Le jeudi 4 mars 1915
Je quitte ma compagnie à 5 h et demie avec le caporal Guillon pour aller au cours de Bellefontaine où nous arrivons à 17 h, en passant par Le Claon, Les Islettes, Les Sénades et Futeau. Il y a deux caporaux par compagnie, soit 24 pour le 131ème. Il y en a de la 9ème Division (131 – 113 – 4 – 82[èmes régiments]) et d’une division coloniale (5 – 6 – 22 – 33[èmes régiments]). Nous logeons par régiment dans des greniers. Il y a presque tous les habitants dans le village.
Le vendredi 5 mars 1915
Nettoyage des armes et revue le matin. Exercice le soir. Le colonel de Galembert, commandant le 313ème, dirige le cours avec un capitaine et un sous-lieutenant.
Le samedi 6 mars 1915
Exercice matin et soir.
Bellefontaine (Meuse) le samedi six mars 1915 – 13 heures
Mon cher père,
Je mène en ce moment la vie de caserne, exercice matin et soir, revues, repas réguliers, repos toutes les nuits. Je trouve cela très bon en comparaison de la vie de tranchées pleine de souffrance et de dangers.
Dans ce petit village situé à 5 km en arrière des Islettes, nous n’entendons plus la fusillade, nous entendons tout juste le roulement du canon quand ce sont les grosses pièces qui tirent. En même temps que le repos du corps, c’est en même temps un repos moral.
Le réveil est à 6 h 30, et le départ pour l’exercice à 7 h 30, retour à 10 h 30, déjeuner, départ à 13 h, retour à 16 h 30, dîner à 17 h 30, et ensuite repos toute la nuit. C’est à peu près l’emploi du temps de tous les jours.
Il y a ici de quoi s’approvisionner en épicerie. Je mange du pain blanc tous les jours et il y a du vin partout. Je vais pouvoir me retaper quoique je ne sois pas en mauvais état.
Nous serons ici jusqu’au 20 mars pour le moins, ce sera toujours autant de mauvais temps de passé.
Le temps est moins froid mais toujours couvert et un peu humide.
Je n’ai pas d’autres nouvelles à vous annoncer pour le moment.
Je vous souhaite bonne santé et vous embrasse de tout cœur.
Votre fils ‑ H. Moisy