La sélection de la semaine : Silex and the city, Klaw, Ekhö monde miroir, Le galop du silence, That moment maybe, Gueule noire, Chasseuse de dragons, Fastefoode, Traquemage, Supporters, Les nuits de Saturne, Bayou bastardise, Trait pour trait, Le huitième jour et Cercle intime

Illustration tirée de la série Klaw (Ozanam & Jurion – Le Lombard)

Pour ce deuxième samedi du mois de septembre, Case Départ vous propose une petite sélection.  En vous ouvrant sa bibliothèque, le blog met en lumière de très bonnes bandes dessinées. Nous passons au crible, les albums suivants : le sixième tome de la série humoristique de Silex and the city de Jul, le nouvel opus de la formidable série Klaw, Ekhö monde miroir : le quatrième volume intitulé Barcelona, le nouvel album de Derib : Le galop du silence, That moment maybe : le nouveau manhua de Pocket Chocolate, Chasseuse de dragons est la deuxième aventure des Chroniques de Claudette, le recueil de strips de Pluttark & Bernstein : Fastefoode, le premier tome de Traquemage, un album illustré dans le monde du football : Supporters, Les nuits de Saturne : l’adaptation dessinée du roman de Marcus Malte, le premier volet de Bayou bastardise de Neyef et Brard, un recueil de croquis et esquisses de Sergio Toppi : Trait pour trait, l’intégrale du Huitième jour de Daniel Torres et un album pour adultes : Cercle intime. Bonnes lectures.

Silex and the city

Le grand moment arrive : Web et Rahan vont se marier. Les préparatifs commencent et les familles Dotcom et De la Pétaudière doivent se rapprocher, elles qui n’évoluent pas dans le même monde. Crao, le père du futur marié, est farouchement opposé à cette cérémonie, lui qui attend d’unir son fils à une femme de bonne famille. Merci pour ce mammouth ! est le sixième volume de la formidable série historico-humoristique Silex and the city signée Jul.
Résumé de l’éditeur :
Web Dotcom va se marier avec Rahan de la Pétaudière. Tout le monde ou presque va essayer de leur mettre des bâtons dans les roues. Mais l’amour triomphe toujours.

Saga humoristique à succès (450 000 exemplaires vendus depuis le premier tome en 2009), Silex and the city est de retour pour un sixième volume explosif. Jul a de nouveau mitonné un excellent scénario. Merci pour ce mammouth ! (clin d’œil au célèbre livre de l’ex-première dame) met en scène un moment qui aurait du être joyeux : le mariage de Web et de Rahan. Amoureux depuis plusieurs années, les deux tourtereaux veulent convoler en juste noce. C’était sans compter sur la résistance de Crao de la Pétaudière, le père du futur époux. Héritier du volcan EDF (Energie de Feu) qui permet à toute la vallée d’avoir du feu, cet homme riche préfère voir son rejeton se marier avec une fille de bonne famille. Il refuse donc cette mésalliance. En plus d’une grotte de luxe, il peut se targuer d’une ascendance célèbre jusqu’à Troglodyte le Téméraire. De son côté, la future mariée est la fille de deux professeurs de ZEP (Zone d’évolution prioritaire) ; d’une famille moyenne simple. Au fond de la vallée, cette passionnée de mode est la sœur d’Url, un alter-darwiniste radical.

Cette romance contrariée est digne des romans du 19e siècle dont est friand Jul. Dans ces livres, la volonté de changement de classe sociale est souvent mise en scène par les écrivains. Web se doit donc de rechercher ses ancêtres, elle aussi, pour se hisser et être acceptée dans sa future famille. Pour cela, elle se rend à Salt Lake Silex pour rencontrer les Cro-Mormons, gardiens de la généalogie. Elle y découvre que du côté maternel, elle descend d’Ebola et paternel de la Grippe Espagnole. Tout est donc parfait pour le mariage ! Mais, le lecteur apprend que Rahan fut et est encore marié. Lors d’un spring break, ivre, il a épousé un escort-girl lémurienne. Pour divorcer, il doit donc retrouver le prêtre de Chasse-Vegas. Or, ce dernier a quitté la ville pour Darwinsalem, la cité 3 fois singes : le darwinisme du livre, le darwinisme révélé et le darwinisme par la Grâce.

Comme dans les précédents volumes de la série, Jul pousse le curseur à fond dans les jeux de mots, pour détourner les mots ou les slogans. Plus encore que ceux de Goscinny dans ses séries (Lucky Luke, Iznogoud ou Astérix), cela lui permet de fustiger les dérives de notre société contemporaine. En plus de la religion (les 3 religions monothéistes, les Mormons), il peut revenir sur le conflit israélo-palestinien et la colonisation des territoires, sur les régimes, le culte du corps (comme les mannequins Kate Mouche et Bactérie Campbell), la malbouffe ou la cartomancie ; le tout dans un joyeux délire décalé et qui fait mouche à chaque fois. Pour trouver ses thématiques, il se nourrit de ses lectures de journaux, de l’actualité et écoute les gens dans les cafés.

• Silex and the city, tome 6 : Merci pour ce mammouth !
  
• Auteur: Jul
• Editeur: Dargaud
• Prix: 13.99€
• Parution: 4 septembre 2015

Klaw

Dans l’univers de la publication jeunesse 9e art, il existe des petites pépites ; c’est le cas de Klaw, une série fantastique pour adolescents, de Joël Jurion et Antoine Ozanam. Le scénariste qui publie deux nouveautés coup sur coup (voir ci-dessous, Gueule noire), plonge le lecteur dans le deuxième cycle où il retrouve Ange, installé à Paris et qui commence une nouvelle vie, cette fois-ci plus tranquille, sans Dizhis (êtres fantastiques).

Résumé de l’éditeur :
Installé à Paris au terme des événements chinois, Ange semble avoir refait sa vie pour le mieux : il maîtrise à présent le tigre qui est en lui, et son nouveau travail de publicitaire pourvoit amplement à son épanouissement. C’est sans compter l’irruption d’une dhizi inattendue, une jolie russe à l’agilité… simiesque !

Alors que Antoine Ozanam avait fait subir une cuisante défaite à Ange, son héros (dans le précédent volume) ; il lui réserve un sort plus doux en l’installant à Paris. Rangé des sorties nocturnes de justicier, son héros coule des jours heureux dans un petit appartement cossu, seul, sans Lisa. Pour égayer ses soirées, il invite souvent son petit voisin, seul chez lui pendant que sa mère, jeune célibataire, travaille. Toujours serviable, il s’en occupe jusqu’à ce qu’elle rentre. Il rend aussi souvent visite à Paula, une toute jeune fille qui se transforme en tigresse, qui a du mal à contenir ses excès, afin de la rassurer. Travaillant dans une agence de communication, il essaie tant bien que mal de s’éloigner de ses préoccupations de justicier. Pourtant son instinct va se réveiller lorsqu’il apprend qu’une femme-singe se joue des policiers pour cambrioler des bijouteries. Ajouter à cela, un inspecteur des plus étranges et Ange redevient The Klaw.

En imaginant des personnages fantastiques qui peuvent se transformer en animaux possédant des pouvoirs surhumains, le scénariste de We are the night (chez Ankama), frappe juste et fort. Les décors contemporains où les êtres fabuleux peuvent se mouvoir, renforcent l’intérêt que le lecteur a lorsqu’il se plonge dans cette formidable série.

Les combats sont magnifiquement mis en scène par Joël Jurion. Si le scénario est excellent, les planches du dessinateur d’Anachron (avec Thierry Cailleteaux, Vents d’Ouest) participent du succès de la série. Il faut souligner que l’illustrateur sait joliment mettre en scène les transformations des Dizhis en animaux fabuleux et surpuissants.

• Klaw, tome 5 : Monkey
  
• Scénariste : Antoine Ozanam
• Dessinateur : Joël Jurion
• Editeur: Le Lombard
• Prix: 12€
• Sortie: 28 août 2015

 Ekhö monde miroir

La série fantastique d’Arleston et Alessandro Barbucci, Ekhö monde miroir est de retour pour un quatrième volume, Barcelone. Le lecteur retrouve avec plaisir Fourmille et Yuri dans une nouvelle aventure dans ce monde parallèle.
Résumé de l’éditeur :
Grace, en tournée à Barcelone, ville des chats et des artistes, est accusée du vol d’une oeuvre d’art assez particulière, création unique du grand maître Salvador. (Dali, bien sûr). Fourmille et Yuri la rejoignent et enquêtent pour l’innocenter. Mais alors que l’esprit d’un chat occupe parfois celui de Fourmille, qui se retrouve sur les toits à miauler à la lune, la ville est inquiète des nombreuses disparitions de jeunes filles. Une situation d’autant plus difficile que parallèlement, Yuri et Fourmille ont emmené dans leurs bagages le préshaun Sigisbert, ligoté et bâillonné, pour lui faire avouer le secret des Préshauns…

Miroir de la Terre, Ekhö est un monde parallèle déformant de la planète bleue. Pour veiller à son bon fonctionnement, Arleston a imaginé d’étranges petites créatures, les Préshauns, cousins lointains des chats. Parmi eux, il y a Sigisbert, un jeune clerc de notaire qui a pour mission de veiller à ce que la présence des deux héros, Fourmille et Yuri, ne perturbe pas trop le fragile équilibre d’Ekhö. En effet, ses deux personnages ont été aspirés dans cet univers alors qu’ils étaient tranquillement dans un avion, sans savoir pourquoi. Alors qu’ils ont des caractères opposés, par la force des choses, ils ont décidé de travailler ensemble et ont ouvert un agence artistique.

Mais les temps sont durs, Yuri a du mal à boucler le budget et les dettes s’accumulent. A la limite de l’expulsion de leur lieu de travail, une affaire vient tout corser : Grace, leur amie est accusée de vol de bijoux. Après Paris, New-York et Los Angeles, les deux comparses doivent se rendre à Barcelone, la ville des arts. Là, il croise un artiste fou et décalé, sosie de Salvador Dali. Cet homme étrange possède des Bulles pétulantes, sortes de petites billes où sont enfermées de jeunes filles. L’une d’elle a été volé et c’est la jeune femme que l’on accuse. C’est le début d’une enquête fantastique, rythmée, bien menée et accrocheuse. Ce que l’on apprécie aussi, c’est l’humour, plus fin que dans Lanfeust ou Trolls et cela fonctionne très bien.

Arleston, comme à son habitude dans ses publications (Laufeust, Trolls de Troy…), a fait fonctionner à plein régime son imagination pour dévoiler un monde à la fois proche et loin de la Terre. Tout y est : villes, architecture, personnages et bestiaires avec ici de la grande qualité. Mais le gros point fort de cette série, c’est sa partie graphique mené de main de maître par Alessandro Barbucci. Le dessinateur que l’on avait découvert dans le magnifique Sky Doll (avec Canepa, Soleil) fait montre de tout son talent dans des planches sublimes. D’ailleurs, une version en noir et blanc grand format de l’album est proposée en même temps que la publication classique. Dans ce bel objet, le lecteur peut apprécier la grande qualité de son travail et plus particulièrement les décors (Sagrada Familla), la mise en scène, ainsi que les mouvements de ses personnages (il met à profit ses années dans les Studios Disney : il a notamment travaillé sur Le Bossu de Notre-Dame).

• Ekhö monde miroir, tome 4 : Barcelona
  
• Scénariste : Arleston
• Dessinateur : Alessandro Barbucci
• Editeur: Soleil
• Prix: 14.50€
• Sortie: 2 septembre 2015

Le galop du silence

Derib est un auteur majuscule dans le monde du 9e art, ses séries Buddy Longway (Le Lombard) ou Yakari (avec Job, Le Lombard) plaisent énormément au public. Le suisse a une grande passion : les chevaux que l’on retrouve aussi dans les deux séries ci-dessus. Dans Le galop du silence, il met en scène son amour pour les équidés à travers l’histoire de Manon de retour dans sa famille, éleveuse de chevaux.
Résumé de l’éditeur :
Manon, suite au décès de sa jument, quitte le monde de l’équitation. Après plusieurs années, elle revient dans la ferme familiale et tombe sous le charme d’un jeune poulain. Cette bd dessinée par Derib pour promouvoir la race du franche-montagne nous dévoile différentes étapes de la vie équestre.

Si les chevaux de Yakari sont croqués de la manière semi-réaliste afin de coller au mieux à cette belle série jeunesse, ceux de Buddy Longway sont dans une veine réaliste comme le veut cette série western adulte. D’ailleurs, Derib est l’un des seuls auteurs de bande dessinée (avec Uderzo pour Astérix et Tanguy & Laverdure) à réussir magistralement à passer d’un univers à l’autre et c’est encore le cas avec Le galop du silence. Comme il aime aussi raconter des histoires de femmes indépendantes (Jo, Le Lombard ou Pour toi Sandra, Le nid), il imagine de nouveau une héroïne sensible et au caractère fort.

Manon est partie du foyer familial plutôt fâchée avec son père. Il faut souligner que la mort d’un poulain lorsqu’elle était adolescente, la hante encore aujourd’hui. Sa vie dans une agence de pub dans la capitale, la comble. Convaincue par son frère de revenir un week-end pour l’anniversaire paternel, elle réussit à apaiser les tensions. Quelques temps après, elle apprend que le haras familial n’est pas au mieux et que les dettes s’accumulent. Elle décide de tout plaquer pour venir en aide aux siens ; c’est le début d’une aventure, d’une nouvelle vie, d’une renaissance ! Si les problèmes sont nombreux, la famille se soude et avec l’aimable collaboration de Julie, son ex-collègue, l’élevage reprend des couleurs.

Derib n’a pas son pareil pour nous faire sentir l’herbe fraîche de la campagne. Il faut souligner que c’est dans les décors extérieurs qu’il est le plus à l’aise et cela se voit dans ses planches. Les portraits de ses personnages en plan serré finissent par nous convaincre de la qualité de cet ouvrage.

• Le galop du silence
  
• Auteur: Derib
• Editeur: AS’Création & Perspectives Art 9
• Prix: 14.95€
• Parution: août 2015

 That moment maybe

Un jeune psychologue va être bouleversé par l’arrivée de son ancienne petite amie dans son cabinet. Son couple va être mis à mal par ce retour inopiné. Cette belle romance est à lire dans That moment maybe, un manhua de Pocket Chocolate, édité par Kotoji.
Résumé de l’éditeur :
A Shanghai, Li Shaokun est un jeune psychologue en couple avec la jolie Feifei. Il fait la rencontre de Wenxin, patiente dont la vie est au plus bas, et avec qui il a connu une relation à la fois proche et distante dans ses années lycées. Les sentiments de Shaokun seront troublés par cette rencontre et le mettront face à sa première épreuve dans sa vie de couple.

Après Crystal Sky of yesterday que Case Départ avait beaucoup apprécié, les éditions Kotoji dévoilent That moment maybe, un très beau manhua de Pocket Chocolate. Le récit de l’auteur chinois est construit comme une romance, qui dès les premières pages va glisser vers le drame. En effet, il met en scène Shoakun, un jeune psychologue brillant, qui n’a pas encore son diplôme mais qui exerce déjà. Très à l’écoute, il a la confiance de ses patients. Il est d’ailleurs aidé dans ses dossiers par le Professeur Wang, son tuteur, qui a reconnu en lui un très bon praticien. Serviable et intelligent, il s’épanouit dans son travail comme dans son couple.

Mais cette quiétude va être mise à mal, lorsqu’il retrouve Fei Fei, sa petite amie d’enfance. Elle est ici pour une aide psychologique à la suite d’un accident de voiture avec son petit ami. Le choc lui a fait perdre la vue. Si lui est déstabilisé par l’arrivée de cette patiente particulière ; elle ne se rend pas compte de qui il est. Entre souvenirs et moments présents, le jeune homme est troublé. Il va mettre tout en œuvre pour aider au mieux la jeune femme, malgré sa mère très réticente.

Pocket Chocolate nous enchante par son histoire douce, sensible et qui interroge. En effet, des questions sur le couple, les premières amours adolescentes, le trouble des femmes qui passent dans nos vies : tout est amené subtilement. Les flash back sont aussi parfaitement maîtrisés pour s’inscrire dans le récit. Comme pour son précédent album, on retrouve son trait simple et aérien, rendu par des couleurs pastel.

• That moment maybe
  
• Auteur: Pocket Chocolate
• Editeur: Kotoji, collection Asian District
• Prix: 16€
• Parution: 11 septembre 2015

Gueule noire

Pour terminer la lecture de cette chronique, cliquez ici.

• Gueule noire
  
• Scénariste : Antoine Ozanam
• Dessinateur : Lelis
• Editeur: Casternam
• Prix: 18€
• Sortie: 09 septembre 2015

Les chroniques de Claudette

L’intrépide et vaillante Claudette est de retour dans une nouvelle aventure Chasseuse de dragons ! un album jeunesse de Jorge Aguirre et Rafael Rosado, publié par Akileos. Cette fois-ci la jeune fille, son petit-frère et son amie vont défier Grombach, sorcier entouré de gargouilles qui essaient d’envahir sa ville.

Résumé de l’éditeur :
Claudette s’est mis une nouvelle idée en tête : tuer le terrifiant dragon, Azra la terrible, et récupérer Briseuse, l’épée de son père, dans le ventre du dragon.
Dans le même temps, le sorcier Grombach rôde et menace la tranquillité de Mont Petit Pierre. Une nouvelle quête commence pour nos trois casse-cou favoris, l’intrépide Claudette, la belle Marie et le petit frère gastronome Gaston.

Comme pour le précédent album, Jorge Aguirre propose une aventure folle, très rythmée et teintée de fantastique. Puisque Claudette lui avait permis d’amorcer une série habile et accrocheuse, il la met de nouveau en scène avec Gaston son petit-frère et Marie son amie. Si le jeune garçon se rêve en forgeron comme son père, les résultats se font attendre ; il semble plus doué pour la cuisine. Quant à Marie, jeune châtelaine, elle repousse tous les prétendants qui attendent sagement devant son donjon, au grand dam de sa mère.

Alors que Léo, l’unique garde de la cité, est réveillé en sursaut par des gargouilles; elles sont arrêtées par les pouvoirs magiques protégeant la ville fortifiée. En repartant, elles enlèvent le pauvre soldat. Auguste, le père de Claudette, handicapé et en fauteuil depuis une célèbre bataille et son ami Zubair partent en croisade contre Grombach chef de ces infâmes gargouilles. Ne tenant plus en place, sa fille en fait de même la nuit suivante.

Bien écrit, le récit de l’espagnol est intelligent, bourré d’humour. Rapidement cette folle aventure va devenir une vraie quête personnelle pour Claudette. Aidée de frère et de Marie, elle va croiser de nombreux personnages mystérieux et fabuleux. A travers les 154 pages, Rafael Rosado propose de belles planches au découpage rythmé et au trait d’une grande lisibilité, proche des séries animées.

• Les chroniques de Claudette : Chasseuse de dragons !
  
• Scénariste : Jorge Aguirre
• Dessinateur : Rafael Rosado
• Editeur: Akileos
• Prix: 14€
• Sortie: 27 août 2015

 Fastefoode

Aller manger de temps en temps dans un resto rapide tel McDo ou Quick, presque tout le monde l’a fait. Aller manger chez Fastefoode, c’est moins évident. Si l’envie d’un bon hamburger vous titille, le service et les produits vont feront fuir ! Jorge Bernstein et Pluttark vous accueillent dans ce fast food où tout n’est qu’injure, crasse et malbouffe !
Résumé de l’éditeur :
Leader de la restauration rapide, Fastefoode s’engage à vous servir des produits de qualité dans le respect des règles d’hygiène. Une organisation managériale exigeante afi n de vous garantir un service irréprochable ! Viande de chien, mayo avariée, capotes dans les Kidsbox, découvrez les joies de l’arrière cuisine avec le chef Roland et son acolyte champion.

Service déplorable, aliments immangeables, saleté, compromissions, blagues vaseuses, drague de mauvais goût, box pour enfants aux jouets douteux : tout est réussi pour ne plus remettre les pieds chez Fastefoode, pourtant chaîne leader de restauration rapide. Composé de strips en trois cases, l’album enchaîne les gags en fustigeant ce qu’il peut y avoir de pire dans un fast food. Jorge Bernstein imagine deux personnages crétins, pas très futés et à la limite de la vulgarité, et ça fonctionne presque à chaque fois : Roland, le cuisinier, sale, gros et méchant dont les hamburgers sont indigestes et le serveur gaffeur, gros lourdau lorsqu’il drague et ayant réponse à tout.

Pour les aider dans leur progression, les deux zéros sont conviés à des stages où le maître de formation, tout droit sorti d’une mauvais HEC leur débite des chiffres et des diagrammes incompréhensibles.

Si la partie scénaristique est plutôt réussie, la partie graphique proposée par Pluttark aussi. Son trait esprit Fluide convient parfaitement à cette satyre du monde de la malbouffe.

• Fastefoode
  
• Scénariste : Jorge Bernstein
• Dessinateur : Pluttark
• Editeur: Fluide Glacial
• Prix: 12€
• Sortie: 18 août 2015

Traquemage

Les habitants d’un petit village montagnard sont terrorisés par la guerre que se livrent les mages. L’un d’eux décident pourtant de les défier et d’emmener son troupeau de moutons dans les alpages. Qu’arrivera-t-il à ce jeune fougueux et à ses bêtes ? Edité par Delcourt, Traquemage conte cette belle aventure signé Wilfried Lupano et Relom.
Résumé de l’éditeur :
Le pécadou, étonnant fromage de cornebique, fait la fierté de Pistolin. Mais avec la guerre que se livrent les mages, la vie dans la montagne est devenue impossible. Après avoir été le témoin de l’extermination de son troupeau, notre héros fait le serment de traquer les mages et de les tuer tous. Accompagné par Myrtille, l’unique survivante de son troupeau, Pistolin part accomplir sa vengeance.

Qualifié par l’éditeur de rural-fantasy, Traquemage est construit comme une belle petite fable fantaisiste et fantastique, gentillette et qui ne paye pas de mine. Wilfried Lupano compose une histoire d’aspect classique mais plutôt efficace, portée par le personnage Pistolin, un garçon serviable, un peu fier de lui, courageux mais ô combien attachant. Alors que son troupeau sera décimé par les soldats d’Othan Le Sale, il décide de défier les mages en continuelle querelle ; ce qui dérange la tranquillité de la vallée.

Courageux mais un peu naïf, il fera la fierté de ses pairs. Sa quête folle va donc le faire grandir, prendre de l’assurance et croiser de nombreux personnages parfois décalés comme la Fée Paquerette ; ce qui colore le récit d’un humour très agréable. Le berger anti-héros va devoir vaincre les 5 mages les plus puissants de ce monde imaginaire. Le scénariste, que l’on a connu plus inspiré notamment dans le fabuleux Un océan d’amour (Panaccione, Delcourt) met surtout en avant le très beau travail graphique de Relom. Habitué des pages de la revue Fluide Glacial, le dessinateur livre des planches très réussies, notamment les expressions des personnages admirablement restituées (ce qui ajoute au comique de situation) mais aussi les décors médiévaux fantastiques.

• Traquemage, tome 1 : Le serment des pécadous
  
• Scénariste : Wilfried Lupano
• Dessinateur : Relom
• Editeur: Delcourt
• Prix: 14.95€
• Sortie: 2 septembre 2015

Et pour quelques pages de plus…

Pour compléter notre sélection de la semaine, Case Départ vous conseille aussi les albums suivants :

Supporters

Ancien ultra du PSG, Guillaume Warth raconte les moments d’union dans le stade avec ses anciens camarades, mais aussi leur mise au ban dans l’album Supporters, édité par Des ronds dans l’o.
Résumé de l’éditeur :
Guillaume Warth est un ancien supporter ultra. Durant deux ans, il vit des moments inoubliables, de passion et de bonheur en soutenant son club. Mais en 2010, suite à la mort d’un supporter, les politiques décident de supprimer les tribunes populaires, sous couvert de sécurité. L’auteur revient sur la stigmatisation des supporters ultras en expliquant les tensions sociales régnant dans le stade. Il dénonce la volonté des politiques d’isoler le public, transformé en spectateur passif, tout en modifiant la passion de ce sport populaire en une affaire rentable, dans le cadre du foot business.

Supporters est un très beau roman graphique de Guillaume Warth, composé de textes (à gauche) et d’illustrations en noir et blanc (à droite) de l’album. Il raconte ses deux années d’ultra au PSG. D’ailleurs dès les premières pages, il teint à expliquer la grande différence entre un ultra et un hooligan. En effet, pour la plupart des personnes, un Ultra est assimilé au hooliganisme (personne violente qui ne cherche qu’à se battre pour d’obscures causes). Ses amis et lui sont de vrais supporters, qui mettent de l’ambiance dans le stade du Parc des Princes, qui chantent quoiqu’il arrive, dans les victoires comme dans les défaites, mais aussi prêts à faire des milliers de kilomètres pour rejoindre les joueurs à l’extérieur.

Ne cherchant pas à être leur porte-parole, il explique aussi le malaise que ces groupes ont ressenti lors de la mise en place du plan Leproux en 2010 (ancien président du PSG) à la suite de la mort d’un spectateur : tous les Ultras sont dissous, le Parc assagi, plus familial, notamment à travers la hausse des tarifs des abonnements, qui disqualifiait les plus modestes. Finis les tambours, les chants, les claquements de mains, les drapeaux et les écharpes. Ils leur fallaient ravaler leur fierté et mettre au placard leur passion pour le club, qui glissait vers une véritable équipe de stars grâce aux millions des Qataris. Ils décidèrent alors de se tourner vers des clubs ayant plus de valeurs comme le Red Star ou le Paris FC.

Cet album fort et parfois poignant permet avant tout de comprendre comment peuvent réagir des supporters, pourquoi ils calquent leur vie sur leur club, pourquoi cela se transforme en passion ? Ses dessins pleine page en noir et blanc renforcent le récit sombre entre tristesse et amertume. Pour cela, il les compose d’un trait vif aux feutres, sans jamais montrer le visage de ses amis.

• Supporters
  
• Auteur: Guillaume Warth
• Editeur: Des ronds dans l’o
• Prix: 14.50€
• Parution: 10 septembre 2015

Les nuits de Saturne

En 2008, les éditions Gallimard publiaient Carnage constellation, un roman de Marcus Malte. Cette année, Pierre-Henry Gomont a décidé de l’adapter sous le titre de Les nuits de Saturne, chez Sarbacane.
Résumé de l’éditeur :
Au départ, il y a deux êtres que tout oppose, qui n’auraient jamais dû se rencontrer et encore moins s’aimer. D’un côté, Césaria, jeune homme paumé perché sur de hauts talons, qui se transforme peu à peu en femme et qui se prostitue. De l’autre, Milan Klovisevitch, dit Clovis, roi déchu et ancien braqueur, tout juste sorti de prison. Dix ans de taule et la vengeance à venir pour seule nourriture. Mais avant la vengeance, il y aura la rencontre, et une passion qui ne s’explique pas.

Case Départ avait été enthousiasmé par Rouge Karma (avec Eddy Simon, Sarbacane), une folle enquête en Inde, lauréate du Prix SNCF du Polar 2015 à Angoulême. Voici le nouvel album de Pierre-Henry Gomont, un beau roman graphique noir et sombre, bien adapté et intelligent. Il faut souligner que les deux personnages principaux imaginé par le romancier Marcus Malte sont forts. D’un côté, Césaria, un travesti qui travaille comme serveur au Vendôme, un club branché, où il vend aussi ses charmes à la clientèle. Alors qu’il a toujours voulu être une femme, il croise la route de Clovis, un malfrat, sortant juste de prison et qui cherche à récupérer le pactole qui lui a valu 10 ans d’emprisonnement.

Au cœur de ce beau polar se déroule aussi une romance impossible en ces deux êtres que tout sépare. Comment et pourquoi Clovis se rapproche-t-il de plus en plus de Césaria ? Si le récit de ce bel album nous a moins enchanté que Rouge Karma, il reste la partie graphique de Pierre-Henry Gomont, toujours aussi forte et lumineuse. Avec ses aquarelles, il compose des planches somptueuses qui restituent à merveilles les ambiances de l’histoire.

• Les nuits de Saturne
  
• Auteur : Pierre-Henri Gomont d’après le roman de Marcus Malte
• Editeur: Sarbacane
• Prix: 22.50€
• Sortie: 19 août 2015

Bayou Bastardise

Les éditions Ankama dévoilent le premier volume de Bayou Bastardise de Neyef sur un scénario d’Armand Brard. Ce récit transporte le lecteur au fin fond de la Lousiane, un endroit sale, pauvre et gangrené par la corruption et la drogue. Au milieu de cette mélasse, le Pasteur Riley essaie de purifier les âmes des personnes qui ont perdu la foi, en les transformant en catcheur.

Résumé de l’éditeur :
C’est dans la moiteur des marécages de Louisiane que Neyef et Armand Brard vous embarquent. Danse vaudou, catch dans l’arrière-cour, stress post-trauma et labo clando de méthamphétamine : c’est du 8 Mile dans les marais, du Breaking Bad dans le Sud sauvage. Heureusement il y a la musique. Et forcément, il y a les flingues… « Son of a gun, we’ll have big fun ooon the bayou. »

Le label 619 des éditions Ankama nous réserve toujours de jolies surprises (Freak squeele de Maudoux, la revue Doggybags…). Pour cette publication, la collection invite Armand Brard et Neyef à mettre en lumière leur travail à travers Bayou Bastardise. Ce récit choral plutôt bien écrit, se met en place au fur et à mesure dans ce premier volume intitulé Juke Joint. Si le décor qui sert de toile de fond plonge directement le lecteur dans la moiteur et la crasse de Peaux-Brumes, un lieu perdu de la Louisiane, le point fort est à mettre au crédit de la galerie de personnages vantards et à la psychologie trouble et dérangée : Riley, un pasteur qui évangélise par le catch ou Eddie et Tee-Beau deux frères crétins qui aiment la baston. Tous ces cabossés de la vie se croisent mais pour l’instant on ne sait pas trop comment et ni pourquoi… Trop nombreux, pas assez lisibles, voilà les quelques réticences de ce premier tome.

Car en ce qui concerne la partie graphique, Neyef atteint son but. Son trait influencé par les comics mais aussi les mangas (One Piece : les visages aux grands yeux ou les scènes de combat) est d’une réelle valeur. Parfait pour le Label 619, le dessin de ce jeune auteur (Dofus Monster Firefoux en 2009) nous a tapé dans l’œil. A suivre !

• Bayou bastardise, tome 1 : Juke joint
  
• Scénariste : Armand Brard
• Dessinateur : Neyef
• Editeur: Ankama, collection Label 619
• Prix: 14.90€
• Sortie: 28 août 2015

Trait pour trait

Fidèles à l’œuvre de Sergio Toppi (plus d’une trentaine d’albums publiés), les éditions Mosquito proposent Trait pour trait, un très bel ouvrage du maître italien regroupant de nombreux crayonnés ou esquisses.
Résumé de l’éditeur :
Sergio Toppi nous a quitté en août 2012, nous avons voulu lui rendre un hommage en révélant au public un choix de ses innombrables esquisses et crayonnés et en publiant les eaux-fortes qu’il réalisait en vacances pour son propre plaisir personnel. L’écrivain et poète Jean-Louis Roux éclaire de ses réflexions la démarche du grand artiste disparu.

A travers les 160 pages, Mosquito nous propose donc des dessins, esquisses et crayonnés de Toppi. Pour mettre en perspective ces travaux, elles ont fait appel au journaliste Jean-Louis Roux. D’emblée, il souligne que ces différentes œuvres ne peuvent pas être datées exactement puisqu’elles furent créées pendant les soixante années de la carrière de l’auteur italien ainsi que de les classer. L’auteur a donc choisi de les présenter par thèmes. Il explique aussi que les supports utilisés sont étonnants (puisqu’il a pu illustrer sur tout ce qui lui tombait sous la main) : revers de fax, relevés de banque ou papier à lettres… mais aussi les outils : crayons de papier, crayons de couleur, stylos bille ou feutres.

Voici les thèmes de l’ouvrage :

– premiers dessins avec un très bel autoportrait
– les studios Pagot (1957) : esquisses pour dessins animés
– un nombre important de dessins à la plume dans les années 60
– une série sur la préhistoire
– des paysages en Jordanie, en Irlande…
– l’Afrique
– des femmes avec des profils ou des nus
– pirates
– far west
– des oiseaux qui accompagnent des êtres humains
– eaux fortes (procédé de gravure en creux sur une plaque métallique à l’aide d’un acide).

Afin d’appréhender au mieux le travail de Sergio Toppi, Jean-Louis Roux invite le lecteur a quelques explications dans une préface, puis à l’aide de textes explicatifs à côtés des illustrations. Il dévoile ainsi que l’auteur aimait avant tout dessiner en noir et blanc et que les premières mises en couleurs furent délicates. Il souligne aussi que l’auteur italien lisait peu d’albums BD et qu’il vouait une admiration aux grands illustrateurs.

• Trait pour trait, croquis, esquisses et eaux fortes
  
• Auteur: Sergio Toppi
• Textes : Jean-Louis Roux
• Editeur: Mosquito
• Prix: 25€
• Parution: 4 septembre 2015

Le huitième jour

En plus de l’intégrale de Rocco Vargas, les éditions La boîte à bulles publient aussi celle du Huitième jour, un recueil de huit histoires signées Daniel Torres.
Résumé de l’éditeur :
En 6 jours, Dieu créa le monde et l’homme. Il bénit le septième jour et le sanctifia car il se reposa. Mais le huitième jour, Dieu s’ennuya. Il donna donc forme au diable et lui ordonna d’inventer et de lui raconter chaque jour une nouvelle histoire pour le distraire. Ainsi fut le huitième jour. Cette intégrale, réunissant plusieurs histoires courtes d’une grande finesse, a reçu le Prix de la meilleure BD au Salon International de la BD à Barcelone, en 1993.

Dans cette belle intégrale du Huitième Jour, le talentueux Daniel Torres a imaginé huit récits très différents dont le point commun sont deux personnages très smart qui les introduisent : La ville en flamme, Les rois, Le cœur fugitif, Le terrible pirate, Noir est l’hiver, La ballade de Rosa de Espana, La peau du chasseur et Pictura est. Tels les huit jours où dieu créa le monde, l’auteur espagnol décline des histoires s’y rapportant : le premier jour la lumière fut, les étoiles le 2e, le 3e les arbres et les plantes, le 4e il fut créé la lune et le soleil, le 5e les animaux, le 6e jour l’Homme, le 7e il lui donna tous les pouvoirs et le dernier, il se reposa.

Une très belle façon de (re)découvrir l’œuvre de Daniel Torres, un auteur très en vue dans les années 80.

• Le huitième jour, l’intégrale
  
• Auteur: Daniel Torres
• Editeur: La Boîte à Bulles
• Prix: 12€
• Parution: 19 août 2015

Cercle intime

(album pour adultes)

Les éditions Tabou BD dévoilent le deuxième volet de Cercle intime, un album pour adulte mettant en scène quatre jeunes adultes entre amitié et sexe.
Résumé de l’éditeur :
Décidément Atilio Gambedotti aime les histoires entre potes! Avec cette nouvelle série à tiroirs, il remet le couvert des tranches de vies sexuellement incorrectes entre amis. Cercle intime est une série de petites histoires qui content les aventures érotiques, affectives, et relationnelles d’Adrien, Claire, Rachel, Joshua et de leurs fréquentations.

Comme pour le précédent volume, Atilio Gambedotti livre une histoire plutôt bien écrite, coquine, aux scènes explicites mettant en scène les quatre amis, le tout découpé en petit chapitre court. Adrien rêve toujours de faire l’amour avec Claire, celle qu’il convoite en secret, de son côté Rachel succombe aux avances du père de son amie et même de sa mère. C’est simple, déluré et bien dessiné. Le trait de l’argentin est d’une belle modernité, mettant en lumière les visages juvéniles des femmes et leurs courbes généreuses.

• Cercle intime, volume 2
  
• Auteur: Atilio Gambedotti
• Editeur: Tabou BD
• Prix: 15€
• Parution: 7 septembre 2015