27 janvier 1915. Courtieux
Après 45 jours de tranchées, (c’est le record) mon bataillon est envoyé au repos à Courtieux sur la rive gauche de l’Aisne.
Quel repos ! Moral surtout. C’est merveilleux. Nous sommes comme des enfants en vacances. La guerre nous apparaît soudain comme une chose lointaine. Nous allons nous promener, pendant que le loup-gris n’y est pas, dans les bois des environs. Là, les arbres sont intacts, les primevères fleurissent, les noisetiers agitent au vent leurs petites chenilles vertes. Dans les champs, on voit des bœufs tirer la charrue. Dans les fermes il y a des poules, et qui pondent. Banalités qui sont pour nous de magiques nouveautés. Respirer ! Ah ! respirer librement. Quelle joie doit donc être celle du prisonnier libéré !