11 décembre 1914. CUTRY (Aisne) près de Coeuvres.
Les prévisions étaient exactes.
Nous voici une fois de plus sur les routes…
Cette nuit à 1h le médecin-chef vient me réveiller : « Partez dès le petit jour pour Ambleny. Vous aiderez les médecins du premier bataillon à hâter la vaccination antityphique. – Pourquoi, M’sieu le major ? – Parce qu’on fout le camp. » (Le médecin-chef du régiment parle comme mon ordonnance…)
Je plie mes bagages.
J’enfourche ma bicyclette.
Et dans le tout petit jour froid et bruineux je quitte Courmelles…
Courmelles – Ambleny, 18km. Vaccination.
Après la vaccination, je vais faire visite aux batteries de 9O installées au nord d’Ambleny au lieu dit : le Marais.
Ils tirent comme des diables, ces vieux petits canons : chacun habite une maison de terre d’où l’on ne voit sortir que son museau noir…
Ils sont repérés et chaque jour ils reçoivent la visite d’une vingtaine de 77 et de 105 allemands. Au moment où je les quitte, les visiteurs boches commencent d’arriver… Le premier brise net un superbe peuplier et son hurlement fait s’envoler deux beaux piverts…
Je retrouve mon bataillon à quelques kilomètres de là, à Cutry, petit village situé près de Saint-Pierre l’Aigle, dans un joli croisement de vallées. Nous y cantonnerons jusqu’à demain soir et
demain soir nous irons occuper des tranchées sur la rive droite de l’Aisne, au nord-est de Vic-sur-Aisne.