Paris où il retrouve sa cousine Saly installée avec sa fille Aïssatou dans un minuscule studio du 15e arrondissement. De déboires en déboires, il sombre inexorablement dans une dépression après avoir été arnaqué par un patron véreux , qui emploie des sans-papiers en tant que vigiles sans leur verser intégralement leur salaire (mais que peuvent-ils faire contre lui ? Rien. Il les tient d’une main de fer et ils ne peuvent pas se défendre), mais aussi des personnes malveillantes concernant son salaire versé en chèque.
Surnommé Magic parce que son premier employeur n’arrive pas à l’appeler correctement, Magid éprouvera parfois des difficultés dans ce dédoublement de la personnalité : Magic au travail, Majid à la ville.
Ce roman graphique d’une grande dureté montre aussi les privations, la faim, les chantages, les maladies, les aller-retours en Préfecture, les lieux de squats et parfois aussi des hommes et des femmes aidant d’autres êtres humains, parce qu’avant d’être sans-papiers, ce sont des hommes.
Sans jamais tomber dans le pathos, Pierre Fouillet livre une bande dessinée empreinte d’émotions, émouvante et révoltante. Cette France idéalisée et rêvée qui se construit parfois sur les inégalités, les préjugés et la peur de l’autre (les insultes et les humiliations sont aussi présentes).
Son trait d’une grande efficacité est d’une grande lisibilité. Il faut dire que l’auteur de La bande de Super (avec Christine Beigel, Bang éditions) a travaillé pour la presse et a illustré des livres pour enfants et sait donc aller à l’essentiel. Si son découpage semble assez classique, il le compense par une palette de couleurs d’une grande variété (ocre, marron, bleu, gris).
Magic Majid : Une très belle histoire. Pour tous les sans-papiers en France, pour le devoir de mémoire. Pour ne pas oublier que leur grande majorité n’a pas la chance d’obtenir leur précieux sésame.
- Magic Majid, la sardine du cannibale
- Auteur : Pierre Fouillet, d’après le livre de Majid Ba
- Editeur : Sarbacane
- Prix : 22€
- Sortie : 04 février 2015
Don Quichotte
Adapter Don Quichotte de Cervantès, beaucoup de romanciers, de réalisateurs s’y sont essayés avec plus ou moins de réussite. Le britannique Rob Davis met en avant la folie et toute la loufoquerie du texte dans un premier volume formidable, édité par Warum.
Résumé de l’éditeur : Qui n’a pas entendu parler de Don Quichotte ? Personne.
Tout le monde sait que c’est, grosso modo, un vieux fou qui se prend pour un chevalier après une over-dose de livres de chevalerie et qui part affronter des moulins qu’il prend pour des géants.Et c’est vrai. Au chapitre 5 d’un livre qui en contient une cinquantaine.
Car finalement, bien peu ont lu l’œuvre de Cervantes et se sont aperçu que, non seulement, c’est très drôle, mais en plus que c’est génialement moderne.
Rob Davis n’a donc pas eu besoin d’ajouter du gag, il a simplement fait un impressionnant travail de synthèse, en deux tomes, car, on le sait peu, mais Don Quichotte, en fait, c’est DEUX livres. Et pas un. Le second a été écrit 10 ans après le premier, ce sont des œuvres un peu différentes, mais on vous parlera du second quand il paraîtra.
Rob Davis a beaucoup de talent ! Comme il est délicat de transposer en dessin le roman de Cervantès. Cette adaptation intelligente et très aboutie sera livrée en deux tomes, comme l’œuvre originale. En effet, Miguel de Cervantès a publié son écrit le plus célèbre en deux volumes ; le second arriva 10 ans après le premier.
Vieil hidalgo au crépuscule de sa vie, celui qui se fera appelé Don Quichotte de la Mancha, décide sur un coup de tête, de partir rétablir la justice dans ce monde un peu fou. Récupérant dans son grenier, une vieille armure rouillée dont il ajoute une visière en carton, car celle-ci fait défaut ; il monte alors sur sa vieille jument qu’il prénomme Rossinante et part à l’aventure. Il croise alors la route de Sancho Panza, garçon de ferme, qu’il décide de faire son écuyer. Monté sur son âne, l’homme d’une grande naïveté, accompagne alors son nouveau maître dans ses batailles contre les moulins.
Idéaliste et très rêveur, la figure de Don Quichotte a toujours fasciné. Il faut dire que ce loser, vieil homme sans le sou qui part en guerre contre l’injustice, flanqué d’un nigaud et monté sur une vieille jument, à de quoi faire rire. D’ailleurs, Rob Davis n’a pas besoin d’en rajouter, tant le texte originel est d’une grande drôlerie. S’il modernise le roman par un formidable trait, il suit pas à pas l’écrit de Cervantès. Tout y est : les rencontres amenant des combats, suivies de défaites mémorables, mais aussi les luttes contres les ennemis imaginaires et surréalistes, des dialogues truculents, les quiproquos ou les scènes cocasses. Wandrille, co-créateur des éditions Warum confie à ce propos dans 20 minutes : «Don Quichotte comprend des pages féministes – alors qu’il a été écrit en 1605!- et des questionnements sur la sexualité, la religion et ses dérives, l’homosexualité et le travestissement etc.».
Nommée pour deux Eisner Award en 2014, cette série en deux tomes, bénéficie du talent de Rob Davis pour la partie graphique. Le dessinateur de Judge Dredd (chez Soleil) propose des planches vives et colorées, au découpage et aux cadrages originaux.
- Don Quichotte, tome 1/2
- Auteur : Rob Davis
- Editeur : Warum
- Prix : 20€
- Sortie : 18 février 2015
Scott Pilgrim
Scott Pilgrim est de retour dans une nouvelle version colorisée. Pour ce troisième volume (sur 6), le lecteur retrouve avec un immense plaisir, le jeune adulte dans sa quête d’écarter les sept anciens petits amis maléfiques de Ramona. Publié par les éditions Milady, le formidable comics, signé Bryan Lee O’Malley, nous tient en haleine, nous fait rire et part dans des délires formidables.
Résumé de l’éditeur : La nouvelle copine de Scott Pilgrim, Ramona Flowers, a rendu sa vie un petit peu compliquée. Elle a sept ex-petits amis maléfiques, et ils se présentent un par un pour défier Scott ! Le n°3, Todd Ingram, amène un surplus d’ennuis : il sort avec l’ancien amour de Scott. Envy Adams lui a brisé le cœur il y a un an et demi. Et maintenant, elle est de retour pour en piétiner les restes, accompagnée de son groupe d’Art-Rock maléfique, les Clash at Demonhead. Elle demande au groupe de Scott de faire leur première partie deux jours plus tard… juste le temps qu’il faut à Scott pour combattre Todd, oublier Envy, faire plaisir à Ramona, repousser les avances de son ex exaltée… et répéter les nouveaux morceaux.
Après avoir mis hors état de nuire les deux premiers ex-amis de Ramona, Scott s’attaque à du lourd pour son troisième défi : Todd Ingram, un grand blond séducteur et guitariste, en couple avec Envy Adams, une ex de Scott. Le récit dense de Bryan Lee O’Malley est toujours d’une excellente qualité, emporté par une folie de tous les instants, utilisant avec beaucoup de maîtrise les flash-back sans perdre le lecteur, le tout mâtiné de fantastique. Agrémenté d’un humour parfois dévastateur, l’auteur de Seconds (Dargaud, 2014) propose une galerie de portraits des plus audacieuses (couple, ex ou gays). Pour bercer le lecteur, il distille au fil des pages, un univers musical entre rock et métal. D’ailleurs, pour ce volet, il oppose les différents groupes entre eux.
Si la partie scénaristique est excellente, que dire de la partie graphique. Subtil mélange de mangas et de comics, l’auteur propose des planches d’un rythme élevé ; il a un sens hors-du-commun pour mettre en mouvement ses personnages.
Cette édition de Scott Pilgrim est particulièrement soignée. Les éditions Milady propose des extras : une histoire parue lors du Free Comics Book Day en 2006, Le monde merveilleux de Kim Pine (histoire publiée dans Comics Festival en 2007), des couvertures inédites, une publicité, un organigramme qui met en lumière les relations entre personnages, des croquis et des travaux préparatoires.
- Scott Pilgrim, volume 3 : Scott Pilgrim and The Infinite Sadness
- Auteur : Bryan Lee O’Malley
- Editeur: Milady
- Prix: 19.90€
- Sortie: 27 février 2015
Batgirl, année Un
Après l’excellent Robin année un, les éditions Urban Comics proposent Batgirl année un, scénarisé par Scott Beatty et Chuck Dixon, et mis en image par Marcos Martin. Ils nous décrivent les premiers pas de la nouvelle héroïne de Gotham City, fille du commissaire Gordon.
Résumé de l’éditeur : Après avoir sauvé Bruce Wayne d’un braquage commis par le gang de Killer Moth, Barbara Gordon, jeune bibliothécaire et fille du commissaire de police de Gotham City, décide d’endosser le costume de Batgirl, la justicière nocturne. Mais le Chevalier Noir laissera-t-il une héroïne inexpérimentée arpenter les ruelles de la plus dangereuse des cités ?
Batgirl fut dévoilée la première fois en janvier 1967 dans le numéro 359 de Détective Comics, sous la houlette de Carmine Infantino. Par la suite Julius Schwartz et Gardner Fox en font la fille du Commissaire Gordon. Pour ce premier volume de Batgirl année Un, Scott Beatty et Chuck Dixon la modernisent en reprenant sa vie à partir du moment où elle devient justicière de son propre chef, sans tout révolutionner et en se basant sur le scénario de Frank Miller. Leur récit est rafraîchissant, positif, féministe et enthousiasmant.
Pourtant, ce n’était pas gagné. Jim, son père, pas encore Commissaire, est contre son entrée dans la police. Connaissant les risques du métier, il souhaite la protéger des nombreux malfrats de Gotham City. Souhaitant se démarquer de ce paternalisme qui l’engonce, elle décide de se former. Cherchant toutes les informations sur Batman et prenant des cours de ju-jitsu, elle devient rapidement une justicière en herbe. Pour cela, elle commence à arpenter les rues de la ville pour redresser les injustices. Tout d’abord avec un costume fait main, elle customise par la suite un déguisement de son héros favori. Batman et Robin, un brin jaloux au départ, décident alors de finir sa formation et en faire une alliée de choix.
Même si les ressorts du récit sont assez classiques, le lecteur est vite accroché par l’une des seules super-héroïnes (et même des femmes, tout court) de l’univers du Chevalier Noir. Le vrai point fort de cet album réside dans la partie graphique menée de main de maître par Marcos Martin. Le trait cartoon de l’auteur américain est d’une belle efficacité, proche de la série animée diffusée sur les antennes de France Télévision. Les planches sont composées de grandes cases (4/5 vignettes maximum) ce qui permet de mettre en lumière les personnages, donner du rythme et faire la part belle aux mouvements amples lors des combats. De plus, les couleurs lumineuses frappent le lecteur dès la première page.
Batgirl : une très belle entrée en matière pour cette héroïne positive.
- Batgirl, année Un
- Scénaristes: Scott Beatty et Chuck Dixon
- Dessinateur : Marcos Martin
- Editeur : Urban Comics, collection DC Deluxe
- Prix : 19€
- Sortie : 06 février 2015
Megg, Mogg and Owl
Magical ecstasy trip
Pour terminer la chronique, cliquez ici.
- Megg, Mowl and Owl, Magical Ecstasy Trip
- Auteur : Simon Hanselmann
- Editeur : Misma
- Prix : 22€
- Sortie : 20 février 2015
Youth United
Rendre service aux autres, tel est le crédo de Ryun et Timothée, demi-frère et sœur. Alors qu’ils aident une vieille dame dans le métro, ils sont repérés par Youth United, une organisation secrète qui secoure les enfants du monde en difficulté. C’est le propos de la nouvelle série jeunesse Glénat, collection Tchô, écrite par Séverine Tréfouël et Jean-David Morvan et mise en image par Wuye.
Résumé de l’éditeur : Ryun et Timothée sont deux ados qui débordent d’énergie ! Pendant leur temps libre, ce qu’ils aiment, c’est rendre service aux autres. Une vieille dame qui se fait piquer son sac, un petit qui se fait racketter son portable dans la cour d’école ? Et nos deux acolytes volent à leur secours ! Ce sens de la justice exacerbé couplé à leurs grandes qualités athlétiques intéresse justement « Youth United », une organisation secrète qui dispose de moyens technologiques colossaux pour venir en aide aux enfants défavorisés ou victimes de maltraitance. Après un rapide test, Ryun et Timothée sont recrutés par Ram’, le chef de l’agence. Bardés de gadgets à côté desquels ceux de James Bond ressemblent à des jouets bon marché, ils sont à présent fin prêts pour venir en aide aux enfants de toute la planète !
Séverine Tréfouël, assistée de Jean-David Morvan, propose une nouvelle série jeunesse débordante d’énergie. Entraide et lutte pour les droits des enfants, cette plongée dans l’espionnage à la sauce adolescente ravira le jeune lectorat.
Le point fort de la série repose sur les difficultés des enfants sur notre planète pour faire respecter leurs droits. Pour leur porter secours dans leur quotidien pas toujours rose, fut créée Youth United, une organisation ultra-secrète, dont le fonctionnement est l’œuvre d’adolescents. A la tête de ces espions en herbe, Ramuntcho repère et forme les futurs agents. Ce dernier a observé depuis quelques temps, Ryun et Timothée, deux ados demi-frère et sœur, issus d’une famille recomposée franco-coréenne. De caractères opposés, ils aiment se disputer fréquemment mais se retrouvent dans leur volonté de réparer les injustices du quotidien.
Après avoir mis en place les deux héros de la série, le duo d’auteurs entre de plein pied dans la première enquête de la série. Pour leur première mission, Ryun et Timothée doivent venir en aide à des enfants roms exploités par la mafia en Roumanie mais aussi à Paris. Cette thématique contemporaine mais pas simple d’accès pour les lecteurs, est ici bien posée et les personnages secondaires très bien cernés. Pas de manichéisme simpliste pourtant dans cet album, les enfants roms ne sont pas tous des anges.
Le jeune lectorat pourra facilement s’identifier aux deux personnages principaux, jeunes, débrouillards, taquins, à l’humour dévastateur et espions de choc, tel ceux de Spy Kids (comédie de Robert Rodriguez avec Antonio Banderas). De plus, les gadgets ultra-technologiques de Youth United les accrocheront : lunettes, télétransportation, combinaisons (comme ceux de Q dans les James Bond).
Ce premier album bénéficie d’une partie graphique de premier plan délivrée par Wuye. Le dessinateur chinois, diplômé de l’université de Canton, est réalisateur de dessins animés (ce qui se ressent dans son découpage dynamique), illustrateur et styliste. Il met en image ses premiers albums à partir de 2009, notamment Wakfu – Le théâtre maudit ou Wakfu – Les Kamas de la soif (Ankama). Dans Youth United, il livre des planches d’une grande modernité (entre mangas et bandes dessinées européennes), notamment dans ses choix de couleurs informatisées.
- Youth United, tome 1 : Agents du voyage
- Scénaristes : Séverine Tréfouël et Jean-David Morvan
- Dessinateur : Wuye
- Editeur : Glénat, collection Tchô
- Prix : 14.95€
- Sortie : 11 janvier 2015
SPRG
Simon adore son métier de policier à la brigade anti-terroriste. Flic aux méthodes musclées, il fait équipe avec Adrien. Mais après la naissance de son fils, il décide de se ranger et d’entrer au Service de Protection des Renseignements Généraux, policiers affectés à la protection des personnalités. SPRG est la nouvelle série polar de Casterman, scénarisée par Alain Gillot et Pierre Dragon et mise en image par Fred Lamour.
Résumé de l’éditeur : Simon est un flic à poigne, il aime l’adrénaline et les interventions musclées. Il gère une équipe de durs dans laquelle l’amitié et la confiance sont le ciment d’une réelle efficacité sur le terrain. La vie va le rattraper et Simon devient … papa. Fini de faire le gignolo, un gamin c’est des responsabilités et son épouse n’entend pas l’éduquer seule. Alors Simon raccroche et rejoint le plus ‘routinier’ Service de Protection des Renseignements Généraux : des bureaucrates en cravate. La sérénité familiale est à ce prix. Il garde cependant des contacts avec son ancienne équipe, notamment avec Adrien, son partenaire. Sa routine va être mise à mal dans une mission moins banale qu’il n’y parait. Simon et sa nouvelle équipe seront les gardes du corps d’un grand entrepreneur français, engrenage capital d’une négociation commerciale de haut vol. Mais cette négociation irrite de mystérieux opposants qui seront prêt à tout pour empêcher le deal. La mise en danger de ce grand patron va pousser l’équipe dans ses derniers retranchements.
Le très bon récit du duo Alain Gillot et Pierre Dragon met le lecteur directement dans l’ambiance policière de l’histoire. Dès les deux premières pages, il est plongée dans l’action et découvre Simon dans un planque afin de cueillir une malfrat. Accompagné de son fidèle coéquipier auquel il voue une confiance aveugle, Adrien, il manque l’accouchement de sa femme. C’est le début des difficultés pour ce flic qui adore l’action. Après l’épisode malheureux, il change de service pour un lieu plus cool et pépère, sorte de placard doré pour les flics qui veulent se ranger. Mais voilà, la nature revient au galop et le manque de mouvements se fait sentir. C’est le moment où il hérite d’une mission plutôt banale et simple : protéger Grandsire, le numéro deux du pétrole en France, menacé par les hommes de feu Khadafi. Il doit composer avec ses nouveaux collègues : Marion, veuve d’un flic, Nadia, garçon manqué et Eric, gay. Il demande alors l’aide d’Adrien… Et cette protection ne s’avérera pas très tranquille.
Pierre Dragon sait de quoi il parle, il est lui-même policier depuis de nombreuses années et encore actuellement aux Renseignements Généraux. Le lecteur sent bien cette patte qui colle vraiment à la réalité. L’auteur de l’excellent RG avec Benoît Peeters (3 volumes chez Gallimard) réitère la grande qualité de son récit grâce à l’aide d’Alain Gillot. La galerie des personnages et plus particulièrement Simon est très réussie : le peu de dévoilé incite le lecteur à vouloir en connaître encore plus. Il faut dire qu’il est tourmenté entre cette mission et sa nouvelle vie de papa : il ne sait pas vraiment où il en est.
Le déroulé de la très belle intrigue est quasi cinématographique, telle une très bonne série télévisée policière : c’est rapide, haletant, trépidant et plein de rebondissements.
La partie graphique, qui peut repousser au premier coup d’œil, elle aussi est d’une grande efficacité. C’est dynamique et ça va à l’essentiel. Son trait semi-réaliste offre de vraies gueules à ses acteurs de papier.
Chaque volume de SPRG constituera une histoire complète, que le lecteur pourra lire dans n’importe quel ordre.
- SPRG
- Scénaristes : Alain Gillot et Pierre Dragon
- Dessinateur : Fred Lamour
- Editeur : Casterman
- Prix : 13.50€
- Sortie : 11 janvier 2015
Le magicien de Whitechapel
Dans le Londres de l’époque Victorienne, Jerrod, un magicien reconnu par ses pairs et le public, va de désillusions en désillusions. Son dernier casting est un fiasco et il décide de revenir sur les lieux de ses débuts, entre apprentissages et succès. Ce prestidigitateur est le personnage principal de la nouvelle série de Benn, Le magicien de Whitechapel, publié par Dargaud.
Résumé de l’éditeur : Londres, 1887. Jerrold Piccobello, magicien parmi les plus prestigieux du royaume britannique, se fait une nouvelle fois remballer d’une audition comme un malpropre. Désespéré, l’homme revient sur les lieux de son enfance, là où tout a commencé et où il fera une rencontre pour le moins inattendue…
Entre belle romance et fantastique, le récit de Benn, somme toute classique, est efficace. Construite comme un feuilleton, la narration d’une belle fluidité, berce lentement le lecteur dans une histoire proche de la rêverie. Tout n’est que magie, entre réalité et illusions.
Doué pour l’art de la magie, Jerrod, fils d’un sacré tricheur aux cartes, est recueilli par la concierge du Eagle, un théâtre-cabaret. Tous les soirs, à l’affiche, se produit Virgill Webb, un fantastique magicien. Le jeune garçon va devenir son assistant, partir en tournée avec lui et apprendre les ficelles du métier. Lui aussi tricheur et coureur de jupons, le maître s’amuse à plumer ses adversaires dans des parties de cartes truquées. Mais un jour de partie de chasse, il disparaît. Déboussolé, Jerrod vend alors son âme au diable…
Dans la veine de Fred, l’auteur de Philémon, l’onirisme de l’histoire accroche le lecteur. Le trait élégant et reconnaissable entre tous de Benn nous envoûte. Il restitue merveilleusement l’ambiance des bas-fonds londoniens du 19e siècle : les rues, les troquets mais aussi les lieux de spectacle.
Il faut dire que André Beniest est un talentueux dessinateur, mais peu connu du public. Passé brièvement par les studios Peyo en 1970, il travaille pour la revue Tintin (Tom Applepie, avec Vicq, en 1975) mais aussi pour Spirou (Mic Mac Adam, avec Desberg). Il adapte Monsieur Cauchemar (d’après Pierre Siniac, Glénat, en 1986), donne naissance à Woogee (Dargaud, en 1992), reprend la destinée de Mic Mac Adam (avec Luc Brunschwig, en 2010) et avant cette nouvelle série, crée Valentine Pitié.
Prévu en trois volumes, Le magicien de Whitechapel, sera publié en 18 mois.
- Le magicien de Whitechapel, acte 1 : Jerrod Piccobello
- Auteur : Benn
- Editeur : Dargaud
- Prix : 15.99€
- Sortie : 20 février 2015
Sword Art Online, Fairy Dance
En décembre 2014, les éditions Ototo publiaient leur nouvelle excellente série Sword Art Online, un manga dans l’univers du jeu vidéo, signé Tsubasa Haduki et Reki Kawahara. Elles éditent la suite des aventures de Kirito, Fairy Dance, dans un premier volume lui aussi prometteur.
Le lecteur avait laissé Kirito, l’un des vainqueurs de SAO de retour dans le monde réel mais toujours dans le coma. Il faut dire que le jeune adolescent avait subi de nombreuses difficultés et déconvenues lors de son passage dans le jeu synonyme de mort. Affublé dans casque de réalité virtuelle, chaque joueur était prisonnier de l’univers imaginé par Akihiko Kayaba, tant qu’il n’avait pas terminé les 100 niveaux.
Au cours de ce game over, il avait rencontré Asuna, jeune fille doué pour le maniement d’épée, avec laquelle il s’était marié. Le couple avait aussi croisé le chemin de Yui, un programme d’intelligence artificielle sous la forme d’une petite fille. Ce robot avait la particularité de soulager les troubles psychologiques des joueurs.
Alors qu’il récupère petit à petit toutes ses facultés, après un coma de plusieurs mois, Kiriko obtient l’aide de Sugu, qui tombe amoureuse de lui. Pourtant son chagrin est immense : Asuna n’est pas encore sortie de sa longue léthargie, pire, Sugô, responsable du département recherches de l’entreprise du père de la jeune adolescente doit se marier avec elle. En effet, Shozo Yuki a promis la main de sa fille à cet homme en qui il a entièrement confiance.
Pourtant Kirito ne peut se satisfaire de cette situation, lui qui pensait pouvoir se marier dans le monde réel avec Asuna. Il découvre alors un nouveau jeu Alfheim Online (le pays des fées) et décide de s’y plonger afin de retrouver celle qu’il aime…
Cette suite est de nouveau d’une excellent qualité. Le scénario de Reki Kawahara replonge son héros dans un nouveau jeu virtuel et mortel. Encore casqué, il le fait pénétrer dans un nouvel univers plus féerique, celui des fées. Si les elfes sont présents, les difficultés le sont aussi. Kirito, qui a eu l’impression d’avoir entr’aperçu Asuna dans ce nouveau jeu, veut aller la rejoindre afin de la sauver. Après une mise en place d’une trentaine de pages (le réveil, les facultés physiques retrouvées et le début de l’amour de Sugu), le jeune garçon est plongé dans sa nouvelle mission. Personnages bien campés, monde nouveau, combats à venir et drame (Asuna est plongée dans le coma et elle est promise à un mariage arrangé) : tous les ingrédients sont réunis pour faire de Fairy Dance un grand succès éditorial.
Du point de vu graphique, Tsubasa Haduki, d’après les personnages de Abec, est dans la même veine que la série-mère. Fluidité dans le dessin, un peu de sensualité par Sugu, elfes et fées bien campés et flamboyance dans les combats.
- Sword Art Online – Fairy Dance
- Scénariste : Reki Kawahara
- Dessinateur : Tamako Nakamura, d’après les personnages d’Abec
- Editeur: Ototo
- Prix: 6.99€
- Sortie: 12 février 2015
Hellship
La collection Cockpit des éditions Paquet dévoile Hellship, le récit d’une compagnie aéronautique américaine installée sur une île dans la Pacifique pendant le Seconde Guerre Mondiale. Les aventures des hommes du Capitaine Baxter sont proposées par Jared Muralt.
Résumé de l’éditeur : Automne 1944, quelque part sur une base avancée du Pacifique, la vie quotidienne d’un équipage de B25, presque monotone, rythmée par les missions de combats où seul la compétition du nombre de victoire apporte un peu de piquant, jusqu’au jour où une de leur bombe ouvre une brèche sur un bateau japonais et dans leur vie…
A quelque mois de la fin de la guerre, le capitaine Edwart Baxter commande et veille sur l’équipage de son B25. Partagé entre l’envie d’être le meilleur de son escadron, la guerre qui s’achève mais reste présente et ses pensées pour sa femme, nous suivons les moments intimistes de cet équipage où les problèmes personnels ressurgissent et semblent vouloir reléguer la guerre en seconde position, mais cette dernière leur réserve un retour de flamme d’où aucun ne ressortira indemne…
Le récit de guerre de Jared Muralt de facture classique, ravira les amateurs de récits aéronautiques. La toile de fond de l’histoire, quant à elle, est assez intéressante : l’île renforce le sentiment d’isolement des soldats (les vivres et les nouvelles des familles arrivant au compte goutte). Pour certains, le coup de blues n’est pas loin. La base américaine fut construite de toutes pièces dans ce coin reculé du Pacifique.
La pression des officiers pour remporter des victoires sur les avions japonais est, elle aussi, bien maîtrisée. De plus, la tension entre les hommes est exacerbée par l’isolement et les nouvelles venues des Etats-Unis, quatre infirmières plutôt aguicheuses.
Le récit en un seul volume ne permet pas de s’attacher aux personnages, qui ont pourtant un grand potentiel. Peut être qu’une suite sera envisagée selon les ventes de l’album. Si la partie scénaristique est assez simple et classique, le gros point fort de l’histoire réside dans la partie graphique : le trait réaliste de Jared Muralt est d’une belle précision. Ses personnages ont de vraies gueules comme on peut en trouver dans le cinéma américain des années 50/60. Les engins volants sont eux aussi très aboutis grâce à une documentation solide acquise par l’auteur suisse. Les scènes de combats comme ceux présentant des explosions sont admirablement réussies.
- Hellship
- Auteur : Jared Muralt
- Editeur : Paquet, collection Cockpit
- Prix : 13.50€
- Sortie : 11 février 2015
Nancy in hell
Dans un monde inconnu et fantastique survit Nancy, une jeune femme au passé trouble. Entre zombies et créatures démoniaques, elle doit se faire une place dans cet univers si particulier. El Torres et Juan-José RYP nous content ses aventures érotico-fantastiques dans un album déroutant Nancy in hell, publié par Graph Zeppelin.
Résumé de l’éditeur :Nancy est une jeune fille comme toutes les jeunes Américaines : joueuse, sexy et légère. Comme tous les jeunes gens, elle se croit immortelle mais, un jour, la mort frappe à sa porte. On dit que les filles pures vont au Paradis mais où vont les autres ? Nancy, elle, se réveillera dans un lieu peuplé de créatures effrayantes : âmes perdues, démons et ombres maléfiques, zombies, monstres en tous genres… Dans sa quête pour s’échapper de l’Enfer, Nancy trouve un allié inattendu : Lucifer lui-même. Ange déchu qui considère avoir purgé sa peine, il se liera à Nancy pour passer les épreuves qui les mèneront hors de l’Enfer. Armée de sa tronçonneuse, elle combattra toutes les créatures qui oseront se mettre sur leur chemin !
Publié en 2000, la série Nancy in hell est l’œuvre de l’imagination débordante de Juan Antonio Torres (El Torres). Cet univers terrible n’est régit par aucune loi, les libertés sont exacerbées et les habitants peuvent consommer des drogues, de l’alcool tant qu’ils veulent, peuvent posséder des armes et écouter tous styles de musique. Au milieu de cette luxure et ce sexe sans tabou, il y a Nancy, fille délurée, sans scrupules et sans véritable morale. Armée d’un tronçonneuse qu’elle utilise fréquemment pour se défendre, elle semble dégoûtée par le monde qui l’entoure.
Après un combat rude dans un bar contre les Limiers, elle devient l’unique survivante du carnage. Effacés les zombies qui la poursuivaient, elle croise le chemin de Lucifer, rien de moins. L’ange déchu lui propose alors un pacte afin de retrouver les auteurs de la tuerie.
Ce récit à spectre large (fantastique, humour noir, combats contre des créatures, sang s’étalant sur toutes les pages ou sexe débridé) pourra plaire aux amateurs de ces différents genres. Ce comics fait la part belle à tous ces ingrédients comme une bonne série Z.
Le trait sensuel de Juan-José RYP convient parfaitement au récit. Il faut dire que l’auteur de Jeux de filles ou Gladys & Monique maîtrise parfaitement le sujet. Publiés par Wet Comix, ces deux titres étaient classés comme érotiques. Abandonnant ce genre, il se tourne ensuite vers le fantastique, sans oublier d’y glisser de sublimes créatures voluptueuses. En 2010, il reprendra même les aventures de Wolverine chez Marvel.
- Nancy in hell
- Scénariste: El Torres
- Dessinateur : Juan-José RYP
- Editeur : Graph Zeppelin
- Prix : 16€
- Sortie : 09 février 2015
Et pour quelques pages de plus…
Pour compléter notre sélection de la semaine, Case Départ vous conseille aussi les albums suivants :
Les poux
On a marché sur la tête est le premier tome de la nouvelle série jeunesse du catalogue Gallimard, Les poux, signée Cédric Ramadier et Vicent Bourgeau. Plongée dans l’univers humoristique d’une famille de poux cachée dans la chevelure d’un petit garçon.
Résumé de l’éditeur : Bienvenue dans ce monde où les poux sont de charmantes créatures qui partent en vacances à la mer, se régalent de peaux d’oreille, s’accommodent de shampoing hallucinogène et mènent une vie de famille, somme toute banale… Jusqu’au jour où d’inquiétants et inopportuns visiteurs leur tombent sur la tête. Comment vont-ils s’en dépatouiller, quand la diplomatie ne fait aucun effet? On connaît la devise : «Pour vivre heureux, vivons cachés!»
Voici un petit album qui ne paye pas de mine, mais fort amusant pour les tout-petits. Cédric Ramadier imagine ce que peuvent faire une famille de poux dans la tête d’un enfant : Le papa tend un hamac et fait la sieste, les enfants jouent, la mère prépare des steacks de peaux mortes, récupère le sel, part au bord de la mer lorsque l’enfant prend un bain et se cache du shampoing anti-poux. Finalement une vie des plus banales comme n’importe laquelle des familles. Attachants, les personnages sont plutôt amusants même si les ressorts des mini-récits sont très (trop?) classiques.
Les planches très colorées de Vincent Bourgeau sont composées de grands aplats de couleurs vives bien maîtrisés.
Le duo d’auteurs a déjà travaillé plusieurs fois ensemble : Manger un loup, Bobo lapin ou encore Voici un œuf (collection Loulou & cie de L’école des loisirs).
- Les poux, tome 1 : On a marché sur la tête
- Scénariste: Cédric Ramadier
- Dessinateur : Vincent Bourgeau
- Editeur : Gallimard
- Prix : 11.90€
- Sortie : 12 février 2015
Sketchbook
Yoann et Etienne Le Roux
Après les très beaux Sketchbook d’Andreae, Varanda, Keramidas ou Mig, Comix Buro dévoile ses deux nouveaux carnets de croquis de Yoann et d’Etienne Le Roux. Pour les deux auteurs, beaucoup d’illustrations inédites plus belles les unes que les autres. De format 18×22 et de 48 pages, ces petits recueils sont les premiers volumes pour Yoann et Etienne Le Roux (portrait Comixtrip de l’auteur, L’atelier de… à découvrir). Un régal !
Sketchbook Yoann : Dessinateur surdoué à la palette graphique très large, Yoann va encore vous surprendre avec son sketchbook. S’il fait bien évidemment la part belle aux croquis de Spirou, cet ouvrage regorge de dessins en tous genres: nus, modèles vivants, personnages croqués sur le vif, portraits de dessinateurs, hommages à des personnages aussi variés que Nävis, Gaston, Lucky Luke, Tintin, Merlin, Hulk, Wolverine ou Batman. Yoann confirme à travers ces pages l’étendue de son talent et sa capacité à imposer sa personnalité dans des styles allant du dessin jeunesse au récit animalier en passant par des histoires au ton résolument humoristique. Son trait est dynamique, ses compositions sont redoutablement efficaces. Chaque page, chaque image est un véritable régal.
Chara design de Toto l’ornithorynque, croquis de La Voleuse du Père-Fauteuil, recherches pour Fennec, Donjon Monsters, Ninie Rezergoude, Bob Marone, Phil Kaos ou Ether Glister, tous les personnages de Yoann vous accompagnent également au fil des pages, aux côtés de son inséparable compagnon (à vous de le retrouver !). Si Yoann est un grand dessinateur, il est aussi l’un des coloristes les plus créatifs. Ses illustrations, du Marsupilami notamment, sont sublimes. Chaque case est une véritable toile à elle seule, ses couleurs directes, chaleureuses et vibrantes, ajoutent de la densité à son dessin et créent une ambiance somptueuse. Last but not least, ne ratez pas les aventures de ces « charmants » petits lapins dessinés sur papier de boucherie, à mourir de rire !
Sketchbook Le Roux : Laissez-vous porter par le trait élégant et poétique d’Étienne Le Roux, l’auteur de l’excellent Temple du passé (Les Univers de Stefan Wul – Ankama), de la série 14/18 (Delcourt) et du Serment de l’ambre.
Ce sketchbook vous offre une promenade dans un monde de rêveries, riche en émotions. Des femmes nues délicatement croquées se lovent dans les premières pages de cet ouvrage. Une gestuelle simple, juste… Des instants figés, érotiques… Le dessin est fluide et précis à la fois. Au fil des pages, les femmes se font sauvageonnes, guerrières, ou amazones et la douceur laisse place à un univers d’héroïc-fantasy que maîtrise parfaitement l’artiste.
Étienne Le Roux nous fait ensuite traverser les époques et les mondes, avec des arrêts sur image. On découvre des petites scénettes d’un quotidien passé, pensé, imaginé, des personnages attachants : hommes en costumes, héroines en toge ou en treillis, soldats inquiétants, cosmonautes en pleine action, sympathiques cow-boys, centaures ailés, démons rugissants, insectes étranges, monstres difformes… Ils nous emmènent avec eux à travers les rues, les champs de bataille, les planètes imaginaires et les villes aux architectures somptueusement détaillées. On aimerait s’y perdre ou s’y arrêter un moment…
Puis, le trait d’Étienne Le Roux, se fait parfois plus tourmenté, avec des aplats sombres à souhait quand il dessine l’horreur de la guerre. Mais on retrouve, au détour d’une page, toute sa délicatesse et sa précision quand il dessine un tendre hommage à King-Kong ou les navettes spatiales du huit-clos futuriste Le Temple du passé. Peintures, gravures, croquis, tout y est, un vrai cabinet de curiosités à découvrir d’urgence !
Comixtrip a réalisé un très beau portrait vidéo de l’auteur, cliquez ici pour le découvrir.
- Sketchbook
- Auteurs : Yoann et Etienne Le Roux
- Editeur : Comix Buro
- Prix : 15€ chacun
- Sortie : février 2015
Witching yours
(album pour adultes)
Après la série Mara, Cosimo Ferri est de retour avec un nouvel album pour adultes Witching yours : le labyrinthe des sorciers.
Résumé de l’éditeur : Trois sorciers novices (deux filles, un garçon) vont unir leurs forces et leurs pouvoirs pour déjouer le plan maléfique de vengeance d’un puissant mage. Entre monde réel et monde magique, ils devront dissimuler leurs pouvoirs face à l’humanité, fuir l’Inquisition décidée à libérer la Terre des sorciers ou combattre les mages et créatures maléfiques. Cela ressemble diablement à la trame d’une aventure d’un certain Harry mais toute ressemblance est fortuite… d’autant que nos héros sont bien plus désinhibés.
Le récit magico-érotique de Cosimo Ferri est d’une belle qualité, entre sensualité, sexe et fantastique. Les deux petites filles d’une grand-mère (très jeune d’aspect), plutôt candides et presque oie blanche, se rendent sur leur motosky au dessus de Rome, dans un palais magique. Il faut dire que les deux belles filles (Hatéa et Sally), qui aiment pratiquer des parties de jambe-en-l’air ensemble, sont élèves en magie. Le ministre qui gère le lieu apprécie les très jeunes femmes et leur fait savoir… L’album est plutôt réussi, se lit facilement, met en avant l’histoire plutôt que les scènes de sexe dans ce premier volume. Les courbes sensuelles des femmes sont bien maîtrisées grâce au trait semi-réaliste de l’italien.
- Witching yours : Le labyrinthe des sorciers
- Auteur : Cosimo Ferri
- Editeur : Tabou BD
- Prix : 15€
- Sortie : 09 février 2015